Möngke Khan

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 17 octobre 2019
Disponible dans ces autres langues: anglais
Écouter cet article
X
Imprimer l'article
An Audience with Mongke Khan (by Unknown Artist, Public Domain)
Une audience avec Möngke Khan
Unknown Artist (Public Domain)

Möngke Khan régna sur l'Empire mongol (1206-1368) de 1251 à 1259. En tant que troisième Grand Khan ou "souverain universel" des Mongols, Möngke supervisa des réformes administratives qui continuèrent à centraliser le gouvernement et lui permirent de disposer des ressources nécessaires pour étendre avec succès l'empire en Chine à l'est et jusqu'en Syrie à l'ouest. Son règne fut le dernier des khans mongols à superviser un empire unifié avant son éclatement définitif en plusieurs khanats gouvernés par les descendants concurrents de l'homme qui avait tout fondé, Gengis Khan (r. de 1206 à 1227).

Les descendants de Gengis Khan

En décembre 1241, Ögedeï Khan mourut après avoir jeté les bases d'un empire gouvernable qui s'étendait désormais sur toute l'Asie. Son fils Güyük lui succéda en 1246 après une brève régence assurée par l'épouse d'Ögedeï, Töregene. Le règne de Güyük en tant que troisième khan de l'Empire mongol ne durerait que deux ans. Güyük n'avait jamais été un choix populaire et de nombreux nobles, dont la loyauté était divisée entre les descendants de Gengis Khan, contestèrent la décision, d'où le retard de sa nomination après la mort d'Ögedeï. Il est probable que Güyük ait été empoisonné par un rival en 1248 et, ce qui n'est peut-être pas une coïncidence, sa mort empêcha un assaut planifié sur la partie occidentale de l'empire qui n'avait pas soutenu sa revendication au trône.

Supprimer la pub
Publicité

Une fois de plus, le trône de l'empire était vide et les descendants de Gengis Khan se disputaient pour savoir qui serait le "souverain universel" ou le Grand Khan. Möngke, né en 1209, fils de Tolui (c. 1190 - c. 1232), le plus jeune fils de Gengis Khan, était l'un des principaux candidats. Möngke avait fait campagne avec succès dans le sud de la Russie et en Europe de l'Est avec d'autres commandants mongols entre 1237 et 1241. Il commandait en particulier l'aile de l'armée mongole qui avait attaqué avec succès les Kipchaks (alias Coumans) au nord de la mer Caspienne. Après sa capture, le chef kipchak Bachman refusa de s'agenouiller devant Möngke et fut coupé en deux pour son manque d'obéissance.

Après avoir pris le pouvoir en 1251, Möngke se lança dans une purge impitoyable de la Maison d'ögedeï et d'autres.

La candidature de Möngke au poste de Grand Khan était soutenue par Batu Khan, qui représentait la maison Djötchi. Ce clan avait été dirigé par le père de Batu Khan, Djötchi, le fils aîné de Gengis Khan, mais il était mort en 1227, juste avant Gengis. Un autre obstacle pour ce côté de la famille était que Djötchi était né alors que sa mère était en captivité et que sa légitimité en tant que véritable descendant de Gengis Khan avait toujours été contestée par les autres branches de la famille. C'est peut-être pour cette raison que la famille de Djötchi s'était vu attribuer les terres de l'extrême ouest de l'Empire mongol, mais elle restait la plus grande rivale de la maison Ögedeï, et l'indiscipliné Batu était la principale raison pour laquelle Güyük avait planifié une campagne dans cette région.

Supprimer la pub
Publicité

Map of the Mongol Empire
Carte de l'Empire mongol
Arienne King (CC BY-NC-SA)

Succession

Batu Khan avait refusé la nomination au poste de Grand Khan lui-même et préférait que n'importe qui, sauf un Ögedeï, gouverne l'empire. Batu soutint donc Möngke de la lignée Tolui. Batu était également reconnaissant à la mère de Möngke, Sorghaghtani Beki, de l'avoir averti de l'intention de Güyük de faire campagne contre lui. Batu avait établi son domaine autour de la steppe russe (principalement le Kazakhstan moderne et la Russie méridionale), une région qui reçut plus tard le nom plutôt romantique de Horde d'or, sur laquelle Batu régna de 1227 à 1255. En échange de son soutien à la candidature de Möngke, Batu obtint une autonomie complète dans sa partie de l'empire.

