L'artisanat traditionnel libanais est considéré comme un secteur majeur du patrimoine culturel vivant dans les zones rurales du Liban. Transmis d'une génération à l'autre, l'artisanat rural traditionnel libanais a pu perdurer depuis les périodes phénicienne et romaine jusqu'à nos jours. Les régions rurales font l'objet d'une attention particulière lorsque l'on parle d'artisanat traditionnel, en raison de la richesse de leur patrimoine culturel matériel et immatériel. Lorsque les ressources étaient limitées et rares, les communautés rurales n'avaient d'autre choix que de préserver leur patrimoine et d'intégrer l'artisanat dans leur vie quotidienne. Pour les communautés rurales, l'artisanat traditionnel est considéré comme un art de vivre ; les artisans utilisent des matériaux locaux pour créer des objets d'usage pratique et quotidien. L'importance culturelle et historique de l'artisanat crée un sentiment de fierté chez les artisans et les habitants des zones rurales du Liban.
Définition
Au Liban, « l'artisanat manuel », également connu sous le nom d'artisanat d’art, est un type de travail où des objets utiles et décoratifs sont fabriqués entièrement à la main ou à l'aide d'outils simples ; il s'agit d'un secteur traditionnel des métiers non industrialisés (Syndicat des artisans du Liban). Toutefois, lorsque des articles décoratifs sont produits à l'aide de machines, il est plus approprié d'utiliser le terme artisanat (tout court).
L'artisanat produit par les artisans travaillant dans les zones rurales du Liban est unique, car les artisans utilisent un mélange de méthodes de production anciennes et de techniques modernes. Ces dernières ont été développées et maintenues par les artisans locaux dans les régions rurales du Liban afin d'intégrer l'artisanat dans la vie moderne et de permettre davantage de variations. Les visiteurs ont la possibilité d'explorer les processus anciens et modernes de fabrication d'objets artisanaux traditionnels en se rendant au domicile des artisans ou dans leurs petits ateliers.
Vannerie
Les activités agricoles dans le Liban rural remontent à l'époque phénicienne. À cette époque, des paniers ont été créés pour faciliter la récolte. Les paniers étaient fabriqués à partir des matières premières disponibles dans la région, notamment le roseau, l'herbe et les feuilles de palmier. Des paniers rustiques étaient utilisés pour transporter les figues, les olives et les fruits pendant les saisons de récolte. Pendant des siècles, les communautés rurales ont eu à cœur de tresser des paniers et de perpétuer cet artisanat pendant de nombreuses générations dans le cadre de leur patrimoine vivant.
Aujourd'hui, différentes régions rurales sont spécialisées dans le tressage de divers types de paniers. Amchit (Mont-Liban), par exemple, est célèbre pour son tressage typique et unique de paniers en feuilles de palmier. Zgharta-Bcharre (au nord), Kefraya (dans la Bekaa) et Saïda (au sud) utilisent le roseau et l'herbe pour créer des paniers plus grands destinés au transport des fruits. Dans d'autres régions rurales du Liban, les paniers sont tressés à partir de bambous ou de bois locaux. Aujourd'hui, les tisserands, avec l'aide d'experts en la matière, ont mis au point des modèles et des techniques modernes.
Tissage du Nawl
Le tissage du Nawl remonte également aux Phéniciens. Le Nawl est une ancienne machine utilisée pour produire des tissus tels que des tapis, des nappes, des petits sacs en soie, des vestes et des abayas (manteaux de cérémonie traditionnels tissés avec de la laine ou de la soie). Les Phéniciens produisaient des tissus Nawl uniques en leur genre, teints avec du pourpre de Tyr.
Le Nawl de soie était principalement produit au Mont-Liban et dans certaines parties de la vallée de la Bekaa. Depuis le règne de Justinien Ier (r. de 527 à 565), les communautés rurales dépendaient de la production de soie pour leur usage quotidien, notamment pour la fabrication de vêtements. Aujourd'hui, de nombreux villages se spécialisent dans le Nawl de soie. Zouk Mikael est très célèbre pour ce type d'artisanat ; au cours des 18ème et 19ème siècles, il était connu sous le nom de «village de la soie» pour son tissage de Nawl de soie distingué. Les trois premiers drapeaux libanais ont été tissés dans la tapisserie de Zouk Mikael. Outre le Nawl de soie, les tentes et les tapis étaient tissés en poils de chèvre. Dans de nombreux villages ruraux du Liban, comme ceux de Kousba et de Chhim, on peut voir d'anciens métiers à tisser verticaux.
