Olympia Fulvia Morata

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
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Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais
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Portrait of Olympia Fulvia Morata (by Unknown Artist, Public Domain)
Portrait d'Olympia Fulvia Morata
Unknown Artist (Public Domain)

Olympia Fulvia Morata (1526-1555) était une érudite, une poétesse et une écrivaine italienne qui chercha à faire progresser la Réforme protestante en Italie. Elle était considérée comme l'une des plus grandes érudites classiques de son temps, mais la reconnaissance professionnelle lui a été refusée parce qu'elle était une femme, bien que ses œuvres soient aujourd'hui très appréciées.

Son père, Fulvio Pellegrino Morato (1483-1548), était un érudit attaché à la maison noble des d'Este à Ferrare et encouragea l'éducation de ses enfants. Olympia fit preuve d'un talent exceptionnel pour les langues et parlait couramment le grec et le latin à l'âge de 12 ans. Elle fut alors choisie comme compagne de la jeune princesse Anna d'Este (1531-1607). Vers 1546, Olympia se convertit à la vision protestante et tomba en disgrâce à la cour après le mariage et le départ d'Anna d'Este.

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En 1550, Olympia épousa le médecin allemand Andreas Grundler (c. 1518-1555) et s'installa avec lui dans sa ville natale de Schweinfurt, en Bavière. Grundler soutenait et encourageait ses activités intellectuelles, ses traductions et ses publications, et Olympia correspondait librement avec les réformateurs Martin Luther (1483-1546), Philippe Melanchthon (1497-1560), Jean Calvin (1509-1564) et Matthias Flacius (1520-1575), entre autres, dans son latin courant.

Comme d'autres femmes intellectuelles et écrivains de la Réforme telles que Argula von Grumbach (1490-vers 1564), Katharina Zell (1497-1562) et Marie Dentiere (c. 1495-1561), Olympia n'a pas été reconnue à sa juste valeur en raison de son sexe, mais elle a clairement fait savoir, dès son plus jeune âge, qu'elle poursuivrait ses intérêts littéraires et philosophiques aussi librement que n'importe quel homme. Elle perdit la quasi-totalité de ses œuvres lors du siège de Schweinfurt (1553-1554) et se réfugia à Heidelberg où elle mourut, peut-être de la peste, en 1555.

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Vers 1546, Olympia se convertit à la vision protestante.

Son mari envoya les œuvres qui lui restaient au savant humaniste Celio Secondo Curione (1503-1569), un ami de la famille, qui les publia après sa mort, en même temps que ses œuvres et ses lettres. Ces œuvres furent oubliées jusqu'à ce qu'elles ne soient redécouvertes au XVIIIe siècle et popularisées à partir de la fin du XIXe siècle. Olympia Fulvia Morata est aujourd'hui considérée comme l'une des plus grandes érudites, poètes et écrivaines de son temps.

Jeunesse et cour

Olympia Fulvia Morata vit le jour à Ferrare, en Italie, vers le 26 octobre 1526, d'un père très cultivé qui était précepteur à la cour d'Alphonse Ier d'Este, duc de Ferrare (1476-1534) et enseignait à l'université locale. Sa mère s'appelait Lucrezia Gozi Morata, mais on ne sait rien de plus sur elle. Olympia était l'une des cinq enfants d'une famille de trois sœurs (noms inconnus, sauf celui de Vittoria) et d'un jeune frère, Emilio. Leur père les encouragea à faire des études, même si, à l'époque, l'éducation des filles était considérée, au mieux, comme une perte de temps et, au pire, comme une influence corruptrice.

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The Este Castle, Ferrara
Le château d'Este, Ferrare
Massimo Baraldi (CC BY)

À l'âge de 12 ans, elle parlait couramment le grec et le latin, aimait lire la littérature classique et composait ses propres poèmes. L'universitaire Kirsi Stjerna cite un passage de l'un de ses premiers poèmes dans lequel elle se définit comme une érudite et rejette les rôles traditionnels assignés aux femmes:

Jamais une même chose n'a plu aux cœurs de tous,

Et jamais Zeus n'a accordé le même esprit à tous...

Et moi, bien que née femme, j'ai laissé des choses féminines,

Le fil, la navette, les fils du métier et les paniers de travail.

J'admire la prairie fleurie des Muses,

et les chœurs agréables du Parnasse aux deux pics.

D'autres femmes se délectent peut-être d'autres choses.

