Æthelflæd, la Dame des Merciens

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Yves Palisse
publié le 07 mars 2018
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Disponible dans ces autres langues: anglais, afrikaans, espagnol
Aethelflaed (by Anonymous, Public Domain)
Æthelflaed
Anonymous (Public Domain)

Æthelflæd (r. de 911 à 918) était la fille aînée du roi de Wessex Alfred le Grand (r. de 871 à 899) et devint reine de Mercie à la mort de son mari Æthelred II, Seigneur des Merciens (r. de 883 à 911). Elle est surtout connue pour être la 'Dame des Merciens' qui sut vaincre les Vikings et établir les bases d'une domination anglaise ensuite consolidée par son frère Édouard l'Ancien (r. 899-924) et qui servira de fondement au règne du premier souverain officiellement reconnu comme roi des Anglais, Æthelstan, roi des Anglo-Saxons de 924 à 927 et roi des Anglais de 927 à 939.

Æthelstan est reconnu par les historiens postérieurs à son règne comme un personnage clé de l'histoire britannique en ce qu'il sut réduire les derniers bastions vikings, centraliser le gouvernement et faire de la Grande-Bretagne une puissance à part entière sur la scène politique européenne. Toutefois, il est probable que sans l'influence d'Æthelflæd de Mercie, son règne n’aurait jamais connu le même degré de réussite.

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En effet, elle gouverna son royaume avec une telle efficacité que son règne éclipsa celui de certains de ses contemporains, comme son frère Édouard l'Ancien, dans le Wessex. En outre, de son vivant, elle semblait jouir de plus de respect encore que son illustre père. À ses débuts, Æthelflæd se contenta de poursuivre les politiques initiées par Alfred, en accord avec Æthelred, mais après la mort de son mari elle règna seule et mit en place les politiques et les pratiques qui permirent de limiter la puissance des Danois en Grande-Bretagne et de rassembler le pays sous la bannière d'Édouard, et plus tard d'Æthelstan.

Jeunesse et guerre contre les Vikings

Il ne fait guère de doute que les enfants d'Alfred furent élevés dans une atmosphère de piété, d'érudition et de dévouement à la famille et à la patrie, autant de traits caractéristiques du roi lui-même.

On ne sait rien de la jeunesse d'Æthelflæd et elle n'apparaît dans les manuels d'histoire qu'à l'âge de 15 ou 16 ans, à l'occasion de son mariage avec Æthelred. D'après la date approximative de son mariage, il est probable qu'elle soit née en 870 ou 871. Selon la chercheuse Joanna Arman (32), son nom signifie très probablement 'débordant de noblesse'. Si le préfixe 'Æthel' signifie 'noble', la signification de 'flæd', toujours selon Arman, n'est pas claire mais 'pourrait signifier quelque chose comme `inondation', ou quelque chose qui déborde.' (32). Son nom a également été traduit par 'noble beauté'.

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La mère d'Æthelflæd s'appelait Ealhswith. Il s'agissait d'une femme de la noblesse mercienne. Ealhswith était issue d'une longue lignée de nobles merciens, tout comme le père d'Æthelflæd, Alfred, était un descendant de la lignée royale du Wessex. Les sources citent régulièrement Æthelflæd comme étant la fille aînée d'Alfred, mais on ignore si elle était aussi l'aînée de ses enfants. Son frère, Édouard, semble toutefois avoir été plus jeune qu'elle.

Il ne fait cependant guère de doute que les enfants d'Alfred furent élevés dans une atmosphère de piété, d'érudition et de dévouement à la famille et à la patrie, autant de traits caractéristiques du roi lui-même. Arman note que les jeunes femmes qui se consacraient à l'église et renonçaient au monde recevaient une bonne éducation, mais que 'certaines allusions indiquent que les cinq enfants d'Alfred, y compris ses deux filles, qui n'étaient pourtant pas promises à l'église, bénéficièrent tous d'une solide éducation. ' (74).

