La Réforme Anglaise

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 juillet 2020
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Disponible dans ces autres langues: anglais, arabe, portugais, espagnol
Tyndale Bible (by Steve Bennett, CC BY-SA)
Bible de Tyndale
Steve Bennett (CC BY-SA)

La Réforme anglaise commença avec Henri VIII d'Angleterre (r. 1509-1547) et se poursuivit par étapes pendant le reste du 16e siècle. Ce processus vit la rupture avec l'Église catholique dirigée par le pape à Rome. L'Église protestante d'Angleterre fut ainsi établie et le monarque anglais en devint le chef suprême. Parmi les autres conséquences, citons la dissolution des monastères, l'abolition de la messe, l'utilisation de la langue anglaise dans les services et dans la Bible utilisée, le remplacement des autels par des tables de communion et la suppression générale des éléments les plus décoratifs et les plus voyants du catholicisme, tant dans les services que dans les églises elles-mêmes. La majorité des gens acceptèrent le changement, les riches en raison de la richesse qu'ils tirèrent de l'Église dépouillée, et les roturiers parce qu'ils s'en remettaient aux autorités et se voyaient imposer des amendes s'ils ne respectaient pas les règles et ne fréquentaient pas la nouvelle Église anglicane, comme on l'appellait désormais. Il y eut cependant des objections de la part des catholiques et des protestants plus radicaux tels que les différents groupes puritains qui voulaient suivre leur propre voie et établir leurs propres églises qui adhéraient plus étroitement aux pensées exposées par des réformateurs tels que Jean Calvin (1509-1564).

Henri VIII et la rupture

Les origines de la Réforme anglaise sont politiques et remontent au règne d'Henri VII d'Angleterre (r. 1485-1509). Henri fit en sorte que son fils aîné Arthur (né en 1486) épouse la princesse espagnole Catherine d'Aragon (1485-1536), fille du roi Ferdinand II d'Aragon (r. 1479-1516), une union qui eut lieu en 1501. Il s'agissait d'un lien diplomatique utile et Catherine apportait avec elle une importante dot. Malheureusement, Arthur mourut l'année suivante à l'âge de 15 ans, mais Henri VII tint à maintenir des relations amicales avec l'Espagne et son second fils, le Prince Henri (né en 1491), après avoir obtenu une permission spéciale du Pape, se fiança avec Catherine. Lorsque Henri VII mourut en avril 1509, le prince Henri devint roi. Comme prévu, il épousa Catherine le 11 juin et fut couronné Henri VIII dans l'abbaye de Westminster le 24 juin 1509.

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HENRI VIII, ÉTUDIANT EN THÉOLOGIE, N'ÉTAIT PAS À CE STADE INTÉRESSÉ PAR LA RÉFORME DE L'ÉGLISE, MAIS SEULEMENT PAR SON CONTRÔLE.

Le mariage fut initialement heureux et donna naissance à six enfants, mais tous sauf un moururent en bas âge. L'unique survivante fut Marie, née le 18 février 1516. Ayant maintenant plus de 40 ans, il semblait que les chances de Catherine de faire naître un fils en bonne santé étaient minces. Henri commença à chercher une seconde épouse, plus jeune et plus enthousiasmante. Henri eut un fils illégitime, Henry Fitzroy, Duc de Richmond (né en 1519), avec une maîtresse, Elizabeth Blount, mais ce n'était pas très utile pour un roi qui avait besoin d'un héritier reconnu. L'affection du roi se tourna alors vers Anne Boleyn (c. 1501-1536), une dame d'honneur de la cour. Mais Anne insista pour épouser le roi avant de songer à fonder une famille. Le problème d'Henri était alors de trouver le moyen de se débarrasser de Catherine, une question connue sous le nom de "grande affaire" du roi. C'est ainsi que la Réforme commença.

Résoudre la "grande affaire"

Le divorce n'étant pas autorisé par l'Église catholique, Henri VIII dut trouver une bonne raison pour que son mariage soit annulé pour cause de non validité. Une lettre fut donc envoyée au pape, suggérant que l'absence d'héritier mâle était la punition de Dieu pour le fait qu'Henri ait épousé la femme de son frère défunt, un point soutenu par l'Ancien Testament. La "Prohibition du Lévitique" dit:

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Si un homme prend la femme de son frère, c'est une impureté ; il a découvert la nudité de son frère ; ils seront sans enfants.

