Alexandre II roi d'Écosse

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 09 décembre 2020
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Seal of Alexander II of Scotland (by Unknown Artist, Public Domain)
Sceau d'Alexandre II d'Écosse
Unknown Artist (Public Domain)

Alexandre II régna sur l'Écosse de 1214 à 1249. Succédant à son père Guillaume Ier (r. de 1165 à 1214), Alexandre soutint les barons du nord de l'Angleterre contre l'impopulaire roi Jean d'Angleterre (alias Jean Sans Terre, r. de 1199 à 1216) et contribua ainsi à la signature de la Grande Charte (Magna Carta) en 1215. Le roi écossais resserra impitoyablement son emprise sur les régions frontalières de l'Écosse et rétablit des relations pacifiques avec son voisin du sud en épousant la sœur d'Henri III d'Angleterre (r. de 1216 à 1272). Alexandre mourut en 1249 alors qu'il faisait campagne pour arracher les îles occidentales à la couronne norvégienne. Son fils Alexandre III d'Écosse lui succéda (r. de 1249 à 1286).

Jeunesse

Alexandre vit le jour le 24 août 1198 à Haddington, dans le Lothian oriental. Son père était Guillaume Ier d'Écosse et sa mère Ermengarde de Beaumont (morte en 1234), descendante illégitime d'Henri Ier d'Angleterre (r. de 1100 à 1135). Âgé d'à peine 11 ans et déjà préparé à son futur rôle, le jeune prince participa à une campagne contre les rebelles à Ross. En outre, il fut envoyé à Westminster, en Angleterre, en 1212, où il fut fait chevalier par le roi Jean. Guillaume Ier mourut le 4 décembre 1214 au château de Stirling et c'est son fils, alors âgé de 16 ans, qui lui succéda et devint Alexandre II d'Écosse. Alexandre fut intronisé roi à l'abbaye de Scone un jour plus tard, le 5 décembre.

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Édimbourg fut le théâtre d'exécutions publiques très crues: les rebelles étaient attachés à des chevaux et leurs corps étaient déchiquetés.

Contrôle de l'Écosse

Le père d'Alexandre avait beaucoup fait pour consolider son contrôle sur l'Écosse, en maîtrisant les rébellions dans les régions de Galloway, Ross et autres. Certaines de ces régions restaient instables et Alexandre dut réprimer plusieurs rébellions mineures et deux rébellions importantes en Galloway (1234-5 et 1247). Le jeune roi était encore plus impitoyable que son père et, lorsqu'un de ses évêques fut assassiné dans le nord, il rassembla 80 personnes qui avaient été témoins du meurtre. Ces 80 personnes eurent les mains et les pieds coupés. Les chefs rebelles furent capturés et décapités, leurs têtes étant ensuite exhibées en public pour avertir les autres. Les rebelles capturés dont la vie fut épargnée furent amputés d'une main et d'un pied. Édimbourg fut témoin d'exécutions publiques très crues au cours desquelles les rebelles étaient attachés à des chevaux et leurs corps déchiquetés. En 1228, Alexandre mit enfin un terme à la lignée des rebelles mac Williams qui avaient causé tant de problèmes dans le nord de l'Écosse, une politique d'extermination qui incluait l'exécution publique du dernier de la lignée, un simple enfant.

Arms of Alexander II of Scotland
Armoiries d'Alexandre II d'Écosse
Matthew Paris (Public Domain)

Le roi Jean et la Grande Charte

L'un des domaines dans lesquels Guillaume Ier, le père d'Alexandre, s'était efforcé de maintenir le statut d'indépendance de l'Écosse était sa relation avec les rois anglais, qui l'avaient obligé à signer des traités reconnaissant son statut de vassal d'Henri II d'Angleterre (r. de 1154 à 1189), puis du roi Jean d'Angleterre. Guillaume avait envahi le nord de l'Angleterre à plusieurs reprises, mais le roi Jean avait levé une grande armée et avait obligé le roi écossais à accepter Jean comme son suzerain féodal en septembre 1209. En vertu du traité de Norham, Guillaume était tenu de payer 15 000 marks à Jean et de lui fournir deux de ses filles (Marguerite et Isabelle) comme otages pour garantir le respect de son retour au statut de vassal.

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Le règne du roi Jean devenant de plus en plus impopulaire, Alexandre y vit l'occasion non seulement de libérer l'Écosse de son statut de vassal, mais aussi d'acquérir des terres lucratives au sud de la frontière. Les barons rebelles d'Angleterre, fatigués des impôts et des guerres infructueuses contre la France, furent heureux de trouver un allié et donnèrent à Alexandre d'importants domaines dans le nord du royaume. Le roi Jean fut contraint de signer la Grande Charte en 1215. Cette charte limitait le pouvoir royal anglais et soulignait la primauté de la loi sur tous, y compris sur la monarchie. La Grande Charte contenait également une clause qui rétablissait l'indépendance de l'Écosse vis-à-vis de l'Angleterre, révoquant ainsi le traité de Norham. Cependant, le roi Jean revint presque immédiatement sur ses promesses et envoya une grande armée non seulement dans le nord de l'Angleterre, mais aussi dans le sud de l'Écosse. Berwick fut réduite en cendres en janvier 1216. Alexandre riposte en incendiant Carlisle et en menant des raids dans le Cumberland l'été suivant.

