
L'expression "Bleeding Kansas" (Kansas sanglant) fut inventée par le New York Tribune en 1856, en référence à l'escalade des hostilités dans le territoire du Kansas entre les militants pro-esclavagistes et les anti-esclavagistes des "États libres" après l'adoption de la loi Kansas-Nebraska de 1854. De violents affrontements entre ces deux factions se déroulèrent de 1854 à 1859, mais les hostilités se poursuivirent jusqu'en 1861, lorsque le Kansas fut admis dans l'Union en tant qu'État libre, et jusqu'à la fin de la guerre de Sécession.
Le Bleeding Kansas est considéré comme un prélude à la guerre de Sécession (1861-1865), car la violence entre les factions montra clairement que la question de l'esclavage ne pouvait finalement être réglée que par une action militaire. Elle montra également à quel point les États-Unis étaient divisés sur la question de l'esclavage, les voisins s'entretuant pour savoir si le Kansas devait être un État libre ou un État esclavagiste.
Ces conflits furent encouragés par la disposition de la loi Kansas-Nebraska de 1854 qui autorisait la souveraineté populaire à trancher la question. Les habitants du territoire du Kansas devaient voter sur ce qu'ils voulaient faire de leur État. Le problème, comme on s'en rendit compte assez rapidement, c'est que cela incita les deux camps à remplir la région du plus grand nombre possible de partisans de leurs causes respectives et encouragea également les "border ruffians" pro-esclavagistes du Missouri à pénétrer dans le territoire pour voter illégalement.
Les tensions dans la région ne furent jamais résolues et les hostilités entre les États libres, les partisans de l'esclavage et leurs alliés, les "border ruffians", se poursuivirent tout au long de la guerre de Sécession. Au moins 60 personnes perdirent la vie entre 1854 et 1859, bien que ce chiffre soit probablement sous-estimé. Bien que le bleeding Kansas soit généralement considéré comme faisant référence aux années 1854-1859, les hostilités ne prirent vraiment fin qu'avec l'adoption du treizième amendement en 1865, qui abolit l'esclavage.
Contexte
En 1787, le Congrès adopta l'Ordonnance du Nord-Ouest, qui interdit la propagation de l'esclavage dans le Territoire du Nord-Ouest, et, en 1807, il abolit la traite transatlantique des esclaves. L'esclavage était limité aux États où il était déjà établi, et chaque État pouvait décider de maintenir cette "institution particulière" ou de voter en faveur de l'abolition.
En général, les États du Nord dépendaient moins du travail des esclaves que ceux du Sud et l'esclavage y fut donc progressivement abandonné, mais dans le Sud, avec ses grandes plantations de coton et de tabac, l'esclavage continua à prospérer, surtout après l'invention de l'égreneuse à coton en 1793, qui accélérait le processus de culture du coton mais exigeait plus de travail pour la cueillette et le transport de la récolte.
La vente de la Louisiane aux États-Unis en 1803 doubla presque la taille des États-Unis, mais suscita une controverse sur la question de savoir si cette région, une fois divisée en États, serait admise dans l'Union en tant qu'État libre ou en tant qu'État esclavagiste. Ce problème fut résolu par le Compromis du Missouri de 1820, qui admit le Missouri (partie de l'achat de la Louisiane) en tant qu'État esclavagiste et le Maine en tant qu'État libre en 1820, maintenant ainsi l'équilibre des forces entre les États esclavagistes et les États libres. Le Compromis du Missouri interdit également l'esclavage au nord du 36°30' parallèle et à l'ouest du fleuve Mississippi, à l'exception du Missouri.
Après la guerre américano-mexicaine (1846-1848) et l'acquisition de nouvelles terres dans le cadre de la "cession mexicaine", la question se posa à nouveau et trouva une réponse dans le compromis de 1850, qui prévoyait que l'esclavage dans les États du Nouveau-Mexique et de l'Utah serait régi par la souveraineté populaire. Le compromis comprenait également la loi sur les esclaves fugitifs de 1850, qui obligeait les autorités, les forces de l'ordre et les citoyens des États libres à aider à capturer les esclaves fugitifs et à les ramener à leurs maîtres; cette loi était extrêmement impopulaire et accrut les tensions entre les États libres et les États esclavagistes.
