
David II d'Écosse régna de 1329 à 1371. Ayant succédé à son père Robert le Bruce (règne de 1306 à 1329) alors qu'il était encore enfant, son règne fut menacé par le prétendant Édouard Balliol (vers 1283-1364), fils du roi John Balliol (règne de 1292 à 1296). Édouard Balliol bénéficia du soutien d'Édouard III d'Angleterre (règne de 1327 à 1377) et parvint à se déclarer roi à deux reprises et à régner sur certaines parties de l'Écosse en septembre-décembre 1332, puis de 1333 à 1336. David fut contraint à l'exil en France, mais revint en Écosse en 1341. Une invasion dans le nord de l'Angleterre s'avéra désastreuse lorsque David fut capturé à la bataille de Neville's Cross en 1346 et gardé à la Tour de Londres pendant 11 ans jusqu'à ce qu'une rançon ne garantisse sa libération. En gouvernant bien l'Écosse lorsqu'il en eut l'occasion, le roi améliora considérablement les finances de la Couronne. David mourut sans héritier en 1371 et Robert Stewart, lieutenant du roi, lui succéda. Il devint Robert II d'Écosse (règne de 1371 à 1390) et fonda la maison royale des Stewart/Stuart.
Succession
David Bruce vit le jour le 5 mars 1324 à Dunfermline, son père étant le roi d'Écosse Robert le Bruce, alias Robert Ier d'Écosse. Sa mère était Elizabeth de Burgh (morte en 1327), fille de Richard de Burgh, comte d'Ulster. Robert le Bruce se battit à la fois contre des rivaux écossais et des rois anglais pour obtenir et conserver sa couronne. Lorsqu'il mourut en juin 1329, son seul héritier mâle était David, qui n'avait alors que cinq ans. David fut couronné à l'abbaye de Scone le 24 novembre 1331; il fut le premier roi écossais à recevoir l'onction approuvée par la papauté. David reçut même une petite couronne et un minuscule sceptre fabriqués spécialement pour lui afin qu'il puisse les tenir pendant la cérémonie. Avec un mineur sur le trône, les rivaux de la famille Bruce avaient l'occasion d'essayer de prendre le pouvoir. Thomas Randolph, comte de Moray, puis, après sa mort en juillet 1332, le comte de Mar, protégèrent le roi et dirigèrent un conseil de tutelle.
Prise de pouvoir de Balliol
Le principal rival des Bruce était la famille Balliol. Cette rivalité remontait à la Grande Cause de 1292, lorsqu'Édouard Ier d'Angleterre (règne de 1272 à 1307) choisit John Balliol comme roi d'Écosse à la place de Robert le Bruce (l'arrière-grand-père de David II). John s'était révélé un roi inefficace et les Écossais, après une décennie de luttes intestines, s'étaient finalement ralliés à Robert le Bruce (le père de David II). Cependant, les Balliol n'avaient pas disparu et ils voyaient maintenant leur chance de récupérer le trône qu'ils considéraient comme leur revenant de droit. La figure de proue de la famille était désormais Édouard Balliol, le fils de John Balliol. Édouard avait été emprisonné dans la Tour de Londres avec son père, mais il était de retour sur le devant de la scène, et surtout, il avait le soutien d'Édouard III d'Angleterre. Le roi d'Angleterre était impatient d'avoir son propre homme sur le trône écossais, même si sa sœur Jeanne (née en 1321) avait épousé David II le 12 juin 1328 (un accord conclu alors qu'Édouard était mineur).
Édouard Balliol avait de nombreux alliés écossais: les "déshérités", ces barons déshérités par le morcellement des terres par Robert le Bruce au profit de ses propres partisans. Balliol ne disposait encore que d'un soutien théorique de la part d'Édouard III, mais il envahit néanmoins l'Écosse en août 1332. Arrivée par la mer, la force battit l'armée royale écossaise à Dupplin Moor, près de Perth, le 11 août. Le tuteur de David, Donald, comte de Mar, fut tué au cours de la bataille. En septembre, Édouard se déclara roi et fut couronné à l'abbaye de Scone le 24. Son règne serait de courte durée. En décembre 1332, une victoire des partisans de David à Annan obligea Balliol à se retirer à York. Ce fut cependant un répit temporaire pour ce qui semblait être une partie de trônes musicaux dans l'Écosse des années 1330.
