Philippe Melanchthon

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié sur
Disponible dans ces autres langues: anglais
Imprimer l'article PDF
Philip Melanchthon Medal (by Friedrich Hagenauer, Copyright)
Médaille de Philippe Mélanchton, Metropolitan Museum of Art (New York)
Friedrich Hagenauer (Copyright)

Philippe Melanchthon (1497-1560) était un érudit et théologien allemand qui fournit la justification intellectuelle et la théologie systématisée de la vision réformée du christianisme de son ami Martin Luther (1483-1546). Il a toujours été éclipsé par Luther, mais la Réforme protestante ne se serait pas développée et n'aurait pas réussi comme elle l'a fait sans lui.

Melanchthon était le petit-neveu de l'érudit humaniste Johann Reuchlin (1455-1522), qui influença son amour de l'étude et qui joua un rôle déterminant dans l'obtention du poste de professeur de grec de Melanchthon à Wittenberg en 1518. Melanchthon connaissait déjà Luther de réputation, mais à Wittenberg, ils devinrent des amis proches et des coréformateurs.

Supprimer la pub
Publicité

Luther développa la théologie de la Réforme en Allemagne, mais Melanchthon la systématisa et la clarifia. Les exemples les plus célèbres sont les Loci communes rerum theologicarum seu hypotyposes theological ("Lieux communs de la théologie") de 1521, qui exposent la doctrine fondamentale, et la Confession d'Augsbourg de 1530, qui est devenue la confession de foi des luthériens et le texte fondamental du protestantisme.

Après la mort de Luther en 1546, Melanchthon devint le chef de file de la Réforme en Allemagne, bien que sa position ait été contestée, car on pensait qu'il s'était compromis avec l'Église catholique. Il continua à écrire et à poursuivre l'œuvre de la Réforme jusqu'à sa mort en 1560 des suites d'une fièvre. Melanchthon est considéré comme la force stabilisatrice contrebalançant l'appel passionné de Luther à la réforme et, plus tard, à la rupture avec l'Église. De nombreux spécialistes considèrent que le luthéranisme moderne lui doit autant de sa théologie qu'à son fondateur.

Supprimer la pub
Publicité

Jeunesse et d'études

Melanchthon avait vu le jour dans une famille aisée de Bretten, en Allemagne, sous le nom de Philippe Schwartzerdt le 16 février 1497, fils de George Schwartzerdt et de Barbara Reuter. Son père travaillait comme armurier pour Philippe le Droit, un électeur (l'un des nobles qui élisait l'empereur du Saint Empire romain germanique, dont l'Allemagne faisait partie à l'époque). Son grand-oncle, Johann Reuchlin (l'oncle de sa mère), était un éminent spécialiste du grec et de l'hébreu anciens, qui s'était battu contre le programme de certains ecclésiastiques visant à détruire systématiquement les livres et les écritures juives en les considérant comme antichrétiens. Reuchlin avait gagné sa cause, mais à un prix très élevé.

Melanchthon n'acceptait pas la doctrine ou la politique de l'Église sans poser de questions et commença à douter qu'elles soient essentielles pour l'interprétation des Écritures.

L'influence de Reuchlin sur Melanchthon fut considérable, non seulement en tant qu'humaniste, mais aussi en raison de sa position contre une politique encouragée par l'Église. Bien que Reuchlin n'ait jamais adhéré à la Réforme, il la soutint et non seulement servit de modèle à son petit-neveu, mais il fut également à l'origine du nom sous lequel il est connu. Conformément à la pratique des érudits de l'époque, Reuchlin avait grécisé son nom en Capnion dans ses écrits, car on pensait qu'un nom grec avait une consonance plus impressionnante. Il suggéra à son petit-neveu de faire de même dans la poursuite de ses études, et c'est ainsi que Philippe Schwartzerdt ("terre noire") devint Philippe Melanchthon (qui signifie la même chose en grec).

Supprimer la pub
Publicité

Melanchthon se montra très tôt très prometteur en tant qu'érudit et fut envoyé à l'école de latin en 1507, à l'âge de dix ans. Il apprit également le grec et se passionna pour les œuvres d'Aristote. Après la mort de son père et de son grand-père en 1508, il vécut avec son frère chez la sœur de Reuchlin, Elizabeth, qui l'encouragea à poursuivre ses études. En 1509, il s'inscrivit à l'université de Heidelberg et obtint son diplôme en 1512, mais on lui refusa sa maîtrise en raison de son jeune âge (15 ans). Il poursuivit ses études à Tubingen et obtint sa maîtrise en 1514 (ou 1516), en philosophie et en rhétorique.