(Lévitique ch. 20 v. 21).

Henry VIII Meets Anne Boleyn
Henri VIII rencontre Anne Boleyn
Daniel Maclise (Public Domain)

Par conséquent, le roi souhaitait que le pape annule le mariage. Malheureusement pour Henri, le Pape Clément VII (r. 1523-1534) tenait à rester en bons termes avec le souverain le plus puissant d'Europe à l'époque, l'Empereur du Saint Empire Romain Germanique, Charles V d'Espagne (r. 1519-1556), qui n'était nul autre que le neveu de Catherine. En bref, le pape n'avait pas besoin du soutien politique ou financier de l'Angleterre et ne pouvait pas être objet de pressions. De plus, il était peu probable que Catherine et Arthur, si jeunes à l'époque, aient jamais couché ensemble et donc la "Prohibition du Lévitique" ne s'appliquait pas dans ce cas. De toute façon, il y a un passage dans le livre de la Bible, le Deutéronome, qui semble contredire le passage du Lévitique:

Lorsque des frères habitent ensemble et que l'un d'eux meurt sans enfants, la femme du défunt ne se mariera pas à un autre ; mais son frère la prendra et suscitera une postérité pour son frère.

(Deutéronome ch. 25 v. 5)

Le pape envoya tout de même le cardinal Lorenzo Campeggio en Angleterre pour enquêter sur l'affaire et présider un tribunal spécial en juin 1529, mais aucune décision ne fut prise. Réalisant qu'il devait agir de manière indépendante, Henri sépara d'abord définitivement Catherine de sa fille Marie, déplaçant la reine à travers le pays dans diverses résidences délabrées. Pendant ce temps, Henri et Anne Boleyn vivaient ensemble (mais ne couchaient pas ensemble). En décembre 1532, Anne, voyant peut-être dans un bébé le meilleur moyen de se débarrasser de sa rivale Catherine, coucha avec le roi et tomba enceinte.

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Le roi avait alors désespérément besoin que son premier mariage soit annulé et il chargea son premier ministre de cette tâche, Thomas Wolsey, cardinal-archevêque d'York (c. 1473-1530). Wolsey ne parvint pas à satisfaire son roi et fut remplacé d'abord par Sir Thomas More (1478-1535), qui s'opposa de façon notoire aux plans du roi, puis par Thomas Cromwell (c. 1485-1540). Wolsey et Henri avaient conçu le plan radical de séparer l'Église d'Angleterre de la Rome catholique et d'établir le roi à la tête de l'Église d'Angleterre. Henri pourrait alors accorder l'annulation de son propre mariage. Le roi, étudiant en théologie, n'était pas à ce stade intéressé par la réforme de l'Église, mais seulement par son contrôle. Henri restait attaché aux pratiques catholiques traditionnelles telles que la messe, la confession et le célibat clérical, comme en témoigne l'acte des Six Articles de 1539. La rupture, cependant, se transforma en un fossé de plus en plus large. En 1532, l'Acte de «Retenue totale des annates» limita les fonds que l'Église versait à la papauté. Puis, en 1533, l'Acte de restriction des appels déclara que le monarque anglais était désormais la plus haute autorité en matière juridique (laïque et ecclésiastique) et non plus le pape.

Thomas Cranmer
Thomas Cranmer
Gerlach Flicke (Public Domain)

Thomas Cranmer, l'archevêque de Canterbury (1533-55) annula officiellement le premier mariage d'Henri en mai 1533. Cette annulation et l'adoption par le Parlement de l'Acte de Succession (30 avril 1534) signifiaient que la fille de Catherine, Marie, fut déclarée illégitime. Henri fut excommunié par le Pape pour ses actions, mais toute cette affaire prit une importance qui allait bien au-delà des mariages royaux. L'Acte de Suprématie, adopté le 28 novembre 1534, signifiait qu'Henri, et tous les monarques anglais ultérieurs, n'avaient qu'une seule autorité supérieure: Dieu lui-même. La loi sur la trahison de 1534, adoptée par le Parlement sous l'impulsion du premier ministre de l'époque, Thomas Cromwell, interdisait même aux gens de s'exprimer et de critiquer leur roi ou sa politique.