Ce sont là ma gloire, ce sont là mes délices. (198)

Olympia apprit le grec et le latin (peut-être aussi l'hébreu) auprès de deux frères érudits - Johann et Killian Senf, amis de son père - ainsi qu'auprès de son père et de son ami et érudit Celio Secondo Curione. À un moment donné, son père déplaça la famille à Venise où il enseigna pendant quelques années avant de retourner à Ferrare à la demande du fils et successeur d'Alphonse Ier, Ercole II d'Este, duc de Ferrare (1508-1559) et de son épouse Renée de France (1510-1574). À cette époque, Olympia devint la compagne et la tutrice de la princesse Anna d'Este.

La Réforme en Italie

La Réforme protestante en Italie ne progressa pas comme elle le fit ailleurs en raison de la suppression et de la censure effectives des "nouveaux enseignements" par l'Église à un stade précoce. Le dominicain Jérôme Savonarole (1452-1498), considéré comme un proto réformateur, commença à prêcher contre ce qu'il considérait comme une politique non biblique de l'Église vers 1490. Ses œuvres influenceraient plus tard Martin Luther et Huldrych Zwingli (1484-1531), mais n'auraient pas le même impact dans son propre pays.

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Savonarole fut pendu et brûlé comme hérétique en 1498, mais il sema les graines de la réforme par sa prédication, ses lettres, ses travaux théologiques et son amitié avec Ercole Ier d'Este, duc de Ferrare (1431-1505), père d'Alphonse Ier, qui tenta de sauver Savonarole de l'exécution. Après la mort de Savonarole, les efforts de réforme s'arrêtèrent ou devinrent clandestins jusqu'aux années 1520, lorsque les 95 thèses de Martin Luther et certaines de ses lettres furent traduites en italien. Cependant, même à cette époque, les autorités ecclésiastiques s'empressèrent de saisir la littérature luthérienne, de la brûler et d'exécuter quiconque la distribuait.

Martin Luther at the Diet of Worms
Martin Luther à la Diète de Worms
Emile Delperée (Public Domain)

Ercole II ne partageait pas les sentiments de son grand-père à l'égard de la réforme et restait un fervent catholique, mais sa femme Renée, une intellectuelle qui s'intéressait aux écritures et à la philosophie, recevait à la cour un certain nombre d'érudits et d'écrivains favorables à la réforme, dont Jean Calvin. Renée fut chargée de distribuer l'Institut de la religion chrétienne de Calvin, l'un des ouvrages les plus importants d'un réformateur, et encouragea les débats et les discussions sur la religion. Renée encouragea Olympia et Anna à assister à ces débats et, grâce à eux, Olympia s'intéressa de plus en plus à la lecture des Écritures. Stjerna commente:

Olympia a bénéficié de la vie culturelle de la cour et de son association avec des hommes érudits qui lui ont enseigné et avec ceux qu'elle a rencontrés par l'intermédiaire de son père. Elle a absorbé des connaissances et des influences non seulement dans les livres, mais aussi grâce à des interactions stimulantes avec des personnes érudites intéressées par les nouvelles idées et la réforme religieuse. De plus en plus, les écritures deviennent sa principale source d'intérêt et l'objet principal de son travail. La cour de Ferrare nourrit la vie culturelle et, sous l'aile de la duchesse Renée, elle constitue le centre du cercle des réformateurs et un havre de paix dans lequel les huguenots français persécutés et les autres "dissidents" peuvent se réunir. (199-200)

Vers 1546, Olympia se convertit à la vision protestante, mais dut ensuite quitter la cour et rentrer chez elle pour cause de maladie. Elle revint à la cour pour en repartir lorsque son père tomba malade et resta absente jusqu'à sa mort en 1548. Lorsqu'elle revint, l'esprit d'enquête qui régnait auparavant à la cour avait été supprimé. Anna d'Este avait épousé François, duc de Guise (1519-1563) et s'était installée en France, tandis qu'Ercole II avait lancé l'Inquisition de Rome à Ferrare pour extirper les hérétiques, supprimant les salons intellectuels de Renée. L'ancienne liberté d'Olympia de lire et d'écrire à sa guise était strictement limitée et, comme Anna n'était plus là et que sa présence n'était plus officiellement nécessaire, elle fut largement ignorée, même si, en même temps, comme Renée était soupçonnée d'hérésie, Olympia devint elle aussi suspecte.

