
Tiridate Ier régna en tant que roi d'Arménie de 63 à 75 ou 88 de notre ère.) Considéré comme le fondateur de la dynastie des Arsacides, son règne connut des débuts difficiles avec des invasions de Rome et des Parthes mais, une fois couronné lors d'une somptueuse cérémonie à Rome dirigée par Néron en personne, le roi arménien régna pendant deux décennies relativement paisibles et très prospères. La date exacte de la fin de son règne est controversée en raison de sources anciennes contradictoires, mais son fils Sanatruk II (alias Sanatrocès) lui succéda (probablement) et poursuivit le succès de son père en équilibrant l'Arménie sur la corde raide diplomatique qu'elle semblait destinée à occuper à jamais entre les deux superpuissances de la région.
Succession
Tiridate Ier d'Arménie était le frère du roi parthe Vologèse Ier (r. vers 51- jusqu'à 80 de notre ère, dates contestées) qui envahit l'Arménie en 52 de notre ère dans le but précis d'installer Tiridate sur le trône. L'Empire romain cependant n'avait aucunement l'intention de permettre passivement aux Parthes d'entrer dans ce qu'il considérait une zone tampon entre les deux grandes puissances. En outre, une ambassade représentant la faction pro-romaine d'Arménie arriva à Rome et demanda une aide directe. En conséquence, l'empereur romain Néron (r. de 54 à 68 de notre ère) envoya une armée sous les ordres de son meilleur général Cnaeus Domitius Corbulo en 54 de notre ère pour restaurer l'influence romaine dans la région.
Tout d'abord, Corbulo fut chargé de sécuriser la Syrie et le petit royaume de Sophène (Dsopk) afin de renforcer la présence de Rome dans la région et de rappeler aux Parthes à qui ils avaient affaire. Puis, lorsque les Parthes déclarèrent l'Arménie État vassal en 58 de notre ère, Corbulo remonta vers le nord et attaqua l'Arménie. Lorsque les Romains arrivèrent dans le royaume de Tiridate, Vologèse fut contraint de se retirer pour faire face aux troubles internes de la Parthie, mais Tiridate resta dans la capitale arménienne d'Artachat (Artaxate). Tiridate était en fait soutenu par la plupart des Arméniens qui étaient plus favorables aux Parthes qu'à Rome pour des raisons historiques et culturelles.
Corbulo se révéla à nouveau un commandant de campagne très compétent et, avec le soutien logistique des navires romains de la mer Noire, il prit et détruisit les deux villes les plus importantes: Artachat et Tigranocerte. En 60 de notre ère, il pouvait prétendre régner sur tout le royaume d'Arménie et Tiridate fut contraint de s'enfuir chez son frère en Parthie. La même année, Tigrane V, qui avait d'impressionnantes relations royales en tant que petit-fils d'Hérode le Grand, monta sur le trône en tant que monarque pro-romain, mais il ne durerait que jusqu'à ce que les Parthes envoient une armée pour l'assiéger dans ce qui restait de Tigranocerte. Par la suite, Tigrane disparut des pages de l'histoire après une brève apparition dans les listes de rois arméniens.
En 62 de notre ère, les Parthes remportèrent la victoire contre une armée romaine (qui n'était peut-être plus commandée par Corbulo), mais en 63 de notre ère, les Romains et Corbulo revinrent et leur menace fut suffisante pour que le traité de Rhandeia (nommé d'après le site d'Arménie occidentale) soit rédigé. Il fut désormais convenu que les Parthes avaient le droit de nommer les rois arméniens, que Rome avait le droit de les couronner et que les deux puissances régnaient à égalité sur l'Arménie, le roi étant leur représentant. Néron eut donc le privilège de couronner Tiridate à Rome lors d'un spectacle somptueux qui contribua largement à démontrer la puissance et la portée mondiale de l'Empire romain.