La loi Kansas-Nebraska de 1854 fut rédigée par le même homme qui avait présenté la version finale du Compromis de 1850, le sénateur Stephen A. Douglas (1813-1861) de l'Illinois. Le Kansas et le Nebraska étant tous deux situés au nord du 36°30' parallèle, la loi de Douglas abolit le Compromis du Missouri de 1820 en laissant au peuple lui-même le choix de choisir l'esclavage ou de le rejeter. Le Nebraska étant plus au nord, on supposait que la population rejetterait l'esclavage, mais on s'attendait à ce que le Kansas, bordé par l'État esclavagiste du Missouri et disposant de vastes plaines ouvertes pour les cultures, entre dans l'Union en tant qu'État esclavagiste.
Les problèmes commencèrent avec la disposition relative à la souveraineté populaire de la loi Kansas-Nebraska de 1854, car chaque camp y vit une occasion d'accroître son pouvoir dans un gouvernement représentatif en remplissant la région de partisans le plus rapidement possible. Par conséquent, les immigrants des États libres et esclavagistes se précipitèrent au Kansas afin d'établir la résidence requise pour voter sur la question. Le Kansas étant très proche du Missouri, les militants pro-esclavagistes arrivèrent les premiers, fondant les villes d'Atchison et de Leavenworth. Les anti-esclavagistes des États libres arrivèrent également en 1854, établissant des communautés dans ce qui allait devenir Lawrence et Topeka. Le vote fut fixé à novembre 1854 et tous les acteurs étaient en place pour le début des hostilités qui, deux ans plus tard, seraient connues sous le nom de "Bleeding Kansas".
Votes et hostilités 1854-1856
Parmi les partisans les plus militants de l'État libre, John Brown (1800-1859) fit campagne dans le nord-est pour collecter des fonds et encourager les personnes qui partageaient ses idées à émigrer au Kansas. Au même moment, les "borders ruffians" firent de même. En novembre 1854, des groupes armés venus du Missouri se présentèrent au vote, intimidant les habitants des États libres et déposant illégalement des bulletins de vote en faveur du candidat pro-esclavagiste, John Wilkins Whitfield.
Le nombre de suffrages exprimés dépassa le nombre de citoyens inscrits sur le territoire. Une enquête du Congrès révéla la fraude et un nouveau vote fut organisé en mars 1855. Cet événement fut une réitération de celui de novembre 1854, avec des partisans de l'esclavage qui affluèrent du Missouri et firent basculer le vote en faveur de leurs candidats. Le gouverneur territorial Andrew Reeder invalida certains de ces résultats en les considérant comme frauduleux, mais cela ne résolut en rien le problème. Le spécialiste Andrew Delbanco commente:
Sur appel au gouverneur nommé par le gouvernement fédéral, un nouveau vote fut ordonné dans certains districts, et les candidats antiesclavagistes firent à peine mieux. Réunie au cours de l'été 1855 dans la ville de Lecompton, dans l'est du Kansas, la législature ignora les nouveaux résultats et fit siéger une majorité écrasante pro-esclavagiste, qui adopta une série de codes esclavagistes, dont l'un prescrivait la peine de mort pour toute personne aidant un esclave fugitif. En octobre, les Free-Soilers, attachés au principe selon lequel l'esclavage ne devait pas être autorisé à s'étendre, et dont le nombre commençait à rattraper celui de leurs adversaires, convoquèrent un contre-gouvernement à Topeka et exigèrent de nouvelles élections.
Les hommes des deux camps étaient désormais des "arsenaux ambulants". La New England Emigrant Aid Company (Société d'aide aux émigrants de Nouvelle-Angleterre) envoya des fonds et des armes aux fermiers du Free-Soil désireux de s'installer dans les nouveaux champs du Kansas. Après que Henry Ward Beecher eut déclaré qu'essayer d'enseigner aux propriétaires d'esclaves leurs erreurs revenait à lire "la Bible à des buffles", les carabines portées par les antiesclavagistes au Kansas furent connues sous le nom de "Bibles de Beecher".