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Isolement et mariage

Olympia resta à la cour, voyant peu Renée qui, à ce moment-là, était essentiellement assignée à résidence pour avoir encouragé la réforme (bien qu'elle n'ait pas encore été officiellement accusée d'hérésie) et passait son temps à donner des cours à ses jeunes sœurs et à son frère. Stjerna commente:

Elle écrivit à Curione qu'elle était abandonnée par sa "princesse" et qu'on ne lui permettait même pas de lire l'Ancien et le Nouveau Testament. Elle se sentait "plongée dans l'abîme" et quitta la cour où elle sentait son salut menacé. (201)

On ne sait pas exactement où elle alla après avoir quitté le tribunal, mais elle se concentra sur les études bibliques, mettant de côté sa longue dévotion pour les œuvres de littérature classique. La vision réformée du christianisme en tant que relation vivante, vibrante et personnelle avec un Dieu d'amour lui inspira un intérêt plus grand pour la Bible que pour tout autre ouvrage et elle commença (ou continua) une série de traductions des psaumes, de dialogues religieux et de commentaires sur des sujets religieux, tout en écrivant certaines des lettres qui constituent la majeure partie de son œuvre conservée.

Olympia Fulvia Morata
Olympia Fulvia Morata
Universitätsbibliothek Leipzig (Public Domain)

En 1550, elle épousa le médecin Andreas Grundler de Bavière qu'elle rencontra en 1549 lorsqu'il arriva à Ferrare pour terminer ses études de médecine. Olympia ne comprenant pas grand-chose à l'allemand, on pense qu'ils auraient conversé en latin, la même langue qu'elle utilisait dans sa correspondance. Le mariage était un mariage d'amour, non arrangé à l'avance, et le couple était dévoué l'un à l'autre. Grundler était également protestant mais, contrairement à de nombreux protestants de l'époque, il ne se sentait pas menacé par une femme intellectuelle qui conversait sur des sujets bibliques. Grundler encouragea ses études et ses écrits et lui permit de retrouver la liberté d'expression qu'elle avait connue à la cour de Renée. Stjerna écrit:

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Tout comme ses parents avaient soutenu l'ambition d'Olympia pour l'apprentissage, son mari et l'institution du mariage lui ont assuré une protection continue. La société et l'Église trouvaient que les femmes émancipées et instruites qui évitaient le mariage et échappaient au contrôle masculin étaient les plus troublantes de leur sexe. Il y avait toujours la possibilité que ces femmes intellectuellement indépendantes étendent le domaine de leur auto-contrôle de l'esprit au corps, et cherchent à déterminer elles-mêmes l'ensemble de leur rôle social. À une époque où l'érudition et la chasteté étaient considérées comme incompatibles chez les femmes, et où les femmes savantes non domestiquées représentaient une menace, le rôle d'épouse protestante a peut-être protégé Olympia dans sa "position anormale d'érudite mariée" et ses intérêts. Ce n'était pas nécessairement le cas pour la plupart des femmes, pour qui le mariage signifiait la fin de la poursuite intellectuelle: se marier et étudier n'était pas une combinaison probable pour une femme. Olympia était exceptionnelle à cet égard; exceptionnelle aussi par la passion de sa détermination à devenir une érudite. (202-203)

De nombreuses femmes instruites de l'époque d'Olympia furent confrontées à des difficultés à la maison et à l'hostilité du public à l'égard de leurs travaux. Le mari d'Argula von Grumbach rejeta sa foi protestante et leur mariage fut tendu, tandis que le mari de Marie Dentière semble s'être senti éclipsé par sa femme et, bien qu'il l'ait défendue contre d'autres, on ne sait pas s'il la soutenait. Grundler, en revanche, soutenait pleinement Olympia et l'aidait dans son travail.

Œuvres et évangélisation

Les œuvres d'Olympia comprennent 52 lettres, des traductions de sept psaumes et de parties du Décaméron de Jean Boccace, deux dialogues, onze poèmes, une explication des Paradoxes stoïciens de Cicéron et l'Éloge de Mucius Scaevola. Son travail sur Scævola, le jeune Romain qui aurait défié le roi étrusque Porsena lors du siège de Rome en 508 avant notre ère, met l'accent sur le courage personnel et la souffrance pour une noble cause, deux thèmes qui reviennent dans ses autres œuvres et dans ses lettres.

La renommée d'Olympia repose en grande partie sur ses lettres, qui encouragent les autres dans leur foi et prônent l'activisme dans l'établissement de la Réforme.

Ses dialogues sont dédiés à son amie de toujours, Lavinia della Rovere, et mettent en scène Lavinia dans le rôle de Philotima ("celle qui aime les honneurs") et elle-même dans celui de Theophila ("celle qui aime Dieu") dans un discours encourageant la foi dans le Christ comme l'aspect le plus important de la vie d'une personne. Ces œuvres, qui suivent le modèle classique des dialogues gréco-romains, mettent l'accent sur le courage d'affronter les obstacles, avec la conviction que Dieu rencontrera le croyant à mi-chemin et l'aidera à surmonter tous les défis.