Thomas Cromwell lance la Réforme

Cromwell acquit, avec de nombreux autres titres et postes, le rôle de vicaire général, c'est-à-dire de vice-gérant du roi pour les affaires de l'Église. Ayant obtenu le poste en janvier 1535 afin de mener à bien sa réforme de l'Église Cromwell fit pleinement usage de ses pouvoirs et en profita pour s'immiscer quotidiennement dans les affaires de l'Église (par exemple, en recrutant des prêtres radicaux, en imprimant des livres de dévotion radicaux et en créant un réseau d'informateurs). Cromwell publia ensuite les Injonctions en août 1536, un ensemble de recommandations sur ce que le clergé devrait enseigner à ses congrégations, par exemple en expliquant mieux les dix commandements et les sept péchés capitaux. La Réforme anglaise progressa rapidement avec les Dix Articles de Cromwell de 1536 qui, inspirés par les écrits de Martin Luther (1483-1546), rejetaient les sept sacrements du catholicisme pour n'en garder que trois (le baptême, la pénitence et l'eucharistie). Il y avait aussi l'énoncé de la nouvelle doctrine dans le Livre de l'Évêque, publié en juillet 1537.

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EN 1539, UN ACTE DU PARLEMENT ENTRAÎNa LA FERMETURE DE TOUS LES MONASTÈRES RESTANTS, QUELS QUE SOIENT LEUR TAILLE ET LEURS REVENUS.

La Réforme prit vraiment son essor avec la loi de 1536, qui entraîna la fermeture et l'abolition des monastères catholiques, connue sous le nom de Dissolution des monastères. L'excuse officielle était que les monastères n'étaient plus pertinents, qu'ils étaient remplis de moines et de nonnes corrompus et immoraux, et qu'ils n'aidaient pas les pauvres autant que leur richesse le leur permettait. Commençant par les petits monastères, Cromwell fit en sorte que toute l'opération se déroule sans heurts en payant les moines, prieurs et abbés les plus âgés avec de généreuses pensions. Les domaines de ces petits monastères furent redistribués à la Couronne et aux partisans d'Henri, ce qui constituait probablement le principal motif de la loi. Le processus s'avéra imparable, même s'il y eut quelques protestations, notamment le soulèvement du Pèlerinage de Grâce en 1536. Ce soulèvement impliqua quelque 40 000 protestataires qui prirent notamment le contrôle de York, mais qui exprimèrent également des préoccupations communes concernant le gouvernement et l'économie, et pas seulement les changements religieux. La rébellion fut dissoute pacifiquement, mais 200 meneurs furent ensuite impitoyablement traduits en justice.

Thomas Cromwell by Hans Holbein the Younger
Thomas Cromwell par Hans Holbein le Jeune
Hans Holbein the Younger (Public Domain)

Cromwell produisit une version encore plus forte des Injonctions, publiée en 1538. Il était recommandé de retirer les reliques des saints des églises, d'éviter les pèlerinages et, dans une démarche qui s'avéra précieuse pour les historiens locaux depuis lors, d'enregistrer dans chaque paroisse toutes les naissances, tous les mariages et tous les décès.

Bon nombre des sujets d'Henri étaient soit indifférents à ces changements, soit désireux de voir l'Église se réformer et de poursuivre ainsi le mouvement de la Réforme protestante qui balayait l'Europe. Beaucoup considéraient l'Église comme trop riche et trop pleine de prêtres abusant de leur position. D'autres s'en remirent simplement à l'opinion de leurs supérieurs sociaux et ne se soucient guère de ce qui se disait et se faisait à l'église, du moment qu'une sorte de service était disponible. La hiérarchie ecclésiastique était également divisée sur les réformes. Thomas Cranmer dirigea la faction la plus radicale tandis que les conservateurs catholiques étaient dirigés par Stephen Gardiner, l'évêque de Winchester.

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Un autre pas vers l'indépendance fut l'approbation par le roi d'une traduction de la Bible en anglais en 1539. Ensuite, l'Acte du Parlement de 1539 entraîna la fermeture de tous les monastères restants, quels que soient leur taille ou leurs revenus. Ceux qui résistaient étaient exécutés. Les abbés de Glastonbury, Colchester, Reading et Woburn resistèrent tous et furent tous pendus. Le dernier monastère à fermer ses portes fut l'abbaye de Waltham, dans l'Essex, en mars 1540. Grâce à la Dissolution, Henri remplit les coffres de l'État de 1,3 million de livres (plus de 500 millions aujourd'hui). C'était le véritable début de la Réforme anglaise pour la population en général, car les quelque 800 monastères faisaient partie intégrante de la vie communautaire depuis des siècles, aidant les pauvres, distribuant des médicaments, offrant des emplois et donnant des conseils spirituels parmi de nombreux autres services. Cependant, des changements encore plus importants se préparaient.

