Sabratha

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 12 septembre 2019
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Roman Theatre of Sabratha (by duimdog, CC BY-SA)
Théâtre romain de Sabratha
duimdog (CC BY-SA)

Sabratha était une ancienne ville portuaire sur la côte d'Afrique du Nord (dans l'actuelle Libye). Le site était à l'origine habité par la tribu berbère Zwagha, au 8e siècle avant notre ère (selon l'historien al-Bakari du 11e siècle), qui lui donna son nom. Elle devint une colonie carthaginoise vers 500 av. JC, connue sous le nom de Tsabatan, et faisait partie d'un réseau commercial à trois villes connu des Grecs sous le nom d'Emporia. Elle fut prise par les Numides sous le règne de leur roi Massinissa (vers 202-148 av. JC) après la défaite de Carthage lors de la deuxième guerre punique (218-202 av. JC) et fut ensuite revendiquée par le petit-fils de Massinissa, Jugurtha (r. 118-105 av. JC) comme faisant partie de son royaume.

La ville faisait partie de celles prises par Rome après la mort de Jugurtha en 105 av. JC, et sous le règne de Jules César (48-44 av. JC), elle fut incluse dans la province d'Africa Nova. Elle continua à jouer son rôle de centre commercial important avec les villes qui avaient constitué l'ancienne Emporia - Leptis Magna et Oea (Tripoli moderne) - et la région était connue au IIIe siècle de notre ère sous le nom de Regio Tripolitania ("région des trois villes"). Sabratha fut le lieu du procès du célèbre poète berbéro-romain Apulée (c. 124 - c. 170 de notre ère, auteur de L'âne d'or) pour sorcellerie en l'an 158 qui donna lieu à sa brillante défense, d'Apologie (ou De Magia), toujours étudiée de nos jours.

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Sabratha fournissait à Rome nombre de ses animaux et marchandises les plus exotiques par une route commerciale directe vers l'intérieur de l'Afrique jusqu'à l'oasis de Ghadamès, où vivait une habile tribu de chasseurs et d'artisans, et Rome récompensa la ville par un développement croissant sous la forme d'un théâtre, d'un amphithéâtre, de temples et de monuments au cours des IIe et IIIe siècles de notre ère. Les ruines de ces structures firent de Sabratha une destination touristique populaire au cours des 50 dernières années, et le site est considéré comme le mieux préservé en dehors d'Italie. Il a été déclaré site du patrimoine mondial en 1982.

Sabratha carthaginoise

Les preuves de l'existence des premières habitations berbères proviennent principalement d'historiens arabes tels qu'al-Bakari, qui citent des tribus telles que les Zwagha, les Zwara et d'autres comme étant originaires de la région. La ville moderne de Zwara, à l'ouest de Sabratha, n'est qu'une attestation de cette affirmation. Il ne reste rien des premières structures que les Zwagha ont pu construire mais, sachant que les tribus berbères côtières d'Afrique du Nord dépendaient de la mer pour leur subsistance et leur commerce, une sorte de communauté devait exister sur le site avant l'arrivée des Carthaginois.

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SABRATHA ÉTAIT L'UN DES PORTS LES PLUS LUCRATIFS DES CARTHAGINOIS GRÂCE À LA ROUTE DIRECTE ENTRE LA VILLE SUR LA CÔTE ET L'OASIS DE GHADAMèS À L'INTÉRIEUR des terres.

Carthage, située plus à l'est sur la côte (dans l'actuelle Tunisie), était la plus grande puissance de la Méditerranée avant la montée en puissance de Rome à la suite de la première guerre punique (264-241 av. JC) et possédait aussi la plus grande flotte de navires. Ils fondèrent des colonies comme Sabratha pour étendre leur portée commerciale après avoir d'abord fondé Oea et Leptis (connue par les Romains sous le nom de Leptis Magna pour la différencier d'une plus petite ville du même nom). Ces trois ports prospérèrent sous les Carthaginois qui encouragèrent le commerce avec les tribus de l'intérieur du pays afin de fournir des produits exotiques aux autres nations.

