Blaise Pascal

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 22 janvier 2024
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Blaise Pascal (by Janmad, CC BY)
Blaise Pascal
Janmad (CC BY)

Blaise Pascal (1623-1662) était un scientifique, mathématicien et philosophe français dont les travaux ont influencé la révolution scientifique et la pensée européenne ultérieure. Pascal est connu pour ses réalisations scientifiques pratiques, telles qu'une machine à calculer, la démonstration des variations possibles de la pression atmosphérique en fonction de l'altitude et une théorie des probabilités.

Pascal est également connu pour ses écrits religieux et philosophiques plus théoriques, tels que les Pensées, publiées à titre posthume, qui contiennent son célèbre conseil gagnant-gagnant pour les croyants hésitants en Dieu, un choix connu sous le nom de pari de Pascal.

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Premières années et mathématiques

Blaise Pascal vit le jour à Clermont-Ferrand, dans le centre de la France, le 19 janvier 1623. Son père, Étienne Pascal (1588-1651), était un magistrat du tribunal fiscal local et un très bon mathématicien. La famille s'installa à Paris en 1631. Blaise fut éduqué par son père et fit preuve d'un grand talent pour les mathématiques dès son enfance. À l'âge de 12 ans, il découvrit que la somme des angles internes d'un triangle était toujours égale à deux angles droits. Il publia un article théorique sur les sections coniques alors qu'il n'avait que 16 ans. Le jeune Pascal fut fièrement exhibé dans les salons parisiens en tant que petit génie.

À 19 ans, Pascal avait déjà inventé une machine à calculer, destinée à aider son père dans ses calculs fiscaux. La machine, composée d'une boîte en laiton à six roues et de marqueurs en papier, pesait 2,5 kilogrammes, mais elle était relativement petite (environ 28 cm de long). L'utilisateur se servait d'un stylet pour tourner les différentes roues dans la configuration souhaitée, et la machine pouvait effectuer des additions et des soustractions. Pascal déposa un brevet pour cet appareil, mais malheureusement, faute de technologie permettant de le produire en masse, l'idée n'aboutit pas. Une réplique de la machine de Pascal est aujourd'hui conservée au Conservatoire national des arts et métiers de Paris. L'absence de formation universitaire de Pascal s'avéra n'être en rien un handicap.

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Pascal's Calculator
La calculatrice de Pascal
Science Museum, London (CC BY-NC-SA)

Une autre réalisation fut le travail de Pascal en 1654 avec son collègue mathématicien français Pierre de Fermat (1601-1665) - principalement par le biais de lettres - où ils discutèrent de deux problèmes. Le premier problème consistait à déterminer la fréquence des doubles six en utilisant deux dés et un certain nombre de lancers. Le second problème était de savoir comment répartir les mises initiales si un jeu de dés devait être interrompu avant la fin prévue. Les travaux de Pascal et Fermat aboutirent à ce qui allait devenir la base de la théorie moderne des probabilités. L'historien E. Cameron explique ce changement comme suit:

Ce n'est que dans les années 1650 et 1660 qu'une nouvelle conception de la probabilité devint soudainement un thème majeur, avec Pascal et Leibniz parmi ses principaux représentants. le mot "probable" lui-même était en train de changer de sens, passant de "soutenu par des autorités" à "vraisemblable au vu de toutes les preuves". (203)

Plusieurs phénomènes mathématiques portent le nom de Pascal, même s'il ne fut pas toujours le premier à les découvrir. Le "théorème de Pascal" décrit les propriétés d'un hexagone inscrit dans une section conique (Burns, 235), le "triangle de Pascal" traite de l'arrangement des nombres entiers, et le "principe de Pascal" est utilisé en hydraulique car il révèle que la pression exercée sur une zone d'un liquide (à condition qu'il soit confiné) entraînera sa dilatation égale dans toutes les directions.