Sans doute influencé par Reuchlin, Melanchthon n'acceptait pas la doctrine ou la politique de l'Église sans poser de questions et, tout en maintenant la valeur des œuvres d'Aristote, commença à douter de l'affirmation de l'Église selon laquelle elles étaient essentielles pour l'interprétation de l'Écriture. Luther, quant à lui, était parvenu à la même conclusion. Les 97 thèses de Luther, qui s'opposeaint à la tradition de la théologie scolastique (l'utilisation d'ouvrages scolastiques, principalement d'Aristote, pour comprendre la nature de Dieu), furent publiées en 1517, un mois seulement avant ses plus célèbres 95 thèses.

Portrait of Philip Melanchthon
Portrait de Philippe Melanchthon
Heinrich Aldegrever (Copyright)

Bien qu'ils ne se soient pas encore rencontrés, les deux hommes étaient d'accord sur un certain nombre de points, et Melanchthon était déjà confronté à l'opposition à Tubingen en tant que "réformateur" à une époque où ce terme était proche de celui d'hérétique. Lorsque Reuchlin se vit offrir un poste à l'université de Wittenberg, il refusa mais proposa Melanchthon pour ce poste, en même temps que Luther écrivait à Melanchthon pour l'inviter à venir. Melanchthon accepta le poste de professeur de grec en 1518, à l'âge de 21 ans.

Supprimer la pub
Publicité

Les 95 thèses de Martin Luther et la Réforme

L'image célèbre de Luther clouant ses 95 thèses à la porte de l'église du château de Wittenberg est due à Melanchthon, mais celui-ci n'était pas à Wittenberg le 31 octobre 1517. De plus, Luther lui-même ne mentionne jamais le fait de clouer des thèses sur la porte dans aucune de ses lettres ou écrits. En fait, cette histoire n'apparaît nulle part avant l'Histoire de la vie et des actes de Luther, publiée par Melanchthon en 1548, deux ans après la mort de Luther. À cette époque, la réputation de Luther était solidement établie, et l'histoire du prêtre rebelle clouant son défi à la porte d'une église correspondait très bien au récit.

L'histoire a été acceptée comme étant factuelle jusqu'en 1961, lorsque le spécialiste Erwin Iserloh a fait remarquer que Melanchthon n'avait pas pu être un témoin oculaire de l'événement puisqu'il n'était pas encore arrivé à Wittenberg en octobre 1517 et, comme indiqué, il n'y avait eu aucune mention de l'événement jusqu'à la mort de Luther. Pourtant, l'historicité des 95 thèses clouées sur une porte continue d'être débattue et est le plus souvent présentée comme un fait historique.

Luther's Ninety-Five Theses Nailed to the Wittenberg Church's Door
Les 95 Thèses de Luther clouées sur la porte de l'église de Wittenberg
Eikon Film and NFP Teleart (Copyright)

Non seulement parce que l'histoire a été répétée pendant si longtemps, mais aussi parce qu'elle correspond à l'image que Luther lui-même cultivait, celle d'une figure christique s'offrant en martyr à la vérité de la vision chrétienne. L'image d'un Luther rebelle clouant ses thèses sur la porte de l'église est certainement celle qu'il aurait lui-même cultivée, comme en témoignent les discours de Luther à la Diète de Worms et auparavant. Les disciples de Luther le dépeignaient dans le rôle du Christ en 1521, avant et après son apparition à la Diète de Worms, mais il avait déjà cultivé cette image en 1518, après que ses 95 thèses eurent été traduites du latin à l'allemand et diffusées dans toute l'Allemagne. L'universitaire Lyndal Roper commente:

Supprimer la pub
Publicité

Rédigées par un professeur allemand inconnu dans un trou perdu, les 95 thèses ont néanmoins attiré l'attention du public avec une rapidité étonnante. En l'espace de deux mois seulement, elles étaient connues dans toute l'Allemagne et faisaient déjà l'objet de réfutations. À Augsbourg, le prédicateur de la cathédrale Urbanus Rhegius remarqua que la "note de dispute" de Luther était disponible partout. (83)

Les archives indiquent qu'un certain nombre de membres du clergé auraient reçu des copies manuscrites des 95 thèses entre décembre 1517 et mars 1518, contredisant l'affirmation de Luther selon laquelle une seule copie de ses contestations avait été envoyée à son archevêque et qu'il destinait les thèses uniquement à un débat savant entre les membres du clergé local. Tout porte à croire que Luther se présentait déjà à cette époque comme l'instrument de Dieu pour réformer l'Église. Les 95 thèses connurent une popularité et une influence si immédiates que Melanchthon aurait pu estimer qu'elles nécessitaient une présentation plus dramatique et aurait donc créé cette histoire. Il est également possible que l'événement soit historique, que Luther lui ait raconté l'histoire et que Melanchthon ait trouvé l'occasion de l'utiliser dans son ouvrage de 1548 sur la vie de son ami.

