Godin Tepe

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 05 mars 2011
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Disponible dans ces autres langues: anglais

Godin Tepe est aujourd'hui un site archéologique situé dans la vallée de Kangavar, au Luristan, dans le centre-ouest de l'Iran. Son nom signifie "colline de Godin", bien que l'on ne sache pas quel était le nom initial du site. Le site a été découvert pour la première fois en 1961 lors d'une étude archéologique menée par le musée de l'université de Pennsylvanie. Les fouilles du monticule ont commencé en 1965 et ont donné lieu à d'importantes découvertes tout au long des trois décennies suivantes (avec diverses interruptions dues aux conflits dans la région), répertoriées par des équipes diverses provenant de nombreux pays.

Les fouilles menées par T. Cuyler Young, jr (responsable des fouilles sur le site de 1965 à 1973) ont fait l'objet d'une grande controverse en raison de sa décision de sonder profondément la colline, ce qui aurait entraîné la destruction d'une partie du palais médian de la période II. Les objets retrouvés sur le site, qui racontent l'histoire des premiers nomades venus d'au-delà des monts Zagros et qui se sont installés en Mésopotamie, sont extrêmement importants et n'auraient jamais été découverts sans les efforts de Young et de ces semblables.

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Onze phases culturelles très distinctes ont été identifiées sur le site qui fut continuellement occupé jusqu'à environ 1600 av. J.-c.

Un centre de commerce sumérien

Le site était une colonie sumérienne habitée pour la première fois vers 5000 avant notre ère, qui comprenait un village et une forteresse. Il devint une étape importante de la grande route commerciale du Khorasan, mieux connue sous le nom de route de la soie, qui fut la principale voie commerciale pendant près de 3000 ans (l'expression "route de la soie" fut inventée en 1877 par le géographe allemand Baron Ferdinand von Richthofen, en référence au commerce de la soie chinoise). Comme la route du Khorasan n'était pas la seule à être utilisée pour le commerce, et que la soie n'était pas la seule marchandise échangée, de nombreux chercheurs modernes préfèrent parler de "routes de la soie" pour désigner les routes commerciales, la route du Khorasan n'en étant qu'une parmi d'autres.

Onze phases culturelles très distinctes ont été identifiées sur le site qui fut continuellement occupé jusqu'à environ 1600 avant notre ère, date à laquelle il fut abandonné à la suite d'un tremblement de terre qui détruisit une grande partie de l'établissement. Lorsque la région finit par être réoccupée quelque 800 ans plus tard, les nouvelles structures furent construites sur le sol qui recouvrait les anciennes, comme c'était souvent le cas au cours de l'histoire de la Mésopotamie.

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Périodes V à I

Dans le niveau de fouilles connu sous le nom de période V (3500-3100 av. J.-C.), des matériaux tardifs provenant de la ville d'Uruk ont été découverts, tels que des tablettes d'écriture, des poteries, des bols à bords biseautés, des statues de divinités et des sceaux-cylindres. Cette période correspond à ce que l'on appelle la période d'Uruk tardive et, à cette époque, le commerce était florissant. La bière et le vin étaient brassés à Godin Tepe, comme en témoignent les jarres d'argile trouvées à cette époque. Les moyens de produire de la bière et du vin semblent avoir été découverts simultanément vers 3500-3100 avant notre ère, mais on ne sait toujours pas lequel apparut en premier. La question de savoir si c'est la bière ou le vin qui fut produit en premier à Godin Tepe est controversée parmi les chercheurs modernes, mais la prépondérance des preuves penche en faveur de la bière. Il semblerait que le brassage de la bière se soit développé parmi les boulangers (qui étaient à l'origine des femmes, tout comme pour les brasseurs, les aubergistes et les serveurs) qui réalisèrent en premier les avantages possibles de la fermentation. La bière fut la boisson la plus populaire dans toute la Mésopotamie pendant des siècles, suivie de près par le vin, et il est donc probable que le débat se poursuivra jusqu'à ce que l'on trouve des preuves concluantes permettant de trancher la controverse.

La période IV s'étend de 3000 à 2650 avant notre ère et les fouilles ont révélé des maisons plus élaborées, des traces de travail du métal et des progrès en matière d'architecture dans les bâtiments en plein air et les enclos. Vers 2400 avant notre ère, le site fut envahi et partiellement détruit, comme l'indiquent les squelettes percés de flèches et les murs effondrés de cette époque. La région semble avoir été abandonnée, au moins temporairement, après cette attaque.

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La période III (2600 - 1600 av. J.-C.) fut marquée par la centralisation de l'industrie, la densité de la population et l'essor du commerce. Durant cette période, Godin Tepe était une ville prospère et le plus grand établissement de la région. Des progrès furent réalisés dans les domaines du commerce, de l'artisanat, de la métallurgie et dans d'autres domaines, et la ville pouvait s'offrir des produits de luxe, comme en témoignent les céramiques et les grandes boucheries commerciales. Grâce à l'afflux de richesses provenant du commerce avec la ville de Suse et d'autres établissements de la vallée du Luristan, Godin Tepe se développa de façon constante. On pense qu'elle faisait partie de la confédération élamite jusqu'à ce qu'elle ne soit détruite par le tremblement de terre et abandonnée.

Le site resta inhabité jusqu'à la période II (750-500 av. J.-C.), où il devint une ville fortifiée des Mèdes. Sous les Mèdes, un grand palais fut construit sur ce qui est aujourd'hui une haute colline recouvrant le site d'origine. Le palais comportait trois grandes salles à colonnades, une salle du trône et une salle d'audience où le roi recevait ses invités et ses solliciteurs. Une partie du palais était également consacrée aux quartiers d'habitation, à la cuisine et à la salle à manger. Des traces d'un système de drainage ont également été trouvées dans cette partie du bâtiment. L'architecture du palais et les céramiques découvertes à cette époque montrent des liens étroits avec Pasargades, la ville de Cyrus le Grand et la capitale de l'empire achéménide. Le palais fut la seule structure substantielle de la période II et fut abandonné quelque temps avant 500 avant notre ère, lorsqu'il fut laissé à la disposition des squatters et des voyageurs.

Au cours de la première période (milieu des années 1400), le site fut enseveli par les sables et un sanctuaire musulman fut construit sur le monticule, près d'un ancien cimetière. Aujourd'hui, la zone fait toujours l'objet de fouilles archéologiques et certaines parties sont ouvertes au public en tant que site historique.

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Bibliographie

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2011, mars 05). Godin Tepe [Godin Tepe]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10194/godin-tepe/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Godin Tepe." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 05, 2011. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10194/godin-tepe/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Godin Tepe." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 05 mars 2011. Web. 27 avril 2024.

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