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The Scientific Revolution in Europe
La révolution scientifique en Europe
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Pascal le scientifique

Pascal était un grand expérimentateur et il était en parfait accord avec Francis Bacon (1561-1626), souvent considéré comme le fondateur de la méthode scientifique moderne, en ce sens qu'il croyait en la nécessité de l'expérimentation pratique pour élargir notre connaissance du monde. Pascal admirait également les anciens pour leur attitude pratique à l'égard de la science, mais il tenait également à souligner que, malgré la vogue de la Renaissance qui consistait à vénérer l'antiquité, ils n'avaient pas tout découvert (il pensait en particulier au vide) et que sa propre génération devrait certainement s'efforcer de faire ses propres recherches, toutes nouvelles:

Ceux que nous appelons anciens étaient vraiment nouveaux en toutes choses, et constituaient proprement l'enfance de l'humanité; et comme nous avons joint à leurs connaissances l'expérience des siècles qui les ont suivis, c'est en nous-mêmes que nous devrions trouver cette antiquité que nous vénérons chez les autres. (Gotttlieb, x)

Pascal connut une sorte d'illumination personnelle après avoir miraculeusement survécu à un accident de voyage.

Pascal s'intéressait particulièrement au vide, un phénomène dont certains penseurs et spécialistes des sciences naturelles pensaient encore qu'il n'existait pas et ne pouvait pas exister (comment "rien" peut-il exister? demandaient-ils). Il réalisa également des expériences avec un baromètre - un autre nouveau domaine scientifique - afin de démontrer que la pression de l'air varie en fonction de l'altitude. En 1648, Pascal et son beau-frère Florin Périer menèrent leurs expériences en installant des dispositifs composés de tubes remplis de mercure à diverses positions sur le flanc d'une montagne, le Puy-de-Dôme, dans le Massif central de la France. Les scientifiques constatèrent que le niveau de mercure dans le tube de verre diminuait au fur et à mesure que l'on s'élevait dans la montagne. Pascal espérait que son baromètre pourrait être utilisé pour mesurer la hauteur, mais cette idée fut abandonnée lorsqu'il se rendit compte que la pression atmosphérique n'était pas constante.

Les expériences de Pascal avec des tubes fins et des liquides l'amenèrent à créer la première seringue simple. Les expériences sur le baromètre permirent également de progresser dans le domaine de l'hydraulique, un sujet que Pascal aborda dans le Traité de l'équilibre des liqueurs (publié seulement en 1663). Bien que Pascal ait évoqué la possibilité théorique du vide dans son ouvrage de 1647 intitulé Expériences nouvelles touchant le vide, l'énigme de l'établissement d'un vide contrôlable finit par être résolue par Robert Boyle (1627-1691) à l'aide d'un dôme de verre et d'une pompe à air.

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Portrait of Blaise Pascal
Portrait de Blaise Pascal
Science Museum, London (CC BY-NC-SA)

L'historien S. Blackwell note une autre réalisation de Pascal: "Pascal avait un profond intérêt pour les pauvres et fonda le premier service d'autobus public, dont il reversa les bénéfices à des œuvres de charité" (351).

Retraite à Port-Royal

Vers la fin de l'année 1654, Pascal connut une sorte d'illumination personnelle après avoir miraculeusement survécu à un accident de voiture. Le carrosse de Pascal s'était renversé et avait failli tomber par dessus un pont. Il ne fut sauvé que parce que les harnais qui retenaient les chevaux s'étaient rompus, sans quoi ils auraient entraîné Pascal vers une mort certaine. Après l'avoir échappée belle, dont Pascal mit deux semaines à se remettre, il se concentra sur les études religieuses, ce qui l'amena à se reconvertir au catholicisme. Au début de l'année 1655, il décida d'abandonner ses études scientifiques plus profanes et pratiques pour se concentrer sur la philosophie et la théologie. Pascal s'installa pour une vie de retraite à l'abbaye de Port-Royal-des-Champs, non loin au sud de Paris. L'abbaye était dirigée par les jansénistes et constituait le cœur même de ce mouvement puritain au sein du catholicisme, qui suivait strictement les enseignements d'Augustin d'Hippone (354-430).