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Le Kansas avait désormais deux capitales différentes - Lecompton (pro-esclavagiste) et Lawrence (État libre) -, deux constitutions différentes et deux législatures différentes. La première hostilité fut ladite guerre de Wakarusa de novembre-décembre 1855, qui commença lorsque Franklin Coleman (pro-esclavagiste) tua par balle un homme de l'État libre nommé Charles Dow. Ce meurtre n'avait rien à voir avec l'esclavage ou les divisions politiques qu'il avait provoquées; il s'agissait d'une querelle personnelle, mais comme le tueur était pro-esclavagiste et la victime un "free stater" (ou free soiler) les deux camps s'emparèrent de l'événement.
Coleman se rendit et fut relâché, mais un autre homme, un Free stater nommé Jacob Branson, qui avait été témoin, fut arrêté pour trouble à l'ordre public. Un détachement de Free staters libéra Branson, ce qui exaspéra la faction pro-esclavagiste, et environ 1 000 hommes du Missouri franchirent la frontière pour se battre. Les deux camps se faisaient face, prêts à en découdre, mais le nouveau gouverneur, Wilson Shannon, parvint à négocier une trêve. La seule victime de la guerre de Wakarusa, outre Dow, fut un free stater du nom de Thomas Barber, tué dans une embuscade avant l'arrivée de Shannon.
Escalade des hostilités 1856-1859
Les événements de la guerre de Wakarusa ne furent oubliés par aucun des deux camps et les tensions continuèrent de s'intensifier. Le 21 mai 1856, une troupe pro-esclavagiste, composée en grande partie de border ruffians du Missouri, mit à sac la ville de Lawrence, détruisant les bureaux des journaux de l'État libre Herald of Freedom et Kansas Free State et brûlant l'hôtel Free State. Delbanco écrit:
Fait remarquable, malgré l'utilisation de l'artillerie comme instrument de démolition et la promesse des dirigeants pro-esclavagistes de recouvrir tout le territoire des "carcasses des abolitionnistes", la seule victime fut un homme pro-esclavagiste tué par la chute d'un ouvrage de maçonnerie. Mais dans l'esprit des antiesclavagistes, l'attaque exigeait des représailles et, à mesure que la logique du coup pour coup s'installait, le conflit entra dans un cycle d'escalade.
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Le lendemain, 22 mai 1856, des violences partisanes éclatèrent à Washington, D.C., lorsque le démocrate pro-esclavagiste Preston Brooks, de Caroline du Sud, attaqua le républicain abolitionniste Charles Sumner, du Massachusetts, dans l'hémicycle du Sénat des États-Unis. Les 19 et 20 mai, Sumner avait prononcé au Sénat un discours condamnant l'esclavage et le pouvoir esclavagiste du Sud et appelant à l'admission immédiate du Kansas en tant que Free State. Brooks, furieux après avoir lu le discours, surprit Sumner dans l'hémicycle presque vide le 22 mai et le frappa sans raison avec une canne.
La nouvelle de l'attaque contre Sumner se répandit rapidement et, dans la nuit du 24 mai 1856, John Brown prit la tête d'un groupe comprenant certains de ses fils pour le désormais tristement célèbre massacre de Pottawatomie. Ils se rendirent au domicile de cinq partisans de l'esclavage et les tuèrent à coups d'épées et de couteaux. La raison pour laquelle Brown s'attaqua à ces hommes en particulier est encore débattue, mais on pense que le pillage de Lawrence et la bastonnade de Sumner auraient été les principaux facteurs motivant le massacre des hommes pro-esclavagistes associés aux tribunaux.
Les violences se poursuivirent tout au long de l'été 1856 et culminèrent lors de la bataille d'Osawatomie, le 30 août. L'esclavagiste et soldat John W. Reid, du Missouri, dirigea une bande de 200 à 400 border ruffians contre la ville libre d'Osawatomie, au Kansas, sur les rives de la rivière Marais des Cygnes.