King John of England & Philip II of France
Le roi Jean d'Angleterre et Philippe II de France
British Library (Public Domain)

Les barons anglais souhaitaient remplacer Jean par le prince Louis, fils de Philippe (et futur Louis VIII de France, r. de 1223 à 1226). Louis envahit le sud-est de l'Angleterre et s'empara de la Tour de Londres et du château de Rochester. Alexandre entreprit une audacieuse marche vers le sud pour rencontrer le prince français à Canterbury à la fin de l'été 1216. Jurant fidélité à Louis et obtenant probablement la promesse qu'il gagnerait le Northumberland si le Français devenait roi d'Angleterre, Alexandre retourna en Écosse. Sur le chemin du retour, il tenta une seconde fois de prendre le château de Barnard, mais échoua à nouveau. Avec toute cette activité aux deux extrémités de son royaume, le roi Jean prit la fuite, mais il mourut de fièvre ou de dysenterie en octobre 1216 au château de Newark. Le successeur de Jean était Henri III d'Angleterre, beaucoup plus populaire, qui, avec l'aide de personnalités telles que Sir William Marshal, battit Louis à Lincoln en 1217. L'unité fut ainsi rétablie en Angleterre. Alexandre, quant à lui, fut excommunié par le pape pour avoir tenté de renverser un autre monarque.

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Des liens plus étroits avec l'Angleterre

Des relations pacifiques furent rétablies entre l'Écosse et l'Angleterre après qu'Alexandre eut rendu hommage à Henri III à Northampton à Noël 1217. Les liens se renforcèrent lorsqu'Alexandre épousa Jeanne (1210-1238), sœur d'Henri, à York le 19 juin 1221. Dans le cadre de cet accord, Alexandre abandonna également les prétentions de l'Écosse sur le Northumberland. Au même moment, Marguerite, la sœur d'Alexandre, épousait Hubert de Burgh, ancien régent d'Henri, comte de Kent et justicier d'Angleterre.

L'Écosse se transforma: certaines des anciennes familles gaéliques disparurent et furent remplacées par des familles anglo-normandes.

Le 25 septembre 1237, Henri III signa un traité à York qui accordait à Alexandre quelques domaines dans le nord de l'Angleterre, tout en lui interdisant d'y construire des châteaux. L'accord reconnaissait également - mais sans le dire explicitement - que les monarques d'Écosse et d'Angleterre étaient de rang égal. Ce traité, connu sous le nom de Paix d'York, fixa la frontière entre l'Angleterre et l'Écosse à peu près telle qu'elle est aujourd'hui.

Malheureusement, la reine Jeanne mourut de maladie le 4 mars 1238 sans que le couple royal n'ait eu d'enfant. Alexandre se remaria, cette fois avec Marie de Coucy, une noble française, le 15 mai 1239. Marie était la mère de l'héritier du roi, né le 4 septembre 1241 et nommé Alexandre en l'honneur de son père. Dans le cadre d'un autre lien amical avec Henri III, l'enfant Alexandre fut fiancé à la fille du roi d'Angleterre, Marguerite, elle aussi mineure à l'époque.

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Reverse Side, Seal of Alexander II of Scotland
Revers, sceau d'Alexandre II d'Écosse
Unknown Artist (Public Domain)

Gouvernement

Alexandre poursuivit la politique de ses prédécesseurs en étendant le contrôle royal à tous les coins de son royaume. De nouveaux shérifs furent nommés, les lois féodales furent largement appliquées et des bourgs royaux furent fondés pour promouvoir le commerce, notamment à Dumbarton en 1222. En conséquence, le XIIIe siècle vit une Écosse comparativement plus unifiée, mais aussi en pleine mutation, puisque certaines des anciennes familles gaéliques disparurent du pouvoir et que des familles anglo-normandes prirent leur place. Les mariages mixtes entre ces deux groupes contribuèrent à laisser de nombreux domaines entre les mains de nobles loyaux à la fois au monarque écossais et au monarque anglais, une complication qui aurait des répercussions au siècle suivant, lorsque le spectre de la guerre assombrit de nouveau les îles britanniques. Pour l'heure, cependant, le principal effet fut de créer une nation plus homogène, qui ne se définissait plus par son ascendance, mais simplement par un nom: les Écossais.

Mort et successeur

En 1244, Alexandre tenta de reprendre le contrôle des îles occidentales, alors sous contrôle norvégien (et ce depuis le XIe siècle). Le roi écossais envoya une ambassade diplomatique au roi Håkon IV de Norvège (r. de 1217 à 1263), lui proposant de payer en argent pour la restitution des îles. Håkon IV refusa et Alexandre eut recours à la force. Cependant, c'est au cours d'une campagne qu'Alexandre mourut de fièvre, le 6 ou le 8 juillet 1249, sur l'île de Kerrera. Le roi fut enterré à l'abbaye de Melrose et son jeune fils Alexandre, qui devint Alexandre III d'Écosse, lui succéda. Alexandre III épousa effectivement Marguerite, la fille d'Henri III, en 1251 et poursuivit ainsi des relations pacifiques avec l'Angleterre. Tragiquement, le roi mourut en tombant d'une falaise en 1286, et, sans héritier, Alexandre fut le dernier monarque de la Maison de Canmore, fondée par Malcolm III d'Écosse (r. de 1058 à 1093). Les monarques suivants se disputeraient le contrôle de l'Écosse, une bataille remportée par l'un des plus grands héros du pays, Robert le Bruce (r. de 1306 à 1329), qui fonderait sa propre dynastie de rois.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Style APA

Cartwright, M. (2020, décembre 09). Alexandre II roi d'Écosse [Alexander II of Scotland]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19337/alexandre-ii-roi-decosse/

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Cartwright, Mark. "Alexandre II roi d'Écosse." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 09, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19337/alexandre-ii-roi-decosse/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Alexandre II roi d'Écosse." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 déc. 2020. Web. 26 avril 2024.

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