Broderie
Les femmes ont également joué un rôle dans la création et la transmission du patrimoine culturel. Si la nécessité est la mère de l'invention, la broderie est l'invention des femmes des zones rurales du Liban. Un artisanat domestique vivant, la broderie a joué un rôle majeur dans la vie des femmes, en particulier lors des mariages. Les jeunes filles, dès l'âge de 10 ans, commencaient à broder elles-mêmes leur trousseau personnel (sous-vêtements, vêtements, sacs, etc.) et ménager (linge de table et de lit comme les couvertures de lit, les draps, les nappes, les taies d'oreiller...) ainsi que des tableaux et des portraits aux motifs et aux couleurs variés pour la décoration de la maison.
Aujourd'hui, les ateliers de broderie sont répartis dans différents villages ruraux du Liban. Les visiteurs sont les bienvenus tout au long de l'année pour découvrir cet artisanat traditionnel et acheter des articles de broderie. Pour soutenir les femmes dans les zones rurales et renforcer leurs capacités, de nombreuses initiatives ont été mises en place par des ONG locales et internationales, ainsi que par des agences privées et publiques. L'objectif est d'autonomiser les femmes et de créer d'autres sources de revenus.
Poterie
Les archéologues ont trouvé des preuves de l'utilisation de la poterie au Liban depuis la période néolithique, vers 5000 av. J.-C. Dans presque toutes les cuisines et les maisons des régions rurales, on trouve des objets en poterie tels que des bols, des plateaux, des services à café ou à thé, des jarres (utilisées pour conserver l'huile d'olive, le vinaigre et l'arak - une boisson artisanale typiquement libanaise) ainsi que des jarres à eau (utilisées pour garder l'eau fraîche à tout moment et à toute saison de l'année).
Les potiers installaient des fours à bois et fabriquaient des poteries dans l'arrière-cour de leur maison. Ils utilisaient les matériaux disponibles localement pour former la glaçure, en particulier l'huile d'olive, un produit agro-industriel qui fait partie de la tradition culinaire du Liban. De nombreux ateliers de poterie traditionnelle existent encore dans les villages ruraux du Liban, Rachaya El Foukhar (El Foukhar signifie poterie en arabe), la région du Chouf, Tripoli, Beit Chabab, Assia, et Aita el-Foukhar étant les exemples les plus connus.
Verre soufflé
Le soufflage du verre est un autre artisanat très ancien et unique dans les régions rurales du Liban, qui remonterait à 50 ans av. J.-C. Les villes phéniciennes telles que Tyr, Sarafand, Sidon et Tripoli étaient connues pour leurs ateliers de soufflage du verre. Bien qu'il n'en reste plus que quelques-uns de nos jours, les visiteurs peuvent encore trouver des ateliers authentiques et traditionnels. À Sarafand, par exemple, le soufflage du verre suit encore une tradition ancienne et unique. L'une des particularités du processus est que le verre usagé est trié et recyclé. Le tri s'effectue dans les ateliers des souffleurs de verre ou à domicile, et le processus permet d'obtenir de magnifiques objets aux couleurs et aux formes très variées, notamment des bouteilles à boire traditionnelles, des vases dentelés, des verres et des jarres.
L'atelier Baddaoui-Tripoli est un autre exemple qui illustre une technique ancienne et peu connue de soufflage du verre. Cette fois, la singularité se reflète dans la matière du verre, légèrement opaque et parsemé de minuscules bulles d'air. Il en résulte des vases, des bougeoirs, des verres à eau, etc. de couleur violette, turquoise, verte et jaune.
Conclusion
Malgré les nombreux problèmes rencontrés par les artisans dans les zones rurales libanaises, ces traditions sont toujours vivantes et offrent aux visiteurs une expérience unique d'un artisanat magnifique. Au niveau personnel, les artisans des zones rurales libanaises développent leur artisanat, passant d'un simple passe-temps à un travail professionnel ; ils éduquent également d'autres personnes sur les processus et les compétences nécessaires. Au niveau national, de nombreuses ONG locales et des agences de protection font de leur mieux pour préserver le patrimoine culturel du Liban. Par exemple, La Maison de l'Artisan promeut l'artisanat et offre de nouvelles opportunités de marché non seulement dans la capitale du Liban, Beyrouth, mais aussi au niveau régional et international. Pour que l'artisanat continue à raconter les histoires traditionnelles des communautés rurales, les autorités nationales doivent élaborer et mettre en œuvre des lois et des règlements efficaces pour la protection de l'artisanat rural traditionnel et du savoir-faire des artisans au Liban.