Exil en France
En mars 1333, Édouard III envoya une armée anglaise complète pour aider Balliol à assiéger Berwick. Les Écossais répondirent avec une armée dirigée par Sir Archibald Douglas. L'armée combinée de Balliol n'était encore que la moitié de celle de Douglas, mais le prétendant remporta l'engagement à Halidon Hill le 19 juillet 1333 grâce à une combinaison d'archers et à une bonne utilisation de la topographie. Édouard fut donc à nouveau couronné roi d'Écosse à l'abbaye de Scone, mais il eut du mal à convaincre la majorité des Écossais qui refusèrent de céder une partie du sud de l'Écosse à l'Angleterre et de devenir le royaume vassal d'Édouard III. Beaucoup considéraient encore David comme leur roi légitime, et la famille Bruce avait toujours le soutien de puissants barons et, surtout, du roi de France, Philippe VI de France (règne de 1328 à 1350). Le jeune ex-roi et la reine s'enfuirent du château de Dumbarton pour se réfugier en France en mai 1334, où ils passèrent les sept années suivantes. Cette cour en exil fut établie à Château Gaillard en Normandie, qui avait été construit par Richard Ier d'Angleterre (règne de 1189 à 1199). David, encore adolescent, y étudia les livres et apprit à manier les armes de chevalier du tournoi médiéval. En 1339, le jeune roi combattit même (sous sa propre bannière) l'armée française dans les Flandres.
Chute d'Édouard Balliol
De retour en Écosse, où de nombreux barons restaient fidèles à la famille Bruce, le règne d'Édouard Balliol était partiel en termes de territoire et précaire lorsqu'il perdit le contrôle des châteaux de Stirling et d'Édimbourg. Les barons rivaux s'affrontant, Édouard fut déposé en 1334, avant de revenir en 1335 avec une imposante armée anglaise. Les alliés de David évitèrent une confrontation directe avec les envahisseurs, ce qui permit à Balliol de passer une autre année précaire sur le trône.
David retourna finalement en Écosse en juin 1341. Là, il dut faire face à la concurrence de Robert Stewart, fils de Marjorie (née vers 1295), fille du roi Robert le Bruce et d'Isabelle de Mar, et donc neveu de David par alliance. Stewart s'était imposé comme l'un des principaux nobles du royaume pendant l'absence de David et, avec l'aide du tuteur Sir Andrew Murray, il avait débarrassé l'Écosse de Balliol en 1336, qui ne bénéficiait plus alors d'aucun soutien pratique de la part d'Édouard III. Au cours des cinq années qui avaient précédé le retour de David, Stewart avait considérablement enrichi ses propres domaines dans les transactions chaotiques avec les armées anglaises et écossaises, ce qui avait modifié les bases traditionnelles du pouvoir régional et s'avérerait important dans les années à venir.
La frontière entre l'Angleterre et l'Écosse finit par être rétablie selon les lignes traditionnelles, tandis qu'à partir de 1337, Édouard III tourna son attention vers la France, plus riche, et s'occupa de ce que l'histoire a appelé la guerre de Cent Ans (1337-1453). Les forces écossaises furent en mesure d'effectuer des raids répétés dans le nord de l'Angleterre, mais la France insista pour que l'Écosse honore les accords conclus dans le cadre du traité et fasse davantage pour destabiliser son voisin du sud.
Relations avec la France
À la fin du XIIIe et au XIVe siècle, l'Écosse entretenait des liens étroits avec la France, l'ennemi numéro un de l'Angleterre. En 1296, l'Écosse s'allia officiellement à Philippe IV de France (règne de 1285 à 1314), première étape de ce que l'on a appelé la "Auld Alliance" (vieille alliance). En 1326, le traité de Corbeil établit formellement une alliance d'assistance mutuelle entre les deux royaumes. Une clause stipulait même que si la France attaquait l'Angleterre, l'Écosse était également tenue d'attaquer son voisin méridional.
En juin 1340, le roi de France Philippe VI réunit une flotte, probablement destinée à envahir l'Angleterre, mais elle fut coulée par une flotte anglaise à Sluys, dans l'estuaire de l'Escaut (Pays-Bas). L'Écosse put ainsi s'en sortir à bon compte, étant donné les obligations imposées par le traité de Corbeil. Les batailles terrestres de la guerre de Cent Ans qui suivirent se déroulèrent toutes sur le sol français. Cependant, Philippe fit de toute façon appel à ses alliés écossais pour envahir le nord de l'Angleterre et forcer Édouard à se retirer de France. David II, désireux de récupérer les terres qu'Édouard Balliol avait cédées à ses alliés anglais, accepta et envahit le nord de l'Angleterre en octobre 1346.