Sabratha était l'un des ports les plus lucratifs des Carthaginois, principalement grâce à la route directe entre la ville sur la côte et l'oasis de Ghadamès à l'intérieur des terres. La ville se développa de façon régulière, au fur et à mesure que la demande pour les marchandises que Ghadamès pouvait livrer augmentait. Sabratha commença par des structures en brique crue, principalement résidentielles, sur des fondations en pierre avant que les constructeurs ne commencent à travailler principalement la pierre. La population augmenta et la ville s'e développa, ajoutant un marché, des temples et un cimetière, y compris un tophet (cimetière pour enfants). Un témoignage de la richesse de Sabratha sous Carthage, toujours existant, est le Mausolée de Bès, probablement la structure la plus célèbre du site à l'heure actuelle après les ruines du théâtre.

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Mausoleum of Bes
Mausolée de Bès
carinemahy (Copyright)

Le Mausolée de Bès fut commandé par un citoyen punique et construit selon les lignes de l'architecture punique mais incorpore des aspects de différentes cultures. Le mausolée tire son nom actuel de Bès, le dieu égyptien de la fertilité et de la protection, dont l'image figure en bonne place sur la structure. Le nom du citoyen pour lequel il fut construit est inconnu. Des motifs égyptiens apparaissent sur la structure (comme une fausse porte et des disques solaires ailés) ainsi que le héros grec Hercule (qui, comme Bès, est représenté en train de vaincre des lions - dans son cas le célèbre lion de Némée) et des statues de kouroï (jeunes hommes) ainsi que des colonnes ioniques. Les colonnes sont dotées de chapiteaux phénico-cypriotes et l'ensemble du monument est couronné d'une pyramide. L'expert Richard Miles décrit l'effet que le monument aurait eu sur un visiteur grec de la ville:

Pour tout Grec contemporain, le mausolée de Sabratha aurait réussi à paraître à la fois familier et étranger. De nombreux éléments artistiques et architecturaux du mausolée - notamment les chapiteaux, les colonnes, les kouroï et les métopes - sont issus du canon artistique et architectural grec. En outre, les métopes ont été recouvertes de stucs peints de couleurs vives, à l'instar de leurs équivalents grecs. Ces couleurs ont été utilisées de manière particulièrement frappante sur le panneau central. La chair nue de Bès était d'un rose profond. Le blanc éclatant de son pagne et de ses dents mettait en valeur le rouge de ses lèvres lugubres et le bleu cobalt de sa barbe. La couleur ajoutait également beaucoup à l'expressivité des lions, avec leurs crinières bleues reposant sur des corps jaune foncé. Le turquoise de leurs yeux sans vie et le rouge de leurs langues pendantes, contre le blanc éclatant de leurs dents, contrastaient avec la flaccidité de la mort. (19-20)

Le monument, toujours selon Miles, fait fi de la composition classique pour présenter de manière totalement novatrice un puissant symbolisme issu des traditions religieuses et culturelles grecque, punique et égyptienne. Le mausolée représente la diversité de la population de Sabratha à l'époque, mais il est aussi l'une des rares créations authentiquement puniques qui subsistent. L'art punique s'inspirait régulièrement du symbolisme d'autres cultures, mais cela est souvent oublié en raison de la rareté des vestiges (Carthage ayant été détruite par Rome à la fin des guerres puniques en 146 av. JC). C'est pour cette raison que le monument de Sabratha est considéré comme aussi important qu'il l'est; il fait partie des rares représentations existantes de l'art punique authentique et de ce que l'art signifiait pour cette culture. Commentaires de Miles:

Le mausolée de Sabratha est un monument étonnant qui témoigne non pas de la nature dérivative de la culture punique tardive, mais de la mesure dans laquelle le monde punique faisait partie d'une communauté économiquement et culturellement plus large qui s'étendait sur une grande partie de l'Europe du Sud-Ouest et de l'Afrique du Nord bien avant qu'elle ne soit politiquement unie sous l'égide impériale de Rome. Ce n'était pas un monde fondé sur l'écrasante suprématie politique ou militaire d'une puissance particulière, mais un réseau beaucoup plus lâche composé des divers peuples - puniques, grecs, étrusques et autres - qui vivaient le long de ses côtes. Ces différents groupes ethniques étaient initialement liés entre eux par le commerce maritime, moteur de la circulation des biens, des personnes, des techniques et des idées dans l'ancienne Méditerranée. (21)

Sous les Carthaginois, Sabratha était une ville métropolitaine dont la prospérité semblait sans limite jusqu'à ce que celle-ci ne soit interrompue par la guerre. En 264 av. JC, Rome n'était encore qu'une petite ville en formation en Italie, sans flotte à proprement parler, tandis que Carthage régnait déjà sur les mers. Rome et Carthage avaient toutes deux des revendications sur l'île de Sicile et, lorsque deux royaumes siciliens se firent la guerre, Carthage et Rome furent entraînées dans le conflit et se déclarèrent la guerre. Rome développa rapidement une flotte navale et apprit à combattre en mer. La première guerre punique vit la défaite de Carthage qui fut alors redevable d'énormes réparations à Rome, devenue la superpuissance méditerranéenne. Sabratha aurait souffert des conséquences de la guerre, tout comme les autres colonies carthaginoises et Carthage elle-même.