Quelle que soit la véritable histoire des 95 thèses, il est certain que Melanchthon soutenait Luther peu après son arrivée à Wittenberg en 1518, l'accompagnant plus tard dans l'année à l'examen du cardinal Cajetan à Augsbourg et au débat de Leipzig entre Luther et son co-réformateur Andreas Karlstadt (1486-1541) d'une part, et le théologien Johann Eck (1486-1543) d'autre part. Melanchthon ne participa pas au débat mais fut autorisé à le commenter en tant que spectateur et, plus tard, défendit ses points dans un tract contre Eck.

Mariage et œuvres majeures

En 1520, Melanchthon épousa Katharina Krapp (également appelée Krappe, 1497-1557), fille de Hans Krapp, maire de Wittenberg, qui était un admirateur de Luther. Luther arrangea en fait le mariage parce qu'il pensait que Melanchthon, qu'il qualifiait souvent de "maigre" ou de "petit et maladif", ne pouvait pas trouver de femme pour lui-même et avait besoin d'une femme pour s'occuper de lui (Lyndal, 191). Le couple aurait quatre enfants: Anna, Philip, Georg et Magdalen. Leur mariage fut heureux et Melanchthon encouragea les mariages entre anciens membres du clergé catholique, même s'il émit des réserves sur le mariage de Luther en 1525, estimant qu'il nuirait à son image et fournirait à ses adversaires des munitions qu'ils pourraient utiliser contre lui. Il finit cependant par considérer le mariage de Luther avec Catherine de Bore comme une contribution positive à la cause.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Au début de l'année 1521, Melanchthon continua à soutenir Luther par écrit, mais ne l'accompagna pas à la Diète de Worms en avril. Luther y prononça son désormais célèbre discours "Ici je me tiens", refusant de se rétracter et, par la suite, plusieurs membres du comité d'examen tentent de le persuader en privé. L'un de leurs arguments les plus menaçants était que, si Luther était condamné comme hérétique et hors-la-loi, Melanchthon serait entraîné dans sa chute.

Luther at the Diet of Worms
Luther à la Diète de Worms (Staatsgalerie, Stuttgart)
Anton Werner (Public Domain)

Sûr du soutien de Melanchthon, Luther ne faiblit cependant pas. Il quitta Worms un peu plus d'une semaine après sa comparution et fut placé sous la protection de son protecteur secret Frédéric III (le Sage, 1463-1525) au château de la Wartbourg. Luther avait été enlevé pour sa propre sécurité, mais l'enlèvement avait été maquillé en enlèvement par des bandits de grand chemin pour protéger Frédéric III autant que Luther. Luther écrivit à Melanchthon qu'il était sain et sauf, et à la Wartbourg, il écrivit plusieurs ouvrages importants et traduisit le Nouveau Testament en allemand, tandis que Melanchthon, de retour à Wittenberg, rédigeait ses Loci communes. Roper commente:

Melanchthon s'était lancé dans la rédaction des Loci communes, son grand travail de systématisation de la théologie de la Réforme, qui devait créer un corpus doctrinal pour le nouveau mouvement. Le respect de Luther pour le jeune homme grandit, et lorsqu'il lisait les projets de Melanchthon à la Wartbourg, il déclarait à plusieurs reprises que Melanchthon était le meilleur érudit. (187)

Les Loci communes sont une discussion approfondie des principaux points de l'épître de Saint Paul aux Romains, soulignant l'importance de la foi par rapport aux bonnes œuvres et notant comment la politique de l'Église médiévale s'était écartée de l'Écriture. Luther s'opposa à certains de ses arguments, comme ceux concernant les vœux monastiques, affirmant que si les vœux envers l'Église devaient être rompus pour éviter le péché, alors les vœux de mariage pouvaient également être rompus, ou n'importe quels vœux. Melanchthon modifia ce passage comme il le ferait pour d'autres, et les commentaires de Luther sur ses projets furent soigneusement examinés, mais l'ouvrage est en réalité entièrement de Melanchthon. Les Loci communes sont devenues la théologie systématique de la Réforme protestante, non seulement en Allemagne mais aussi ailleurs.