Couronnement de Tiridate
En 66 de notre ère, Tiridate remit donc symboliquement sa couronne à une effigie de Néron, puis se rendit dans la grande ville de Rome pour la recevoir à nouveau des mains de l'empereur. Par voie terrestre, un impressionnant cortège, comprenant l'épouse du futur roi (portant un casque d'or et un masque facial au lieu d'un voile), ses enfants, sa famille élargie et 3 000 courtisans, nobles, prêtres et gardes du corps venus d'Arménie, de Parthie et de Rome, se mit en route vers l'ouest. Lorsque Néron avait proposé de prendre en charge les frais de voyage, il n'avait peut-être pas imaginé une telle liste d'invités. Il n'est donc pas surprenant que toute la troupe soit arrivée en retard à Naples après neuf mois de voyage. Une série de jeux de gladiateurs et d'athlétisme ouvrit les festivités avant le couronnement proprement dit dans le Forum de Rome. Là, agenouillé devant l'empereur, Tiridate dut réciter ce qui deviendrait la formule orientale familière de soumission:
Maître... je suis venu à toi, mon dieu, pour te vénérer comme je vénère Mithra. Le destin que tu me dessines sera le mien, car tu es ma Fortune et mon Destin. (Payaslian, 29)
Néron répondit:
Tu as bien fait de venir ici pour jouir de ma présence en personne. Ce que ton père ne t'a pas laissé et ce que tes frères n'ont pas conservé pour toi, je te l'accorde et je te fais roi d'Arménie, afin que tu saches, aussi bien qu'eux, que j'ai le pouvoir d'enlever et d'accorder des royaumes. (Kurkjian, 78)
Le roi fut ensuite couronné et autorisé à s'asseoir sur un trône à côté de Néron, bien que légèrement plus bas que celui de l'empereur romain. Les festivités se poursuivirent au théâtre de Pompée que Néron, fidèle à lui-même, avait entièrement paré d'or étincelant et d'auvents de pourpre de Tyr en guise de prime impériale flamboyante. Les Romains aimaient le spectacle et le couronnement de Tiridate leur en offrit certainement un; d'ailleurs, par la suite, le jour de la célébration porta l'épithète "doré". À la fin de la fête, Néron offrit à Tiridate un cadeau d'adieu de 2 millions de sesterces et l'envoya reconstruire l'Arménie.
Un règne prospère
Avec un tel flot de sources antiques se réjouissant du couronnement de Tiridate, il est plutôt décevant de constater que nous savons si peu de choses sur le reste de son règne. Nous savons que les Romains placèrent ensuite une poignée de garnisons dans la région pour s'assurer que le traité de Rhandeia était respecté, mais en général, il y eut, comme prévu par les trois parties, une période de paix durable.
La prospérité du royaume, fondée sur les ressources naturelles, l'agriculture et le commerce, permit à Tiridate de construire une nouvelle résidence d'été à Garni. Ce magnifique complexe fortifié construit en pierre calcaire blanche possédait toutes les commodités de n'importe quel palais du monde classique. On y trouvait des bains romains, des jardins, des cours, des salles au sol en mosaïque et même un temple romain grandeur nature pour le roi lorsqu'il était en résidence (qui subsiste encore aujourd'hui). Une inscription de Garni révèle que Tiridate se faisait désormais appeler "le Soleil" et "chef suprême de l'Arménie". Parmi les autres projets notables de cette période, on peut citer la reconstruction d'Artachat après sa destruction par Corbulo et qui, selon les auteurs romains, fut rebaptisée Neronia en l'honneur du grand bienfaiteur du roi. Au nord de cette ville, un temple fut dédié au dieu Tir. Enfin, un certain nombre de domaines furent réservés par le roi pour que les pèlerins puissent rendre hommage à certains de ses proches, car il était désormais le dieu Soleil Hélios. La production agricole et le tribut qui en découlait permettaient également d'alimenter le trésor royal.
Malgré cette période faste, le statut de royaume client de l'Arménie ne tarda pas à être rappelé. L'empereur romain Vespasien (règne de 69 à 79 de notre ère) s'assura qu'aucun autre territoire de la région ne tomberait aux mains de la dynastie parthe en annexant les royaumes de Commagène et de Petite Arménie en 72 de notre ère. La même année (ou peut-être la suivante), le peuple nomade des Alains envahit temporairement l'Arménie, mais Tiridate resta indemne. Il y eut peut-être aussi une invasion arménienne de l'Ibérie (l'actuelle Géorgie), mais les détails manquent dans les archives historiques désormais muettes.
Successeur et dynastie arsacide
Tiridate Ier est considéré comme le fondateur de la dynastie arsacide (Arshakuni), qui durerait jusqu'en 428 de notre ère. La dynastie eut en fait son premier roi en 12 de notre ère avec la succession de Vononès, mais l'instabilité du trône arménien et les nombreux monarques de courte durée après Vononès ont conduit certains historiens à considérer Tiridate, avec son régime plus stable et celui de ses successeurs, en tant que véritable fondateur de la dynastie. À la mort de Tiridate, son fils Sanatruk II lui succéda (probablement) et régna jusqu'en 109 de notre ère.
This article was made possible with generous support from the National Association for Armenian Studies and Research and the Knights of Vartan Fund for Armenian Studies.