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Rome s'empare de Sabratha

Le vrai tournant pour la ville fut la deuxième guerre punique (218-202 av. JC), la plus connue des trois, au cours de laquelle Hannibal Barca terrorisa Rome et Scipion l'Africain la sauva. Bien que Sabratha elle-même n'ait pas été impliquée dans le conflit, elle changea de mains par la suite lorsque Massinissa de Numidie l'annexa à son royaume. Massinissa était à l'origine un allié de Carthage mais, voyant que Rome allait gagner, il changea de camp. En récompense de son aide, Rome lui laissa faire ce qu'il voulait en Afrique du Nord et Massinissa établit ainsi son grand royaume de Numidie.

Map of the Mediterranean 218 BCE
Carte de la Méditerranée en 218 av. JC
Megistias (Public Domain)

Ce royaume déclina après sa mort, mais fut de nouveau réuni et revigoré par son petit-fils Jugurtha qui, après avoir assassiné ses deux frères adoptifs, s'empara du pouvoir. Jugurtha, conformément à la tradition des relations entre les Numides et les Romains, était censé rester un allié de Rome, mais au lieu de cela, il n'en fit qu'à sa tête, ce qui incita Rome à lui déclarer la guerre en 112 av. JC. Après sa défaite et son exécution en 105 av. JC, Rome segmenta l'Afrique du Nord et s'empara de Sabratha et des autres ports de commerce.

Il reste peu de traces physiques de la Sabratha romaine primitive, mais il ne fait aucun doute qu'elle redevint une ville prospère et qu'elle devait avoir de nombreuses structures impressionnantes, car plus de 50 ans plus tard, Jules César l'incorpora à sa province d'Africa Nova et ordonna des rénovations pour améliorer l'infrastructure de la ville. Un forum y fut ajouté près de l'ancienne place du marché et une basilique afin de régler les affaires juridiques, ainsi que le premier temple d'Isis dans la ville sous le règne d'Auguste César (27 av. JC - 14 ap. JC), qui serait rénové plus tard sous Antonin le Pieux (r. 138-161 ap. JC). La période antonine, en fait, fut l'apogée de la renommée et de la prospérité de Sabratha, car c'est à cette époque que la ville fut entièrement rénovée pour devenir un joyau de la côte nord-africaine.

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La Sabratha romaine

Antonin le Pieux lança les projets de construction dont on peut voir les impressionnantes ruines sur le site aujourd'hui. Il y avait un nouveau temple à Isis (la déesse "étrangère" la plus populaire de l'Empire romain), Sérapis (le dieu hybride d'origine égypto-grecque et plus tard romaine combinant des aspects d'Osiris, Zeus et Jupiter), et la divinité Liber Pater (littéralement "père libre") qui présidait à la fertilité, à la liberté personnelle, au vin et à la viticulture. Des thermes romains, un théâtre et un amphithéâtre, ainsi que de nombreuses autres structures furent construits sous le règne d'Antonin et de ses successeurs Marc Aurèle (r. 161-180) et Commode (r. 180-192). Un tremblement de terre durant le règne d'Antonin endommagea la ville qui fut ensuite remise en état par Marc Aurèle.

Roman theater
Théâtre romain
carinemahy (Copyright)

En l'an 158, le poète, philosophe et auteur Apulée fut jugé à Sabratha, accusé d'avoir utilisé la sorcellerie pour séduire une riche veuve afin de l'épouser. Apulée voyageait en Afrique du Nord lorsqu'il s'arrêta chez un vieil ami d'école du temps où il vivait à Athènes, un certain Pontianus, dont la mère, Pudentilla, était veuve et riche. Pontianus encouragea Apulée à faire la cour à sa mère et à l'épouser car elle semblait l'apprécier et Apulée accepta. Alors que cette relation progressait, Pontianus devait épouser la fille d'un certain Herennius Rufinus, qui s'indigna lorsqu'il apprit que Pudentilla était sur le point de se remarier. Il avait très probablement accepté ce mariage parce qu'elle allait devenir la riche belle-mère de sa fille, mais maintenant, de nouveau mariée, les décisions financières reviendraient à son nouveau mari, Apulée.