Édouard VI et autres réformes

Le fils d'Henri, Édouard VI d'Angleterre (r. 1547-1553), né de sa troisième épouse Jane Seymour (vers 1509-1537), lui succèda. Édouard, Thomas Cranmer et les deux régents Édouard Seymour, duc de Somerset (c. 1500-1552) et John Dudley, comte de Northumberland (1504-1553) poursuivirent la Réforme avec entrain, introduisant des changements encore plus radicaux qu'auparavant. En 1547, Cranmer publia son Book of Homilies (Livre des homélies), un recueil de sermons destinés à être utilisés lors des services religieux. Cranmer présenta ensuite son nouveau Book of Common Prayer (Livre de la prière commune), publié en anglais en 1549 et rendu obligatoire par l'Acte d'uniformité de la même année. Le livre de prières fut mis à jour avec une rupture encore plus radicale avec le catholicisme en 1552, lorsque l'idée catholique de la transsubstantiation (selon laquelle les éléments eucharistiques du pain et du vin deviennent le corps et le sang de Jésus-Christ) fut finalement rejetée.

Edward VI of England by William Scrots
Edouard VI d'Angleterre par William Scrots
William Scrots (Public Domain)

Le terme "protestantisme" fut alors largement utilisé pour la première fois. L'iconographie, les peintures murales et les vitraux picturaux furent retirés des églises, et les offices furent désormais célébrés en anglais et non plus en latin. Les autels catholiques furent remplacés par des tables de communion, le culte des saints découragé. Les prêtres furent désormais autorisés à se marier. Les guildes religieuses furent supprimées, les dons pour que les prêtres puissent chanter la messe pour les âmes des morts (chantries) furent abolies, et les terres des églises confisquées. Les richesses acquises allaient souvent directement dans les poches de la noblesse.

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Il y eut des protestations, tout comme il y en avait eu lors de la dissolution des monastères. Une fois de plus, la combinaison d'une mauvaise situation économique générale et du ressentiment à l'égard des changements dans la vie paroissiale traditionnelle conduisit à une rébellion, cette fois en Cornouailles et ensuite dans le Norfolk en 1549. Cette dernière, connue sous le nom de rébellion de Kett, du nom de son chef Robert Kett, fut la plus grave, mais elle fut étouffée sans pitié par un massacre de rebelles à Dussindale en août. La Réforme se poursuivit sans relâche, avec l'interdiction de pratiques plus "papistes", telles que l'élimination des éléments les plus voyants des vêtements du clergé et l'abolition des prières pour les morts.

Marie I et le revirement de la Réforme

En 1553, Édouard VI mourut de tuberculose à l'âge de 15 ans et sa demi-sœur Marie I d'Angleterre lui succèda (r. 1553-1558). Une brève tentative de placer sur le trône la cousine protestante d'Édouard, Lady Jane Grey (1537-1554), fut un désastre pour toutes les parties concernées. Marie était une catholique stricte et entreprit de renverser la Réforme. Le premier acte d'abrogation, en octobre 1553, annula toute la législation à visée religieuse d'Édouard VI. Ensuite, le deuxième acte d'abrogation, en janvier 1555, abolit toute la législation postérieure à 1529 concernant les questions religieuses. Cette législation incluait l'Acte de suprématie et le pape se retrouva donc de nouveau officiellement à la tête de l'Église d'Angleterre.

Le surnom de la reine, "Bloody Mary", provient des 287 martyrs protestants qui furent brûlés sur le bûcher sous son règne, dont Thomas Cranmer en mars 1556. Là encore, les gens ordinaires ne furent pas trop gênés par ces changements ecclésiastiques, mais les nobles certainement, car ils avaient acquis d'énormes richesses grâce à des politiques telles que la dissolution des monastères. Un autre problème était le mariage proposé puis effectif de Marie avec le prince catholique Philippe d'Espagne (1527-1598). Nombreux sont ceux qui craignaient que l'Angleterre ne soit absorbée par l'Empire espagnol, immensément riche et puissant, et ce sentiment s'exprima dans la rébellion de Wyatt dans le Kent en janvier 1554. La Réforme et les sentiments de nationalisme anglais s'entremêlèrent. Les manifestants voulaient empêcher le "mariage espagnol", mais peut-être avaient-ils secrètement l'intention de remplacer Marie par sa demi-sœur protestante Élisabeth. En fait, Marie fut emportée par un cancer et la Réforme ne fut qu'interrompue. Le successeur de Marie veillera à ce qu'elle soit redémarrée et, cette fois, menée à bon terme.