LES LETTRES PROVINCIALES ET LES PENSÉES fureNT TOUTES DEUX SALUÉES POUR LE STYLE D'ÉCRITURE INTENSE ET PARFAITEMENT LISIBLE DE PASCAL.

La sœur de Pascal était déjà religieuse à l'abbaye de Port-Royal, et c'est là qu'il travailla sur De l'esprit géométrique, écrit vers 1658, qui présente les idées de Pascal sur la méthodologie qu'il préfère pour la science et la philosophie. Il écrivit également ce qui est devenu son œuvre la plus célèbre, les Pensées, un recueil de notes inachevé qui, comme De l'esprit géométrique, ne fut publié qu'après la mort de Pascal (et pas dans son intégrité avant 1952). Les Pensées sont une défense des opinions religieuses de Pascal. Il y formule l'idée que "Dieu n'est pas connu par l'étude des lois de la nature, mais qu'il se manifeste dans les miracles mêmes qui violent ces lois" (Burns, 120). Pascal pensait avoir lui-même fait l'expérience d'une telle violation des lois de la nature en 1656, lorsque sa nièce se remit miraculeusement d'une maladie apparemment mortelle. Pour Pascal, c'est avant tout par l'imagination ou l'intuition, et non par la raison, que l'on peut connaître Dieu.

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Les Lettres provinciales (alias Les Provinciales, 1656-7) sont un autre ouvrage qu'il rédigea pendant sa retraite et qui s'attaquait aux Jésuites, principaux adversaires des Jansénistes. Malgré la popularité des Provinciales, les jansénistes menaient une bataille perdue d'avance et Port-Royal fut fermé en 1661. Les lettres provinciales et les pensées furent toutes deux saluées pour le style d'écriture intense et parfaitement lisible de Pascal, très différent de ce qui était alors la norme dans les textes à thème religieux.

Abbey of Port-Royal-des-Champs
Abbaye de Port-Royal-des-Champs
Françoise Foliot (Public Domain)

Le pari de Pascal

Bien que Pascal ait été d'une certaine manière un philosophe sceptique, il s'appuyait beaucoup plus sur la foi que sur la raison pour ses croyances religieuses personnelles. Il suggéra toutefois une solution intéressante à ceux qui ne parvenaient pas à croire en l'existence de Dieu et en une vie après la mort. L'idée n'était pas entièrement nouvelle, mais Pascal formula en termes plus formels un scénario de "meilleur pari" concernant la foi en Dieu. Si l'on n'est pas sûr, il est préférable de croire en Dieu, car si l'on se trompe et que Dieu n'existe pas, on ne perd rien. Si l'on ne croit pas en Dieu et qu'il y a une vie après la mort, on risque la damnation éternelle. Pour reprendre les termes de Pascal:

Si vous gagnez, vous gagnez tout. Si vous perdez, vous ne perdez rien. Pariez donc, sans hésiter, qu'Il existe.

(Law, 114)

Les options sont donc essentiellement de gagner gros ou de perdre gros. Croire en Dieu est, par conséquent, le choix rationnel. Selon Pascal, la foi en Dieu présente d'autres avantages que celui d'assurer son âme dans l'au-delà, car il pensait qu'un croyant était moins susceptible de s'adonner à des "plaisirs empoisonnés" (Blackburn, 352) et de mieux se comporter avec les autres.

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Pascal comprenait que croire sincèrement une chose au lieu d'une autre n'est pas simplement une question d'interrupteur dans le cerveau, comme certains critiques l'ont souligné. Il conseillait de commencer par faire ce que faisaient les autres croyants, comme aller régulièrement à l'église et lire la Bible. Il suggérait de passer le plus de temps possible avec d'autres croyants, car il pensait que la foi était, au moins dans une certaine mesure, contagieuse, et que cet environnement convaincrait progressivement un non-croyant de croire vraiment.

Certains critiques, notamment W. K. Clifford (1845-1879), ont souligné que Pascal semble subordonner la vérité à l'intérêt personnel. Selon le pari de Pascal, le croyant ne croit que parce que cela semble être la meilleure chose à faire. De plus, Dieu le sait, et l'on risque donc de toute façon d'être damné pour toujours.