Cherchant par tous les moyens à dissoudre le mariage et à se débarrasser d'Apulée, Rufinus l'accusa de sorcellerie. Apulée, habile en rhétorique et en droit, entre autres, se défendit et humilia ses accusateurs dans son Apologie (ou De Magia), une œuvre qui continue d'être étudiée aujourd'hui par les étudiants en droit, en philosophie, en art oratoire et en littérature pour la brillance de sa composition et l'efficacité de sa réfutation des accusations.

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LA BASILIQUE JUDICIAIRE OÙ EUT LIEU LE PROCÈS D'APULÉE FUT RÉNOVÉE PAR ANTONIN et marc AURèle et SES RUINES SONT ENCORE VISIBLES AUJOURD'HUI.

La basilique judiciaire où se déroula le procès d'Apulée faisait partie des nombreuses structures rénovées par Antonin et Marc Aurèle et ses ruines sont encore visibles aujourd'hui. Antonin conféra également à Sabratha le statut de colonie et ses citoyens se sont virent accorder des droits romains en vertu de la loi. Une fois devenue colonie, Sabratha établit un bureau commercial dans le port d'Ostie, près de Rome, et accrut son influence dans le domaine du commerce. L'empereur Septime Sévère (r. 193-211), originaire de Leptis Magna, poursuivit les politiques d'amélioration d'Antonin et de Marc Aurèle à Sabratha ainsi que dans sa ville natale.

La richesse qui en résulta conduisit à une nouvelle rénovation de la ville, cette fois sous l'impulsion des principaux citoyens de Sabratha, qui importèrent des quantités importantes de marbre grec comme matériau de construction. Les structures de Sabratha étaient toutes construites en grès local mais étaient désormais revêtues de marbre, et des colonnes de marbre soutenaient les toits ou élevaient des statues. Le théâtre, l'une des ruines romaines les plus impressionnantes du monde, fut rénové à cette époque et comprend des bas-reliefs détaillés le long du fond de la scène, une fosse d'orchestre, des latrines, et pouvait accueillir jusqu'à 5 000 spectateurs. Les pièces de théâtre grecques devinrent de plus en plus populaires au théâtre, tandis que les spectacles sportifs et de gladiateurs étaient proposés dans l'amphithéâtre de l'autre côté de la ville.

Il y avait des bains au bord de la mer Méditerranée (les "bains de la mer") et en ville (les "bains romains de l'Oceanus") ainsi que des presses à huile, des vignobles et des entreprises qui produisaient des produits ou transformaient ceux qui venaient de l'intérieur. La prospérité de Sabratha reposait toujours sur son accès direct à l'oasis de Ghadamès mais, d'après les fouilles archéologiques menées par Kathleen Kenyon entre 1948 et 1951, il semble que les habitants de la ville produisaient eux-mêmes de nombreux biens.

Déclin et chute

La prospérité de la ville attira l'attention des pillards tribaux et, entre 363 et 365 de notre ère, Sabratha subit de nombreuses incursions de la tribu des Austuriani qui détruisirent des bâtiments et renversèrent des murs. À l'époque antonine, Sabratha s'était développée avec de nombreuses habitations à la périphérie, mais les gens se rapprochèrent désormais du centre de la ville (comme en témoignent les ruines de structures résidentielles construites à cette époque), et les pillards perturbèrent peut-être également l'artère commerciale vers l'intérieur du pays.

Le 21 juillet 365, un tremblement de terre estimé à 8,0 par les spécialistes actuels frappa la Crète, détruisit toutes les structures de l'île et forma un tsunami qui traversa la Méditerranée. Les effets du tremblement de terre furent ressentis jusqu'en Égypte et en Espagne, tandis que Sabratha, beaucoup plus proche de l'épicentre et située directement sur la côte, fut terriblement touchée. Les navires du port furent projetés à l'intérieur des terres et les bâtiments situés en bord de mer s'effondrèrent, y compris le mausolée de Bès. Par la suite, de nombreuses personnes quittèrent la ville, et celles qui restèrent sur place trouvèrent une Sabratha aux prises avec des tempêtes de vent qui remplissaient l'air de sable.