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Tout comme son frère Édouard, il se peut qu'Æthelflæd ait reçu les enseignements d'un précepteur. Au demeurant, de nombreux détails de son règne et de sa vie de cour ultérieurs révèlent qu'elle était indubitablement instruite et cultivée. Il est toutefois peu probable qu'Alfred lui-même ait passé beaucoup de temps auprès de sa fille car tout au long de son enfance, il fut continuellement occupé à repousser les incursions des Vikings dans le Wessex.

Statue of Aethelflaed
Statue d'Æthelflæd
Elliot Brown (CC BY)

C’est en 793 que les Vikings firent leur première apparition en Grande-Bretagne. Ils débarquèrent sur la côte et mirent à sac le prieuré de Lindisfarne, massacrant les moines et pillant tout ce qui avait de la valeur. À partir de ce moment-là, la Grande-Bretagne serait à la merci de ces pillards venus de la mer qui frappaient sans prévenir, massacraient sans discernement et pillaient à leur guise.

Le temps qu'Alfred devienne prince et commandant militaire, vers 865, ces raids s'étaient transformés en invasions à grande échelle sous la direction d'habiles combattants comme Halfdane (865-877) et son frère Ivar le Désossé (vers 870). Ce sont précisément ces deux chefs qui dirigèrent en 865 l'invasion de masse menée par la Grande Armée, qui se révéla invincible, faisant tout plier devant elle et soumettant à sa loi toutes les régions qu'elle traversait.

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Alfred et son frère, Æthelred de Wessex (r. de 865 à 871), affrontèrent les Vikings à Reading et furent défaits, mais lors de la bataille d'Ashdown en janvier 871, leurs forces combinées chassèrent les Vikings du champ de bataille et prouvèrent les compétences tactiques d'Alfred. Cependant, sa victoire ne mit pas fin aux incursions des Vikings et, ensuite vaincu, il se vit contraint à se cacher pour survivre.

L'exil d'Alfred et le Mariage d'Æthelflæd

En 886, Alfred chassa les Vikings de Londres et sécurisa la ville. Peu après, il organisa le mariage entre sa fille aînée et le roi de Mercie, Æthelred.

Il n'est pas certain qu'Æthelflæd ait accompagné son père en exil. Les sources - qui ne traitent que du roi et non de sa famille - précisent seulement qu'Alfred voyageait en secret, et fréquemment déguisé, avec une suite réduite. Il fut acculé à cette situation par un raid du chef de guerre viking Guthrum (mort vers 890) sur Chippenham en 878 qui le prit, lui et son armée, complètement au dépourvu.

Alfred et sa famille étaient en train de fêter Noël à Chippenham lorsque l'assaut fut lancé et, comme aucun de ceux qui ne parvinrent à fuir n'échappèrent à la mort ou à l'esclavage, il est plus que probable qu'Alfred ait entraîné sa famille avec lui dans sa fuite.

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Après quelques mois passés à se cacher et à mener des actions de guérilla contre les colonies vikings, Alfred réussit à mobiliser une armée importante et à vaincre les Vikings de Guthrum à la bataille d'Eddington en mai 878. Ce fut l'engagement décisif qui donna à Alfred le pouvoir de dicter enfin ses conditions à ses adversaires qui, jusqu'à présent au cours de son règne, avaient toujours eu le dessus. Guthrum et trente de ses chefs se convertirent au christianisme et dans le cadre du traité de paix, ils jurèrent de ne plus jamais prendre les armes contre le Wessex.

Bien que les Vikings aient tenu parole et soient restés à l'écart du Wessex, le traité ne stipulait nullement qu'ils devaient quitter la Grande-Bretagne ; ils sont donc restés et en profitèrent pour fortifier les colonies déjà établies en Northumbrie, en Est-Anglie et en Mercie. En 886, Alfred chassa les Vikings de Londres et sécurisa la ville. Peu après, il organisa le mariage entre sa fille aînée et le roi de Mercie, Æthelred.