Mongke nomma ses frères cadets Houlagou et Kubilaï vice-rois respectivement de l'Iran et de la Chine du Nord contrôlée par les Mongols.

Après avoir officiellement pris le pouvoir lors du kurultay (réunion) des chefs de tribus mongoles en 1251, Möngke se lança dans une purge impitoyable de la maison Ögedeï, dont les survivants, représentés par Qaïdu II (1236-1301), le petit-fils d'Ögedeï trop jeune pour représenter une menace, s'enfuirent pour s'installer définitivement en Sibérie. L'épouse de l'ancien khan Güyük, Oghul Qaïmich, qui avait servi de régente (1248-1251) après la mort de son mari, fut l'une des victimes les plus tristement célèbres de la purge; jugée pour trahison en décembre 1252, elle fut ensuite jetée dans une rivière enveloppée de feutre - un sort habituellement réservé aux sorcières. La maison de Chagatai - une autre branche des descendants de Gengis - fut purgée de la même manière. Dans tout l'empire, les nobles et les hauts administrateurs furent massacrés par des méthodes d'exécution aussi imaginatives que le piétinement, l'ablation des mains et des pieds ou le remplissage de la bouche de la victime avec des pierres. La vague de terreur finit par s'apaiser et laissa la Maison de Tolui comme clan dominant dans le monde mongol.

Supprimer la pub
Publicité

Réformes administratives

L'Empire mongol sous le règne de Möngke est décrit en détail dans l'Itinerarium de Guillaume de Rubrouck (c. 1220-1293). Le missionnaire franciscain se rendit notamment dans la capitale Karakorum, et la division du pouvoir entre Möngke et Batu est reflétée dans la citation suivante du Grand Khan: "Tout comme le soleil répand ses rayons dans toutes les directions, mon pouvoir et le pouvoir de Batu sont répandus partout" (cité dans Morgan, 127). Rubrouck déplore également le fait que Möngke était souvent ivre lorsqu'il était appelé à avoir une audience avec le khan. Le missionnaire put profiter de l'hospitalité de la cour de Möngke car de nombreux représentants étrangers y étaient accueillis et aucune des nombreuses religions pratiquées dans l'empire n'était réprimée - à condition que leurs adeptes ne menacent pas l'État. Toutefois, les récits de certaines sources selon lesquels le khan se serait converti au christianisme ne sont pas étayés par des preuves convaincantes.

Malgré les débuts sanglants de son régime, on attribue traditionnellement à Möngke l'institution de plusieurs réformes administratives importantes au sein de l'Empire mongol, bien que nombre d'entre elles puissent en fait remonter au règne d'Ögedeï. Quel qu'ait été le responsable, l'approche générale du gouvernement continua à évoluer, passant de la simple conquête et de l'appropriation du butin ou de l'imposition de taxes irrégulières chaque fois que cela était nécessaire, à la gestion correcte d'un empire. Par conséquent, on s'assura qu'une communauté sédentaire prospère pouvait fournir des revenus à long terme et plus constants à l'État par le biais d'un système d'imposition plus équitable. Un recensement fut ordonné, de nouvelles provinces furent incluses dans l'administration, comme celles conquises sur les Rus, et le gouvernement fut centralisé. Pour mieux réguler le système fiscal, à partir de 1253, les paiements furent autorisés en argent, en pièces d'argent et en soie, ainsi qu'en monnaie traditionnelle (les fourrures des provinces de la Rus et le papier-monnaie de la Chine du Nord étaient également acceptés). Le fait que toutes ces politiques aient atteint leur objectif d'enrichissement de l'État est attesté par la capacité de Möngke à lever d'immenses armées pour mener des campagnes de part et d'autre de son empire.