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Cependant, la renommée d'Olympia repose en grande partie sur ses lettres, qui encouragent les autres dans leur foi, exposent des questions théologiques et plaident en faveur de l'établissement de la Réforme en Italie. En 1553, elle écrivit au réformateur Matthias Flacius pour lui demander de traduire les œuvres de Luther en italien et lui proposer son aide. Elle entretint une correspondance avec Anna d'Este et lui écrivit pour lui demander d'intervenir dans la persécution des huguenots de France par son mari. Elle écrivit également à sa sœur Vittoria, à Curione et à d'autres personnes pour discuter des affaires du jour et de l'importance de la dévotion quotidienne pour rester centré dans sa foi.

Anna d'Este
Anna d'Este
Unknown Artist (Public Domain)

Vers 1550, la Réforme s'était enracinée plus solidement en Italie et, bien qu'elle n'y soit jamais devenue la force motrice qu'elle connut en Allemagne et ailleurs, elle attira un nombre important d'adeptes, ce à quoi l'action d'Olympia aurait peut-être contribué (bien que cette affirmation soit contestée). Elle lisait les œuvres de Luther, Calvin et Zwingli, correspondait avec les deux premiers et devint convaincue de la vérité de la prédestination, qui lui assurait que, malgré les apparences contraires, Dieu était toujours aux commandes. Sa foi en l'amour de Dieu et en l'affirmation que tout arrive pour une raison serait mise à l'épreuve à Schweinfurt, comme elle le remarquerait plus tard dans ses lettres, mais elle refuserait d'abandonner Dieu, même lorsqu'il semblerait l'avoir abandonnée.

Schweinfurt et Heidelberg

Olympia, Andreas et Emilio, le frère d'Olympia, arrivèrent à Schweinfurt en 1550. Au cours de leur voyage à travers l'Allemagne jusqu'à leur nouvelle demeure, sa renommée d'érudite la précéda et elle reçut des livres en cadeau de la part d'autres érudits, ainsi que de l'aide pour voyager. Une fois installée à Schweinfurt, Olympia reprit son travail de traduction, enseigna à Emilio la littérature classique et la Bible, et poursuivit sa correspondance quotidienne. Andreas l'assista dans son travail et mit en musique sa traduction des psaumes.

En 1553, Schweinfurt fut envahie par les forces d'Albert Alcibiade, margrave de Brandebourg-Kulmbach (1522-1557), au cours de la deuxième guerre des margraves (1552-1555). Les troupes d'Alcibiade pillèrent la ville et s'enfuirent devant l'armée de Maurice, électeur de Saxe (1521-1553), qui mit le feu à la ville. Olympia et sa famille avaient été réduites à se cacher dans une cave à vin pendant le conflit et s'étaient jointes à d'autres citoyens pour fuir la ville. L'érudite Rebecca VanDoodewaard écrit:

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Les gens se sont pressés aux portes pour fuir, mais ils ont été repoussés. Certains ont fait leurs propres préparatifs funéraires à la maison. D'autres se sont agenouillés, implorant en vain la pitié. D'autres se sont entassés dans l'église pour se mettre à l'abri, mais ils sont morts lorsque le bâtiment s'est effondré dans l'incendie. Olympia et sa famille ont été entraînées dans la foule qui se dirigeait vers l'église où elles auraient dû mourir, lorsqu'un soldat ennemi leur a dit de fuir ou d'être enterrées sous les cendres de la ville. Ils ont quitté leur maison sans rien. (104)

Il semble qu'ils soient partis avec seulement ce qu'ils portaient et quelques manuscrits d'Olympia, mais la plupart de ses œuvres ont été perdues dans l'incendie et celles qu'ils avaient sauvées ont été perdues par la suite. Ils furent accostés à l'extérieur de la ville et Andreas fut retenu contre rançon, mais lorsque Olympia expliqua qu'elle n'avait pas d'argent et qu'ils avaient tout perdu, il fut relâché, mais leurs vêtements furent confisqués. Ils parcoururent des kilomètres, pieds nus et presque nus, jusqu'à ce qu'ils n'atteignent le domaine du duc d'Erbach qui les recueillit et s'occupa d'eux.

The Plague by Arnold Bocklin
La Peste par Arnold Bocklin
Arnold Böcklin (Public Domain)

Le duc était favorable à la Réforme et fut bienveillant envers les trois réfugiés qui se présentèrent à sa porte, et obtint pour Andreas un poste à l'université de Heidelberg. La santé d'Olympia se détériora au cours de leur voyage et elle resta alitée pendant plus d'un mois jusqu'à ce qu'elle ne soit suffisamment forte pour voyager. La famille arriva à Heidelberg en août 1554 et reprit sa vie, Andreas donnant des cours à l'université et Olympia donnant des cours particuliers à Emilio tout en travaillant sur des traductions et en reprenant sa correspondance. Lorsque ses amis et admirateurs apprirent qu'elle avait perdu tous ses livres et manuscrits, ils lui envoyèrent des livres de remplacement et des copies de ses travaux.