Mariage et naissance d'Aelfwynn

Bien qu'il soit parfois affirmé que le mariage d'Æthelflæd avait été arrangé pour garantir une alliance entre le Wessex et la Mercie, ceci est inexact. Les deux régions étaient déjà alliées du fait du mariage d'Alfred et d'Ealhswith contracté plusieurs décennies auparavant, et Æthelred avait déjà accepté Alfred comme son souverain dès avant 886. Il est plus juste de dire que ce mariage représentait une démonstration d'unité par laquelle non seulement chaque région renouvellait son engagement envers l'autre, mais aussi par laquelle elle démontrait clairement sa puissance aux Vikings.

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Æthelred avait au moins dix ans de plus qu'Æthelflaed et avait probablement été fiancé à elle très tôt. Il avait accepté Alfred comme son suzerain dès 883, après la victoire d'Alfred à Eddington. Æthelred est présenté comme un grand guerrier chrétien qui combattit les Vikings païens, mais rien ne permet de savoir comment il devint roi de Mercie. Quoi qu'il en soit, il contrôlait la région dans les années 880 et était déjà un puissant seigneur de la guerre au moment de son mariage.

St Oswald's Priory, Gloucester
Prieuré de St Oswald, Gloucester
Philip Halling (CC BY-SA)

Æthelred et Æthelflæd commencèrent leur règne dans la ville de Gloucester, non loin du Wessex, et à proximité des domaines de sa famille. Bien que les traditions romantiques ultérieures aient par la suite caractérisé leur union comme un mariage de convenance sans amour, il n'existe aucune preuve permettant de confirmer cette thèse. Ils eurent une fille, Ælfwynn, nommée pour la première fois sur une charte foncière en 903, mais qui n'était alors pas assez âgée pour la signer en tant que témoin légal. Elle vit peut-être le jour peu de temps après le mariage mais sa date de naissance est inconnue. William de Malmsbury, dont les écrits sont postérieurs, affirme que la naissance d'Ælfwynn fut presque fatale à Æthelflæd, ce qui la décida à prendre des mesures afin de s'assurer de ne plus avoir d'enfants.

Æthelred et Æthelflæd

Æthelred et Æthelflæd travaillèrent de concert avec Alfred de Wessex et reproduisirent son système de défense par les burhs, qui permettait aux villes ainsi fortifiées de se voir facilement renforcées par d'autres burhs situés à une journée de marche environ, ainsi que sa politique en matière d'éducation. Suivant en celà l'exemple d'Alfred, ils invitèrent des hommes de science d'autres pays en Mercie afin d'enseigner le latin à leurs clercs et de développer d'autres objectifs pédagogiques. Aussi, ils restaurèrent, améliorèrent et reconstruisirent les villes et les villages qui avaient été endommagés ou détruits pendant les guerres des Vikings.

La paix qu'Alfred avait arrachée aux Vikings à Eddington, puis à Londres, ne représenta cependant qu'un répit de courte durée dans la lutte entre le peuple de Grande-Bretagne et les envahisseurs scandinaves. En effet, bien que la période suivante ait été un peu moins éprouvante, les raids vikings et les heurts entre les colons vikings et les autres n'en continuèrent pas moins à se produire, et en 892, la situation s'aggrava encore lorsqu'un nouveau groupe de pillards vikings arriva sous la direction de l'aventurier viking Hastein (également appelé Hasting). Alfred et Æthelred livrèrent plusieurs fois bataille à Hastein à partir de 892 jusqu'à l'an 896, à partir duquel on n'entend plus jamais parler de lui. Il est possible qu'il ait été tué au combat, mais cela ce serait probablement su ; l'hypothèse la plus vraisemblable est qu'il ait quitté la Grande-Bretagne ou qu'il soit mort de causes naturelles.