Basilica Ruins, Sabratha
Ruines de la basilique de Sabratha
David Stanley (CC BY)

Lorsque l'Empire romain s'effondra en 476 de notre ère, Sabratha perdit le port d'Ostie ainsi que la protection de Rome. La ville s'était déjà rétrécie, les bâtiments extérieurs ayant été abandonnés aux intempéries et les habitants ayant choisi de vivre dans le centre de la ville. Les Vandales occupèrent la ville pendant un certain temps, puis, au VIe siècle, l'Empire byzantin reprit Sabratha et un certain nombre d'églises furent construites sur les sites des temples en ruine ou les temples furent directement convertis en églises. Les Byzantins tentèrent de ressusciter la ville et de la protéger des éléments et des invasions en érigeant des murs. Ils utilisèrent les ruines du Mausolée de Bès pour les pierres, mais les murs ne purent rien faire pour arrêter le sable porté par les vents. Lorsque les armées musulmanes arrivèrent pour prendre la ville en 643, elle était presque abandonnée. Ils la trouvèrent en si mauvais état qu'ils l'abandonnèrent et concentrèrent leurs efforts sur Oea. Leptis Magna avait connu une trajectoire descendante similaire à celle de Sabratha. C'est pourquoi, des trois grandes villes de la Regio Tripolitania, seule Oea survécut pour devenir la ville moderne de Tripoli.

Découverte et fouilles

Sabratha fut ensevelie par les sables et oubliée jusqu'au début du 20e siècle. Les Italiens, qui avaient pris l'Afrique du Nord à l'Empire ottoman en 1911, envoyèrent des archéologues pour commencer des fouilles pour les musées italiens. Ces expéditions commencèrent en 1912, avec pour objectif de récupérer des artefacts romains, et se concentrèrent sur Tripoli et Cyrène. L'expert Stephen L. Dyson commente :

La Tripolitaine à l'ouest avait une origine punique, mais cette phase de l'histoire intéressait relativement peu les Italiens, d'autant plus que l'antisémitisme politique était de plus en plus répandu. (182)

Les archéologues qui travaillèrent sur les sites tels que Tripoli, Leptis Magna et Sabratha ignorèrent les preuves matérielles de leur histoire ancienne au profit de la période romaine et une grande partie des périodes berbère, carthaginoise et numide fut perdue. Les travaux archéologiques furent interrompus par la Première Guerre mondiale, mais reprirent sérieusement dans les années 1920. Entre 1923 et 1929, Sabratha fut fouillée et restaurée. Comme le note Dyson, "l'accent a été mis sur des projets spectaculaires qui ont mis au jour des sites majeurs comme Leptis et Sabratha pour le tourisme archéologique" (183). Le théâtre fut reconstruit à cette époque, tout comme de nombreux autres bâtiments que l'on peut voir aujourd'hui sur le site, notamment le mausolée de Bès.

Le gouvernement italien refusa d'autoriser des archéologues autres qu'italiens à se rendre en Afrique du Nord ou dans les autres territoires qu'il avait saisis aux Turcs. On ignore donc quels objets d'origine berbère, numide ou punique ont pu être trouvés à Sabratha et ont été rejetés comme étant sans valeur, et quelles considérations ont présidé à la reconstruction de la ville. La Seconde Guerre mondiale interrompit de nouveau les travaux archéologiques à Sabratha, qui ne reprirent pas avant les fouilles de Kenyon en 1948-1951.

Depuis lors, les travaux se sont poursuivis de façon sporadique et aujourd'hui, Sabratha est l'un des sites archéologiques les plus connus au monde et l'une des attractions touristiques les plus populaires en Libye. Les bâtiments existants et les excellents guides touristiques multilingues racontent bien l'histoire de la Sabratha romaine et il y a sur place un musée qui expose de nombreux artefacts et protège les grandes mosaïques des intempéries. C'est un site impressionnant, mais on se demande ce qui a été perdu à cause de l'idéologie politique des archéologues qui ont restauré la ville et ce à quoi Sabratha ressemblait avant l'arrivée de Rome.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2019, septembre 12). Sabratha [Sabratha]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-795/sabratha/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Sabratha." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 12, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-795/sabratha/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Sabratha." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 sept. 2019. Web. 25 avril 2024.

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