Capture à Neville's Cross
Durham était la cible initiale des Écossais, mais une armée de miliciens anglais en infériorité numérique dirigée, entre autres, par l'archevêque d'York William la Zouche, vainquit les Écossais à la bataille de Neville's Cross, à l'extérieur de la ville, le 17 octobre 1346. Une fois de plus, les archers anglais se révélèrent être l'arme décisive du moment. La cause écossaise ne fut guère aidée par la désertion de certains chefs sur le champ de bataille même, notamment Robert Stewart. Plus désastreux encore que la défaite, le roi David fut blessé par une flèche ayant touché sa tête, puis capturé avec plus de 50 chevaliers écossais. Six comtes écossais moururent également au cours de la bataille. Le 2 janvier 1347, le roi fut exhibé à Londres devant une foule en délire et emmené à la Tour de Londres pour une détention longue, mais au moins confortable.
Entre-temps, la guerre s'avéra particulièrement facile pour Édouard III. En mesure de se concentrer sur les affaires continentales, les Anglais remportèrent une grande victoire à Poitiers, en France, en septembre 1356. Le fils d'Édouard, Édouard, le Prince Noir (1330-1376), y captura le nouveau roi de France, Jean le Bon, alias Jean II de France (règne de 1350 à 1364). Aussi incroyable que cela puisse paraître, Édouard III avait désormais deux rois rivaux sous les verrous.
Pendant l'absence forcée du roi, l'Écosse fut gouvernée par Robert Stewart, qui se présentait désormais comme le lieutenant du roi. Stewart n'était pas particulièrement enthousiaste à l'idée de réunir la rançon nécessaire à la libération du roi. Outre la gestion de nobles acariâtres et le chaos financier qui régnait dans le royaume, l'arrivée de la peste noire en Grande-Bretagne en 1348 constitua une autre complication pour le mandat de Stewart. Ce terrible fléau emporta peut-être jusqu'à un tiers de la population.
Retour en Écosse
David fut finalement libéré le 7 octobre 1357 dans le cadre du traité de Berwick, par lequel les Écossais acceptaient de payer une rançon et de respecter une trêve de dix ans entre les deux pays. La rançon pour la libération de David était énorme et dut être payée en plusieurs fois, et encore avec difficulté. Au cours des années de captivité du roi, Robert Stewart et plusieurs parlements écossais avaient fermement refusé d'accéder à la demande du roi David de désigner la famille royale anglaise comme héritière de l'Écosse s'il n'avait pas lui-même d'héritier et d'échapper ainsi au paiement d'une rançon aussi onéreuse. De retour sur son trône, David reçut finalement la soumission formelle de Robert Stewart en 1363, après que ce dernier eut tenté en vain de déposer le roi.
C'est ainsi qu'une Écosse plus stable put enfin prospérer. La rançon devait encore être payée, mais Édouard III accepta au moins de la réduire et d'abandonner son soutien à Édouard Balliol (qui, devenu vieux, renonça à ses prétentions et se contenta d'une belle pension). David se servit de sa puissante personnalité et de l'utilisation judicieuse des concessions de terres et des titres pour imposer progressivement le contrôle royal sur les barons qui étaient devenus un peu trop puissants pendant son absence forcée. Le roi utilisa également ses parlements à bon escient pour collecter davantage d'impôts, de taxes et de droits de douane, ce qui plaça la Couronne dans une situation financière nettement plus sûre qu'elle ne l'avait été depuis des décennies.
Mort et successeur
David mourut le 22 février 1371 au château d'Édimbourg et fut enterré à l'abbaye de Holyrood. Il ne laissa pas d'héritier, sa femme Jeanne étant partie définitivement pour l'Angleterre en 1358 après avoir découvert le roi avec l'une de ses nombreuses maîtresses. Un second mariage, cette fois avec Marguerite Drummond (m. 1375) en avril 1363, se solda par une annulation en 1369, et ne donna pas d'enfant. David mourut avant d'avoir pu épouser la troisième femme qu'il se proposait d'épouser, Agnus Dunbar. C'est donc Robert Stewart qui devint roi sous le nom de Robert II d'Écosse en 1371 après avoir racheté son principal rival, le comte William Douglas. C'est ainsi que fut fondée la maison royale des Stewart (qui deviendraient plus tard les Stuart), qui régnerait sur l'Écosse jusqu'en 1714.