Le roi Alfred mourut en 899 et son fils Édouard lui succéda. Édouard envoya son fils, Æthelstan, à la cour de Mercie en 900 pour être élevé par Édouard et Æthelflæd aux côtés de leur fille. Æthelstan restera en Mercie pendant ses jeunes années, sera éduqué à la cour avec sa cousine Ælfwynn, et gagnera plus tard en expérience militaire lors de campagnes où il accompagnera d'Æthelred puis d'Æthelflæd.

England Around 910 CE
L'Angleterre vers 910
Philg88 (CC BY-SA)

Le roi et la reine de Mercie étaient de grands protecteurs de l'église et dotèrent généreusement différents prieurés et églises de sommes d'argent considérables. Ils dépêchèrent même un détachement armé en territoire hostile à seules fins de récupérer les ossements de Saint Oswald - le pieux roi de Northumbrie qui avait jadis fondé le prieuré de Lindisfarne - et firent spécialement construire un prieuré pour les accueillir à Gloucester. Après leur mort, ils seront tous deux enterrés dans ce même bâtiment, à proximité des reliques du saint.

Ils se montrèrent particulièrement généreux envers l'église de Worcester qui, en retour, accepta de prier pour eux et de leur consacrer des offices liturgique, ou du moins des psaumes, pour leur rendre hommage et pour les maintenir en bonne santé. En dépit de ces prières, vers 902, Æthelred fut frappé d'une maladie qui semble l'avoir rendu invalide. Cette maladie s'aggrava au cours des années suivantes et, pendant cette période, Æthelflæd règna effectivement seule.

La bataille de Chester

Les sources concernant cette époque font fréquemment référence à la maladie d'Æthelred et indiquent clairement que c'était lui qui détenait le pouvoir exécutif en Mercie. L'histoire la plus célèbre provient des Annales irlandaises et raconte comment, en 907, un Viking norvégien nommé Ingimund arriva d'Irlande avec ses troupes demander à 'Æthelflæd, reine des Saxons, car son mari Æthelred était malade à cette époque', un endroit où il pourrait s'installer en toute paix et tranquillité (170). Étant donné la maladie d'Æthelred, il semble que la préparation du plan de bataille qui devait sauver la ville de Chester ait été le fruit du travail d'Æthelflæd.

Étant donné la maladie d'Æthelred, il semble que la préparation du plan de bataille qui devait sauver la ville de Chester ait été le fruit du travail d'Æthelflæd.

Æhelflæd lui accorda des terres près de la ville de Chester mais, après y avoir installé son peuple, il remarqua qu'il y avait des régions beaucoup plus intéressantes autour des terres qu'on lui avait accordées. En conséquence, il alla se plaindre auprès des Danois et des Norvégiens voisins du fait qu'il estimait qu'on lui avait donné trop peu alors qu'il méritait beaucoup plus, et se mit à ourdir un plan pour prendre Chester par la force.

Tout au long de cette histoire, Æthelred est mentionné à plusieurs reprises comme étant 'malade', 'très malade' ou 'malade et moribond' (171-173). Des messagers arrivèrent à la cour pour informer la reine du plan d'Ingimund et, même si Æthelred est cité comme ayant participé à la réponse, il semble que ce soit bel et bien Æthelflæd qui ait préparé le plan de bataille qui sauva la ville.

Dans un premier temps, elle rassembla une grande armée, puis ordonna aux habitants de Chester de déployer les troupes à l'extérieur de la ville et de combattre avec les portes ouvertes. À l'intérieur des remparts de la ville, une troupe de cavalerie beaucoup plus importante serait stationnée et, au signal convenu, les troupes combattant à l'extérieur devraient céder devant les Vikings et battre en retraite vers les portes ouvertes, d'où la troupe de cavalerie serait lâchée sur les envahisseurs.

