
Kanchipuram (parfois appelée simplement Kanchi) est une ancienne ville de la région du Tamil Nadu, dans le sud de l'Inde. Autrefois capitale de la dynastie Pallava, Kanchipuram était également un centre d'études réputé pour les érudits tamouls et sanskrits. Surnommée la "capitale religieuse du Sud", son temple Kailasanatha, datant du début du VIIIe siècle, est l'une des structures les plus impressionnantes de l'Inde ancienne.
Aperçu historique
La ville fut un temps la capitale des Pallavas (du IVe au IXe siècle). Kanchipuram tomba aux mains du roi Pulakesi II (r. de 610 à 642) au VIIe siècle, lorsque ce puissant souverain chalukya vainquit Harsa de Kanauj. Tombée à nouveau aux mains des Pallava, elle fut reprise par le souverain chalukya Vikramaditya II (r. de 733 à 746) et une inscription contemporaine sur le site fait état de cette victoire. Kanchi fut également le lieu de résidence du célèbre poète Bharavi, qui écrivit le Kiratarjuniya au VIe siècle, et du célèbre philosophe hindou Ramanuja, qui vécut entre le XIe et le XIIe siècle. Aujourd'hui encore, le site est un important centre religieux qui compte plus de 120 temples et est également réputé pour sa production de saris en soie.
Temple de Kailâsanâtha
Le Kailâsanâtha (ou Rajasimheshvara) est l'un des temples anciens les plus grands et les plus ornés de toute l'Inde. Construit par le roi Pallava Rajasimha (r. de 700 à 728 et connu sous le nom de Narasimhavarman II), il est dédié au dieu hindou Shiva. La structure en grès est entourée d'un mur très décoratif qui comporte des niches intérieures formant 58 sanctuaires séparés contenant des figures de Shiva, Parvati et Skanda. Les sanctuaires présentent également des traces de peintures murales colorées, aujourd'hui perdues.
Le côté ouest du mur d'enceinte comportait autrefois un gopura ou porte monumentale à voûte en berceau, mais l'entrée principale est aujourd'hui dominée par le Mahendravarmesvara, qui est en fait un sanctuaire et non une porte. Nommé d'après le fils de Rajasimha, il contient un grand linga (phallus) sacré. L'emplacement de ce sanctuaire et des sanctuaires commémoratifs situés à l'extérieur de l'enceinte, du côté est, est unique dans l'architecture hindoue. L'entrée du temple lui-même se compose d'un porche à colonnes typique, le mandapa, ouvert sur quatre côtés et désormais relié au temple proprement dit par un hall plus moderne à six colonnes.
Le Kailâsanâtha possède l'une des tours (vimana) les plus grandes et les plus complexes qui soient. Le sanctuaire sacré intérieur (garbhagriha) dispose d'un passage circumambulatoire permettant aux fidèles d'en faire le tour de manière rituelle. Les trois murs extérieurs du garbhagriha sont entourés de sept petits sanctuaires contenant chacun une image de Shiva. L'ensemble de l'extérieur du temple est recouvert d'une masse de sculptures en relief, notamment de lions dressés (yalis), de Nandis, d'assistants de Shiva (ganas), de Shiva et d'autres divinités hindoues.
Temple de Vaikunthaperumal
Le temple de Vaikunthaperumal, construit par Nandivarman II à la fin du VIIIe siècle, est dédié à Vishnou, ce qui est inhabituel pour un temple Pallava. C'est l'un des derniers temples construits par les Pallavas. Encore une fois dominé par une énorme tour, le temple est également exceptionnel pour son triple sanctuaire, un à chaque étage et chacun contenant une image de Vishnou. Un mandapa à huit colonnes mène aux sanctuaires sacrés à l'intérieur desquels se trouvent deux passages circumambulatoires au premier étage. Les murs intérieurs du temple sont décorés de sculptures en relief représentant des scènes de l'histoire de la dynastie Pallava.
Parmi les autres édifices de Kanchipuram, on trouve plusieurs petits sanctuaires Pallava, dont le Muktesvara et le Matangesvara sont les plus grands. Le petit temple de Cokkisvara date du XIIe siècle et a été restauré. Enfin, le temple de Varadaraja fut construit au début du XVIIe siècle et possède un immense gopura et des sculptures remarquables à l'extérieur, notamment les lions dressés des colonnes de son mandapa. Outre l'abondante sculpture qui orne les divers monuments de la ville, plusieurs excellentes figures de yoginis ont survécu, typiquement en pierre verte et datant des IXe et Xe siècles de notre ère.