Pre-Reformation Church Altar
Autel d'Époque Pré-Réforme
David Hawgood (CC BY-SA)

Élisabeth I et autres réformes

En 1558, sa demi-sœur Élisabeth I d'Angleterre (r. 1558-1603) succèda à Marie. La protestante Élisabeth entreprit de ramener l'Église d'Angleterre à l'état réformé qu'elle avait connu sous Édouard VI. Cependant, les protestants et les catholiques purs et durs n'étaient pas satisfaits de la position pragmatique d'Élisabeth, qui opta pour une approche plus médiane qui plaîsait à la majorité indifférente de ses sujets. Les extrémistes furent autorisés à poursuivre leurs croyances sans interférence, même si le pape excommunia la reine pour hérésie en février 1570. Élisabeth fut également active à l'étranger. Elle tenta d'imposer le protestantisme dans l'Irlande catholique, mais cela n'aboutit qu'à de fréquentes rébellions (1569-73, 1579-83 et 1595-8), souvent soutenues matériellement par l'Espagne. La reine envoya également de l'argent et des armes aux huguenots en France et une aide financière aux protestants des Pays-Bas.

Deux menaces extérieures pesèrent sur Élisabeth et le protestantisme: Marie, reine d'Écosse (r. 1542-1567) et Philippe II d'Espagne. La catholique Marie avait fui l'Écosse et pouvait prétendre au trône d'Angleterre car elle était la petite-fille de Margaret Tudor, sœur d'Henri VIII. Philippe II était le souverain catholique le plus puissant d'Europe et semblait vouloir étendre l'empire espagnol. Ces deux monarques devinrent les figures de proue des catholiques anglais désireux de renverser Élisabeth et le protestantisme. Pour de nombreux catholiques, Élisabeth était illégitime car ils ne reconnaissaient pas le divorce de son père d'avec sa première épouse Catherine d'Aragon. Pour cette raison, Marie fut assignée à résidence et, lorsqu'elle fut reconnue coupable de complot contre Élisabeth, elle fut exécutée le 8 février 1587. La défaite de l'Armada espagnole, qui tenta d'envahir l'Angleterre en 1588, porta un coup sérieux aux ambitions impériales de Philippe.

Le Règlement élisabéthain

L'avancée suivante pour la Réforme fut le Règlement élisabéthain, un ensemble de lois et de décisions introduites entre 1558 et 1563. L'acte de suprématie (avril 1559) remit le monarque anglais à la tête de l'Église. La reine avait fait un petit compromis sur la formulation, en s'appelant "gouverneur suprême" de l'Église au lieu de "chef suprême", ce qui la rendait plus acceptable pour les protestants qui n'aimaient pas l'idée qu'une femme occupe cette position. Contrairement à d'autres États protestants, l'ancienne structure catholique de l'Église sous le souverain fut maintenue, les évêques étant organisés en une hiérarchie et nommés par le monarque.

Elizabeth I Sieve Portrait
Élisabeth I, Le portrait au tamis
Quentin Metsys the Younger (Public Domain)

L'acte d'uniformité de mai 1559 définit l'apparence des églises et des services. La présence à l'église fut rendue obligatoire et le manquement à cette obligation entraînait une petite amende (qui était ensuite donnée aux pauvres). Toute personne refusant d'assister aux services anglicans était connue comme un récusant. Deuxièmement, il était interdit d'assister à une messe catholique et les personnes reconnues coupables de cette infraction recevaient une forte amende. Un prêtre reconnu coupable d'avoir célébré une messe pouvait encourir la peine de mort.