Au même moment, Æthelflæd écrivait aux Irlandais qui s'étaient alliés à Ingimund et s'adressa à eux comme à des amis, victimes de leur ennemi commun. Elle leur demandait pourquoi ils se battaient dans les rangs de ceux qui avaient envahi leur pays contre son peuple qui ne leur avait jamais fait de mal et suggérait en outre aux chefs militaires irlandais de demander aux Vikings quelles seraient leurs récompenses en terres et en biens pour avoir risqué leur vie pour une cause qui n'était pas la leur. Sa démarche fut couronnée de succès et, juste avant ou pendant la bataille, les Irlandais changèrent de camp.

La défense de Chester fonctionna presque comme Æthelflæd l'avait prévu. Les défenseurs battirent en retraite et la cavalerie massacra les Vikings qui les poursuivaient. Les attaquants refusèrent cependant d'abandonner la partie et la bataille se prolongea tandis que les habitants de Chester défendaient la ville en déversant de la bière bouillante sur les Vikings depuis les remparts. Comme les Vikings cherchaient à se protéger de leurs boucliers, les défenseurs leur jetèrent à la tête des ruches d'abeilles tout en continuant à les ébouillanter avec de la bière jusqu'à ce que l'attaque soit abandonnée et la ville sauvée.

Miniature of Aethelflaed
Miniature d'Æthelflaed
Unknown (Public Domain)

La Dame des Merciens

Æthelred mourut en 911 sans héritier mâle et Æthelflæd devint alors seule souveraine avec le titre de 'Dame des Merciens'. Dans La vie du roi Alfred d'Asser (écrite vers 893), l'auteur s'étend longuement sur la coutume du Wessex qui interdisait à une femme de siéger en tant que reine aux côtés d'un roi, à cause d'une ancienne reine qui avait abusé du pouvoir que lui conférait sa position. En revanche, en Mercie, la reine jouissait depuis longtemps d'un grand respect, même si aucune femme n'avait encore jamais régné seule sur le royaume. Le fait qu'il n'y ait aucune trace de contestation à son accession au trône tend à prouver l'étendue du prestige dont jouissait Æthelflæd.

Peu après la mort d'Æthelred, son frère Édouard lui prit, ou reçut de sa part, Londres et les terres limitrophes. Cette transaction a été interprétée par certains historiens ultérieurs comme la preuve de l'existence d'un arrangement par lequel Édouard aurait ainsi reconnu la légitimité du règne d'Æthelflæd. À partir de ce moment-là, Édouard et Æthelflæd ne cessèrent de travailler ensemble à l'agrandissement du système de burhs de leurs deux régions ainsi qu'à à leur jonction en un réseau de défense plus resserré.

Arman note 'qu'ils dirigèrent occasionnellement des armées ensemble afin de dégager leur chemin de tout Viking' (160). D'après Arman, Édouard construisait ses burhs pour démontrer son autorité royale et sa force militaire, tandis qu'Æthelflæd avait un objectif différent en tête :

Æthelflæd semble avoir affirmé son autorité seigneuriale en s'assurant de la bonne défense de son royaume. Par conséquent, ses nouveaux burhs étaient plus que de simples structures défensives ; ils étaient également conçus comme des villes. À l`intérieur des enceintes de nombreux burhs, les rues étaient tracées au cordeau, à la manière de la Rome antique, avec quatre rues principales entrecroisées du nord au sud et d'est en ouest, ainsi que des rues secondaires plus petites qui s`y raccordaient. La population était encouragée à s'y installer, et les hommes qui servaient dans leur garnison ont peut-être reçu des parcelles de terrain, ou 'burgage', à l'intérieur de la ville, où ils avaient le droit de s'installer avec leur famille. (162)

Æthelflæd supervisa personnellement la construction de ces burhs entre 912 et 917 tout en repoussant les attaques des Vikings et en prenant en charge le gouvernement de la Mercie. En 909, Édouard avait lancé une offensive dans le Danelaw au cours de laquelle les soldats mirent à sac des villages entiers et en massacrèrent les populations pendant plus d'un mois. En représailles, les Vikings assaillirent la Mercie.