Campagnes en Perse

Möngke nomma ses frères cadets Houlagou (mort en 1265) vice-roi (ilkhan) d'Iran et Kubilaï vice-roi de la Chine du Nord contrôlée par les Mongols. Chacun disposait d'une armée composée de deux soldats sur dix dans l'empire (un système rendu possible grâce au recensement antérieur). À partir de 1253, Houlagou se mobilisa et fit campagne à l'ouest pour étendre avec succès son domaine en Iran et en Irak, écrasant au passage en 1256 les Ismaéliens, également connus sous le nom d'Assassins (que personne n'aimait en raison de leurs opinions religieuses hérétiques et de leur penchant pour les assassinats). D'autres victoires suivirent et Houlagou finit par vaincre le califat abbasside d'Irak (fondé en 750) en janvier 1258. Les Mongols s'emparèrent de Bagdad le mois suivant après un bref siège. Le massacre d'une semaine qui s'ensuivit - jusqu'à 800 000 morts selon la tradition - et l'exécution du calife entraînèrent l'effondrement du califat abbasside, bien que son empire ait été recentré au Caire et soit devenu le sultanat mamelouk (1261-1517). L'assassinat du calife fut rapporté par Marco Polo et d'autres personnes; il trouva la mort enfermé dans une tour avec tous ses trésors comme pour lui rappeler qu'il aurait dû dépenser plus d'argent pour sa propre défense. Selon une version moins romantique (mais plus probable), le calife aurait été enveloppé dans un tapis persan et tué à coups de pied.

Supprimer la pub
Publicité

The Assassins Alamut Castle, Iran
La forteresse Alamut des Assassins, Iran
Alireza Javaheri (CC BY)

Les Mongols poursuivirent leur route jusqu'en Syrie et assiégèrent Alep en décembre 1259. La ville principale tomba en une semaine et le massacre habituel des habitants s'ensuivit peu après. Puis, au milieu de l'année 1260, la nouvelle de la mort de Möngke leur parvint et la campagne fut interrompue. La petite armée mongole restée en Syrie fut vaincue par les Mamelouks à la bataille d'Aïn Djalout le 3 septembre 1260. Malgré ce revers des plus inhabituels, le territoire que Houlagou s'était taillé, avec son cœur en Iran, allait devenir une autre tranche de l'Asie sous domination mongole, l'État connu sous le nom d'Ilkhanat.

Campagnes contre les Song

Kubilaï, quant à lui, avait des ambitions encore plus grandes, mais pour l'instant il attendait son heure, profitant de l'occasion pour créer un réseau local de soutien et une équipe de conseillers talentueux dans le nord de la Chine, notamment Liu Bingzhong (1216-1274). À partir de 1253, Möngke fit personnellement campagne aux côtés de Kubilaï dans ses attaques contre la Chine méridionale, toujours contrôlée par la dynastie Song (960-1279). Les forces mongoles traversèrent le Tibet et pénètrèrent dans le Yunnan, soumettant le royaume de Dali en 1257; le Sichuan et la Chine orientale furent également envahis. Grâce au territoire gagné, les Mongols pouvaient désormais s'attaquer à la faiblesse de la Chine des Song, et une attaque sur quatre fronts fut donc planifiée pour envahir le sud et l'ouest. Cependant, à peine commencée, la campagne s'arrêta suite à la mort de Möngke le 11 août 1259 alors qu'il assiégeait la ville chinoise de Chongqing.

Mort et Kubilaï Khan

La mort inattendue de Möngke non seulement mit fin à la campagne des Song, elle provoqua également une nouvelle dispute entre les commandants mongols pour savoir qui pourrait lui succéder. L'empire mongol était désormais essentiellement composé de quatre parties distinctes: la Horde d'or, l'Ilkhanat, le Khanat Chagatai en Asie centrale, et le reste de la Mongolie et de la Chine septentrionale. Bien que Houlagou ait refusé de se présenter comme candidat au poste de khan suivant, une guerre civile finit par éclater entre les deux principaux candidats restants: Kubilaï et son jeune frère Ariq Boqa (1219-1266), que Möngke avait nommé régent alors qu'il était en campagne contre les Song. Les deux candidats se déclarèrent nouveaux khan. Kubilaï bénéficia du soutien de Houlagou et de ressources plus importantes, si bien qu'il remporta la guerre de quatre ans et devint le nouveau Grand Khan reconnu en 1260. Kubilaï étendit ensuite l'empire mongol à sa plus grande superficie et, en conquérant enfin les Song, il s'imposa en tant qu'empereur de Chine sous un nouveau nom de dynastie: la dynastie Yuan.

Supprimer la pub
Publicité

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2019, octobre 17). Möngke Khan [Möngke Khan]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18505/mongke-khan/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Möngke Khan." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 17, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18505/mongke-khan/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Möngke Khan." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 17 oct. 2019. Web. 05 déc. 2024.

Adhésion