Supprimer la pub
Publicité
Melanchthon composa la Confession d'Augsbourg comme une déclaration de foi et essaya de faire des compromis sur différents points.

La Confession d'Augsbourg de 1530 était tout aussi importante. Melanchthon écrivit ce texte pour le présenter à la Diète d'Augsbourg en 1530, une conférence convoquée par Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique, pour aborder, entre autres, la question de la désunion des chrétiens en Allemagne. Charles Quint était préoccupé par la possibilité d'une invasion de l'Empire ottoman (une autre raison de la conférence) et voulait que le schisme causé par les luthériens soit résolu afin que les chrétiens puissent présenter un front uni contre l'agression ottomane.

Melanchthon rédigea la Confession d'Augsbourg comme une déclaration de foi, non seulement pour les disciples de Luther, mais pour l'ensemble de l'Église, et tenta donc de trouver un compromis sur un certain nombre de points différents sur lesquels les luthériens et les catholiques pouvaient être d'accord. Luther, déclaré hors-la-loi après la Diète de Worms en 1521, ne put assister à la conférence et se fit représenter par Melanchthon, mais la volonté de compromis de ce dernier créa des tensions entre les deux hommes. Roper note:

Pour Luther, le compromis était désormais hors de question. Les lettres qu'il écrivit juste avant la fin de la Diète révèlent à quel point les relations avec Melanchthon s'étaient détériorées. Le 20 septembre, Luther dit à Melanchthon que des gens s'étaient plaints de sa conduite des négociations et lui demanda plus de détails, "afin que je puisse fermer la bouche de vos détracteurs". (329)

Luther admirait l'érudition et l'habileté littéraire de Melanchthon dans la composition de la Confession d'Augsbourg et affirmait qu'il n'aurait pas pu faire mieux, mais même ainsi, la volonté de compromis de Melanchthon, son utilisation de la raison dans les arguments (au lieu de l'appel aux Écritures), et son omission de certaines critiques de l'Église, ont encouragé la tension entre eux. Par la suite, leurs arguments se sont tous développés à partir de divergences professionnelles sur la doctrine et la meilleure façon de la codifier. Tous deux respectaient la position de l'autre, mais n'étaient pas d'accord sur la manière dont ils représentaient la foi. Pour Melanchthon, Luther était trop enclin à des accès de colère qui n'offraient aucun compromis; pour Luther, Melanchthon était trop indulgent dans les débats et trop enclin à concéder pour éviter le conflit.

Philip Melanchthon
Philippe Melanchthon
Lucas Cranach the Younger (Copyright)

Malgré les efforts de Melanchthon, les débats d'Augsbourg ne réussirent pas à réconcilier les luthériens et les catholiques, car aucune des parties n'avait confiance en l'autre et les luthériens craignaient que tout compromis majeur ne conduise à leur destruction. Roper commente:

Supprimer la pub
Publicité

Ce qui a finalement séparé les deux camps, c'est l'absence de confiance - sur le mariage, les sacrements et d'autres questions, les évangéliques ne croyaient tout simplement pas que les catholiques pensaient ce qu'ils disaient, ou qu'ils tiendraient leur parole. (330)

Néanmoins, de nombreux princes présents signèrent la Confession d'Augsbourg, et la tentative de Melanchthon d'unifier les visions catholique et luthérienne avait presque réussi. Luther n'était pas satisfait de certaines des concessions de Melanchthon, mais l'affirmation souvent répétée selon laquelle cela avait causé un fossé entre les deux qui ne fut jamais réconcilié est exagérée.

Luther et Melanchthon

Luther et Melanchthon continuèrent à se respecter et à se défendre mutuellement jusqu'à la fin de leur vie, et s'il y eut un désaccord, il était d'ordre professionnel et non personnel. L'e spécialiste Bengt Hagglund écrit:

La tension entre Luther et Melanchthon ne concernait pas seulement les questions doctrinales, mais aussi la politique de l'Église, la manière dont ils développaient, déclaraient et combattaient pour une confession évangélique. (126)

À cette fin, Luther envoya un certain nombre de lettres à Melanchthon à Augsbourg, l'encourageant à adopter une position plus ferme sur certaines questions. Melanchthon, cependant, avait toujours essayé de désamorcer les conflits, et non de les encourager, tandis que Luther poursuivait régulièrement la voie opposée. Le spécialiste Roland H. Bainton commente:

Luther était extrêmement inquiet et lui écrivit que la différence entre eux était que Melanchthon était [résolu] et Luther cédant dans les disputes personnelles, mais que l'inverse était vrai dans les controverses publiques... Melanchthon était pour reconnaître même le pape, alors que Luther pensait qu'il ne pouvait y avoir de paix avec le pape à moins qu'il n'abolisse la papauté. La véritable question n'était pas entre les controverses personnelles et publiques, mais dans leurs jugements respectifs de la gauche et de la droite. Melanchthon, dans ses efforts pour concilier les catholiques, risquait d'émasculer la Réforme. Mais il ne l'a pas fait. La Confession d'Augsbourg était son œuvre et, en fin de compte, c'était une confession aussi solide que n'importe quelle autre. (334)

Les travaux de Melanchthon après Augsbourg n'ont fait que renforcer sa position de bras droit de Luther et de réformateur à part entière. Alors que Luther prêchait et écrivait des polémiques souvent enflammées contre ses adversaires, Melanchthon raisonnait avec eux. Leurs approches différentes ont donné lieu à l'idée que Melanchthon était le "cerveau" et Luther le "muscle" de la Réforme, mais cela est injuste pour les deux hommes. Melanchthon pouvait argumenter sur la théologie et les Écritures aussi bien que Luther, et Luther maîtrisait aussi bien l'érudition et la rhétorique que Melanchthon, ce qui leur a permis d'établir les fondements de l'Église protestante en Allemagne, ce que ni l'un ni l'autre n'aurait pu faire seul.

Martin Luther Monument
Monument à Martin Luther
Nick Morieson (CC BY)

Conclusion

Après la mort de Luther en 1546, Melanchthon fut reconnu comme le chef de file de la Réforme, mais en même temps, sans Luther pour le défendre, il fut critiqué pour ses compromis d'Augsbourg et d'autres dans des ouvrages ultérieurs. L'aversion de Melanchthon pour le conflit et son désir de paix encouragèrent un certain nombre d'ecclésiastiques luthériens à rejeter son leadership comme suspect et de connivence avec l'Église catholique. Melanchthon resta cependant sur ses positions et continua à mener la Réforme, à fonder l'université de Leipzig, à organiser l'éducation publique et à établir des politiques protestantes à Tubingen, Wittenberg et ailleurs.

Melanchthon poursuivit l'œuvre de la Réforme jusqu'à sa mort, le 19 avril 1560. On dit qu'il passa ses derniers moments, souffrant d'une grippe et de fièvre, à se préoccuper uniquement de l'avenir de l'Église, sans penser à lui-même et sans exprimer la moindre crainte de la mort. Comme Luther, il mourut paisiblement, associant les deux dans la mort comme ils l'avaient été dans la vie. Hagglund commente:

Supprimer la pub
Publicité

À bien des égards, l'idée que la Réforme a été l'œuvre commune de Luther et de Melanchthon correspond aux faits. En fait, beaucoup d'autres personnes ont également apporté des contributions fondamentales, de sorte que nous les appelons à juste titre "réformateurs". Mais les deux personnalités les plus marquantes étaient Luther et Melanchthon. Nous savons que Luther lui-même considérait son co-réformateur comme son collègue le plus précieux, dont la compétence, l'érudition et la profondeur de vue théologique ont été d'une importance capitale pour toute la Réforme. (125)

Son corps fut enterré à côté de celui de Luther dans le cimetière de l'église du château de Wittenberg où, selon le récit de Melanchthon, Luther avait affiché ses 95 thèses en 1517. Melanchthon est aujourd'hui largement reconnu comme l'une des figures les plus importantes de la Réforme protestante et est particulièrement honoré par les luthériens pour sa contribution à une cause qui a changé le monde.

Supprimer la pub
Publicité

Bibliographie

World History Encyclopedia est un associé d'Amazon et perçoit une commission sur les achats de livres sélectionnés.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Joshua J. Mark est cofondateur et Directeur de Contenu de la World History Encyclopedia. Il était auparavant professeur au Marist College (NY) où il a enseigné l'histoire, la philosophie, la littérature et l'écriture. Il a beaucoup voyagé et a vécu en Grèce et en Allemagne.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2021, December 21). Philippe Melanchthon [Philip Melanchthon]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-20197/philippe-melanchthon/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Philippe Melanchthon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le December 21, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-20197/philippe-melanchthon/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Philippe Melanchthon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 21 Dec 2021, https://www.worldhistory.org/Philip_Melanchthon/. Web. 01 Jul 2025.

Adhésion