Les lettres qu'elle écrivit à cette époque évoquent régulièrement sa santé défaillante, sa mort imminente et son attente de la vie éternelle avec le Christ. Dans l'une d'elles, elle écrit: "Je désire ardemment être dissoute, tant est grande la confiance de mon esprit, et être avec le Christ en qui ma vie s'est épanouie" (Stjerna, 207). Dans une lettre à Curione, elle écrit: "Je n'ai plus de force physique. Je n'ai plus d'appétit pour la nourriture" et mentionne une fièvre persistante ainsi qu'une congestion et une douleur constantes qui l'empêchaient de dormir, mais elle s'efforçait néanmoins de l'encourager dans sa foi, comme elle le faisait avec d'autres personnes. Elle mourut, peut-être de la peste ou de la tuberculose, en octobre 1555 à l'âge de 29 ans.

Conclusion

Andreas envoya ses œuvres à Curione qui les fit publier à Bâle, mais le mari d'Olympia, et Emilio, ne vécurent pas longtemps après sa mort, tous deux succombant à la peste. Tous trois furent enterrés dans le cimetière de l'église Saint-Pierre à Heidelberg. La réputation d'Olympia en tant qu'érudite de renom ne s'est pas démentie, mais elle fut oubliée au XVIIe siècle et ne fut redécouverte qu'au XVIIIe siècle, lorsque le poète allemand Goethe (1749-1832) la popularisa dans son œuvre. Ses écrits furent traduits à partir de la fin du XIXe siècle et, aujourd'hui, elle est reconnue comme l'une des voix les plus importantes de l'ère de la Réforme.

Les œuvres d'Olympia Fulvia Morata, en particulier ses lettres, ont trouvé un public aujourd'hui en raison de la profondeur de sa foi, de son engagement pour le bien-être d'autrui et de ses vastes connaissances qu'elle partageait librement. Stjerna cite l'érudit Rabil, qui note:

L'apprentissage n'était pas un ornement porté par Morata, c'était son identité. Tout au long de sa brève vie d'adulte, elle a été opprimée par des événements qui auraient pu décourager un esprit plus modeste... mais rien n'a fait taire sa plume. (211)

Comme toutes les femmes auteurs et militantes de la Réforme, Olympia n'a pas été reconnue à sa juste valeur en raison de son sexe, mais elle a poursuivi son travail sans se soucier de ce que les autres pensaient qu'elle devait faire. Si elle avait vécu plus longtemps, elle aurait peut-être même trouvé une place au sein de la faculté de l'université de Heidelberg, qui l'honore aujourd'hui par le biais du programme Olympia Morata, qui finance des recherches postdoctorales féminines. Un gymnase de Schweinfurt a été rebaptisé en son honneur en 1956 et ses œuvres ont été traduites en plusieurs langues, trouvant un écho auprès des gens d'aujourd'hui comme auprès de ceux qui les ont lues pour la première fois.

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Questions & Réponses

Qui était Olympia Fulvia Morata?

Olympia Fulvia Morata était une érudite italienne qui parlait couramment le grec et le latin à l'âge de 12 ans et qui a plaidé en faveur de la Réforme protestante en Italie par le biais d'une série de lettres.

Pourquoi Olympia Fulvia Morata est-elle célèbre?

Olympia Fulvia Morata est célèbre pour ses lettres qui encouragent la foi chrétienne et constituent également des témoignages de première main sur les événements de son époque.

Combien d'œuvres d'Olympia Fulvia Morata subsistent aujourd'hui?

Les œuvres de Morata qui ont survécu sont 52 lettres, onze poèmes, deux dialogues, des traductions de sept psaumes et des traductions/commentaires d'autres œuvres.

Comment est morte Olympia Fulvia Morata?

Olympia Fulvia Morata est morte de la peste ou de la tuberculose à l'âge de 29 ans.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2022, avril 29). Olympia Fulvia Morata [Olympia Fulvia Morata]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20654/olympia-fulvia-morata/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Olympia Fulvia Morata." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 29, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20654/olympia-fulvia-morata/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Olympia Fulvia Morata." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 29 avril 2022, https://www.worldhistory.org/Olympia_Fulvia_Morata/. Web. 18 juil. 2025.

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