Une autre critique porte sur le fait que le pari de Pascal n'a que deux issues et qu'il est présenté comme une chance sur deux, alors qu'en réalité, il peut y avoir plus d'issues possibles et que le pari n'est pas égal. Par exemple, il se peut qu'il y ait un Dieu, mais qu'il n'ait rien à voir avec le Dieu chrétien, et qu'il ne suffise pas de croire en cette version de la divinité suprême pour bénéficier d'une vie après la mort. D'autres pourraient faire valoir que, comme il n'existe aucune preuve de l'existence d'un Dieu dans le monde physique, le pari n'est pas clairement 50:50 qu'il existe ou non, mais plutôt que les chances que Dieu existe sont beaucoup plus faibles. Dans ce cas, et si nous conservons l'analogie du pari, parier sur Dieu pourrait être un pari à 1 000 contre 1. Ce fait compromettrait sérieusement l'argument de Pascal selon lequel il n'y a rien à perdre à passer du temps à l'église et à lire la Bible. À 1 000 contre 1, une personne pourrait réévaluer ce temps potentiellement perdu comme étant un prix trop élevé à payer pour une probabilité trop faible de gagner le pari.

Statue of Pascal, Louvre
Statue de Pascal, Louvre
Augustin Pajou (Public Domain)

Mort et héritage

À la fin de sa vie, Pascal souffrait d'un grave problème d'estomac. Les insomnies qui en résultaient l'amenèrent à se remettre à réfléchir à des problèmes de mathématiques et de géométrie. L'un d'entre eux consistait à déterminer l'aire d'un segment spécifique de la cycloïde ("la courbe formée par un point de la circonférence d'un cercle lorsqu'il roule le long d'une ligne droite", Burns, 78). Pascal, dont l'esprit était toujours aussi vif, trouva la solution, puis publia le problème, mettant au défi quiconque de trouver la réponse. Certains des plus éminents penseurs européens relevèrent le défi, et certains donnèrent la bonne réponse, notamment le scientifique néerlandais Christiaan Huygens (1629-1695) et l'architecte anglais Christopher Wren (1632-1723).

Pascal mourut à Paris le 19 août 1662. Il n'avait que 39 ans. Les Pensées sont devenues depuis "un classique reconnu de la littérature dévotionnelle" (Blackburn, 351), et Pascal est ainsi le seul scientifique majeur de la Révolution scientifique à "atteindre la grandeur à la fois dans la science et dans la littérature" (Burns, 171). Comme nous l'avons vu, les expériences scientifiques de Pascal et ses travaux en mathématiques ont permis de créer des lois et des principes qui ont aidé d'autres personnes à s'appuyer sur ses travaux pour faire d'autres découvertes. Les réflexions de Pascal sur la croyance religieuse ont également eu une grande influence, notamment sur Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Plus récemment, pour sa contribution aux premières machines à calculer, Pascal a été honoré en ayant un langage de programmation qui porte son nom.

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Questions & Réponses

Pour quoi Blaise Pascal est-il connu?

Blaise Pascal est connu pour avoir été un scientifique, mathématicien et philosophe français. Il mena des expériences pionnières avec des baromètres, inventa une machine à calculer, suggéra que la croyance en Dieu était le meilleur pari que l'on pouvait faire (pari de Pascal) et plusieurs théorèmes mathématiques portent son nom.

Qu'est-ce que le "pari de Pascal" ?

Le "pari de Pascal" a été proposé par Blaise Pascal pour convaincre les gens de croire en Dieu, car si Dieu n'existe pas, on n'a rien à perdre dans l'au-delà. Si Dieu existe, on gagne le salut éternel.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2024, janvier 22). Blaise Pascal [Blaise Pascal]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22588/blaise-pascal/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Blaise Pascal." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 22, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-22588/blaise-pascal/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Blaise Pascal." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 22 janv. 2024. Web. 27 avril 2024.

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