En 916, un abbé du nom d'Ecgberht fut assassiné avec ses compagnons alors qu'ils faisaient probablement partie d'une mission diplomatique mercienne au Pays de Galles. Arman, citant la Chronique anglo-saxonne, écrit : 'La réponse d'Æthelflæd fut rapide, décisive et impitoyable. En moins de trois jours, nous dit-on, elle avait levé une armée et la dirigeait vers le Pays de Galles.' (191).

En 917, elle prit à nouveau la tête de ses troupes pour une campagne contre les Danois de Derby et remporta la victoire. L'année suivante, elle marcha sur Leicester qui se rendit sans combattre. Tous ces succès suffirent à convaincre les Danois de York de se soumettre pacifiquement à son autorité. Les dirigeants de la cité de York se préparaient à une reddition officielle lorsqu’Æthelflæd mourut à Tamworth, probablement d'une attaque cérébrale, le 12 juin 918.

Aethelstan
Æthelstan
Corpus Christi College, Cambridge (Public Domain)

Postérité

Sa fille Ælfwynn lui succéda, mais seulement pour quelques mois avant d'être destituée par Édouard qui rattacha la Mercie au Wessex afin d'unifier les deux nations sous son autorité. Édouard fit venir Ælfwynn dans le Wessex, mais on ignore ce qu'il advint d'elle par la suite. Les Merciens s'opposaient à la domination du Wessex et il semble probable qu'Édouard ait placé son fils Æthelstan - qui était alors plus un prince de Mercie que du Wessex - comme médiateur à cette époque. À la mort d'Édouard en 924, son fils issu d'un second mariage, Ælfweard, lui succéda mais mourut après seulement 16 jours de règne.

Æthelstan fut alors proclamé roi par les Merciens, puis accepté à contrecœur par la noblesse du Wessex en tant que roi des Anglo-Saxons avant d'être finalement reconnu comme le premier roi du peuple anglais. Au nombre de ses premières réussites figure la finalisation de l'œuvre commencée par Æthelflæd, avec la conquête de la ville de York et l'unification de l'Angleterre sous un seul souverain en 927.

Æthelstan grandit à la cour de son oncle et de sa tante en Mercie. Son éducation fut entièrement placée sous leur responsabilité et, selon toute vraisemblance, elle incomba davantage à Æthelflæd qu'à son mari. Les grandes réussites d'Æthelstan en matière d'éducation, de législation, de politique étrangère et de grands projets de construction auraient toutes été influencées par ses premières années à la cour de Mercie.

Deux siècles plus tard, les historiens parleront d'Æthelflæd comme d'une grande souveraine, bien plus que d'Édouard ou même d'Alfred le Grand, et reconnaîtront son influence sur le prince qui deviendra le plus grand roi de son époque. Ces mêmes historiens, notamment Guillaume de Malmsbury, reconnaissent également l'importance d'Æthelflæd en tant que femme qui sut diriger son royaume avec une grande efficacité en période de crise et laissa un héritage durable à son peuple, non seulement de par son influence sur son neveu, mais surtout de par ses propres accomplissements.

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Traducteur

Yves Palisse
Linguiste passionné d'Histoire, Yves P Palisse est un traducteur indépendant possédant des années d’expérience dans les domaines de la traduction, de l’analyse des médias et du service à la clientèle. Après avoir beaucoup voyagé dans toute l'Europe, Il a fini par poser ses bagages à londres en 1999. Il a une passion pour les sciences humaines, le droit et la justice sociale.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2018, mars 07). Æthelflæd, la Dame des Merciens [Aethelflaed, Lady of the Mercians]. (Y. Palisse, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16851/aethelflaed-la-dame-des-merciens/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Æthelflæd, la Dame des Merciens." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. modifié le mars 07, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16851/aethelflaed-la-dame-des-merciens/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Æthelflæd, la Dame des Merciens." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 mars 2018. Web. 25 avril 2024.

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