Les Injonctions Royales étaient un ensemble de 57 règlements sur les questions d'Église, par exemple, les prédicateurs devaient désormais avoir une licence, chaque Église devait avoir une Bible en anglais et les pèlerinages étaient interdits. Le Book of Common Prayer de Thomas Cranmer fut rétabli (un compromis entre les versions de 49 et 52). Le Prayer Book traitait du pain et du vin du service de la communion. Au lieu de traiter ces objets comme étant transformés en corps et en sang de Jésus-Christ lorsqu'ils étaient bénis par un prêtre catholique, le prédicateur protestant encourageait simplement le croyant à les prendre comme un rappel du sacrifice du Christ. Enfin, les Trente-neuf articles de 1563 (promulgués en 1571) tentèrent de définir définitivement le protestantisme anglais, aujourd'hui connu sous le nom d'anglicanisme.

Une Église fragmentée

Les caractéristiques modérées du Règlement élisabéthain suscitèrent l'opposition des catholiques radicaux et des protestants radicaux, en particulier les adeptes les plus littéraux du calvinisme tel qu'il avait été exposé par le réformateur français Jean Calvin. Ce dernier groupe de radicaux était connu sous le nom de puritains et, croyant en l'importance de la foi par rapport à une vie "bonne" pour atteindre le salut spirituel, il s'imposa à partir du milieu des années 1560. Certains puritains - notamment les presbytériens et les séparatistes - voulaient abolir la hiérarchie de l'Église et se concentrer sur une interprétation plus littérale de la Bible ; ils finirent par créer leurs propres églises séparatistes qu'ils considéraient comme indépendantes de toute autorité royale ou de l'Église anglicane.

Si beaucoup de gens étaient soit pro-catholiques, soit pro-protestants, et si certains avaient des opinions plus ou moins radicales à l'une ou l'autre extrémité du spectre, il est probable que beaucoup plus de gens se contentaient du juste milieu modéré que représentait l'anglicanisme. De nombreux fidèles, par exemple, étaient attirés par des éléments des deux côtés, comme admirer la belle ornementation d'un crucifix en or tout en favorisant l'utilisation de l'anglais dans les services. Il y avait alors un certain degré de tolérance et, comme la reine elle-même le déclarait, les pensées privées restaient privées, car elle "n'ouvrirait de fenêtres dans l'âme d'aucun homme" (Woodward, 171). Il y eut un renouvellement des fonctionnaires, car Élisabeth renvoya les évêques pro-catholiques restants et, en vertu de l'Acte d'échange de 1559, confisqua leurs biens (ou menaça de le faire s'ils ne suivaient pas la ligne donnée).

400 prêtres environ démissionnèrent à la suite du Règlement élisabéthain. Il est également vrai que de nombreux prédicateurs continuèrent simplement comme avant, soit en secret, soit en espérant ne pas être remarqués par les autorités - qui, dans certains cas, étaient plutôt bien disposées au niveau local. Mais la Réforme était désormais irréversible. Malgré les réactions les plus vives, et compte tenu des changements apportés et de la violence observée dans d'autres pays européens qui avaient connu leur propre Réforme, l'Angleterre avait surmonté un obstacle difficile et potentiellement dangereux et avait réussi à établir sa propre marque unique et durable de protestantisme.

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Questions & Réponses

Quelle est la signification de la Réforme anglaise ?

La Réforme anglaise a séparé l'Église d'Angleterre de l'Église catholique romaine et du pape. L'Église protestante d'Angleterre a été créée et le monarque anglais en est devenu le chef suprême, et non le pape.

Quelles ont été les trois causes de la Réforme anglaise ?

Les principales causes de la Réforme anglaise étaient le désir du roi Henri VIII de divorcer de sa première femme Catherine d'Aragon, ce que le pape ne permettait pas. Le roi voulait également réformer l'Église, que beaucoup considéraient comme corrompue, et il voulait s'approprier sa richesse.

Comment la Réforme anglaise a-t-elle affecté l'Angleterre ?

La Réforme a eu des effets importants pour l'Angleterre. Le monarque est devenu le chef de l'Église protestante d'Angleterre, les monastères ont été abolis et leurs richesses confisquées, et des changements importants ont été apportés aux services religieux, notamment l'utilisation de la langue anglaise et non du latin.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2020, juillet 13). La Réforme Anglaise [English Reformation]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18916/la-reforme-anglaise/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "La Réforme Anglaise." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 13, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18916/la-reforme-anglaise/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "La Réforme Anglaise." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 juil. 2020. Web. 19 avril 2024.

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