Le 13 août, un groupe d'habitants d'Osawatomie avait attaqué le quartier des partisans de l'esclavage et s'était emparé de bétail et de chevaux. Reid, en représailles, rassembla autant d'hommes qu'il le pouvait pour l'accompagner et brûler la ville. John Brown, ses fils et ses hommes - dont beaucoup avaient participé au raid contre la communauté pro-esclavagiste - campaient alors à l'extérieur d'Osawatomie. Son fils, Frederick Brown, qui se trouvait dans une cabane à l'extérieur de la ville, fut le premier à découvrir les hommes de Reid et fut abattu.
Le coup de feu alerta d'autres personnes, qui sortirent en courant pour voir les hommes de Reid s'éloigner à cheval et Frederick mort, puis donnèrent l'alerte. John Brown et ses hommes quittèrent leur camp et coururent vers la ville pour la défendre. Le chercheur Stephen B. Oates écrit:
Osawatomie était en proie à la panique à l'arrivée de Brown. Mais comme par miracle, les Missouriens n'ont pas suivi leur avantage initial et n'ont pas attaqué la ville pendant que tout était en ébullition; au lieu de cela, ils ont flâné autour du pont, peut-être pour prendre leur petit-déjeuner avant d'incendier la colonie. Pendant ce temps, Brown [organisa une défense, envoyant] des hommes dans les bois le long de la rivière où ils avaient une meilleure chance de se défendre contre l'artillerie ennemie. (169)
Les hommes de Reid ouvrirent le feu avec des armes légères et des canons, faisant exploser les arbres avec des volées de mitraille. Brown tint sa position, ripostant aussi longtemps qu'il le put avant de battre en retraite. Ne rencontrant plus de résistance, la compagnie de Reid brûla la ville, n'épargnant que trois bâtiments où les femmes et les enfants s'étaient réfugiés. Osawatomie en flammes, Reid poursuivit sa marche, jurant de brûler toutes les autres villes Free state sur son passage.
Brown affirmerait plus tard avoir tué "70 ou 80 des ennemis", et Reid prétendit avoir tué "une trentaine d'abolitionnistes, y compris Old Brown en personne" (Oates, 172). Les défenseurs d'Osawatomie, au nombre de 40 tout au plus, subirent 5 pertes, dont Frederick Brown. Douze des défenseurs furent faits prisonniers. Reid perdit 5 hommes lors de l'attaque. La réalité des pertes subies lors de la bataille d'Osawatomie n'a cependant pas d'importance, car Brown et Reid exagérèrent les déprédations de l'autre camp, ainsi que leur propre bravoure, et attisèrent encore plus l'animosité.
D'autres violences eurent lieu pendant le reste de l'année 1856, puis, en 1857, les tensions s'aggravèrent davantage encore lorsque la décision Dred Scott fut annoncée. L'affaire Dred Scott (Dred Scott v. Sandford, 60 U.S. (19 How.) 393 (1857)) avait commencé par une action en justice intentée par l'esclave Dred Scott (vers 1799-1858) en son nom et au nom de sa femme, affirmant qu'ils étaient libres car ils avaient résidé dans les territoires libres de l'Illinois et du Wisconsin.
L'affaire fut portée en appel devant la Cour suprême des États-Unis, qui se prononça par 7 voix contre 2 contre Scott, déclarant qu'il était toujours en esclavage. En outre, le juge en chef Roger B. Taney (1777-1864), partisan de l'esclavage, rédigeant l'opinion majoritaire, déclara que l'action en justice de Scott était invalide parce que les Noirs n'étaient pas citoyens des États-Unis et n'avaient donc aucun droit en vertu de la loi. Taney statua également que ni le Congrès ni les gouverneurs territoriaux ne pouvaient exclure l'esclavage d'une région des États-Unis, car cela constituerait une violation du droit d'un esclavagiste à une procédure régulière en vertu du cinquième amendement.
Les partisans de l'esclavage bien évidemment se réjouirent de cette énorme victoire pour leur camp, mais les abolitionnistes dénoncèrent la décision, ce qui entraîna de nouvelles violences au Kansas. Brown finirait par quitter le territoire du Kansas et poursuivrait son combat ailleurs, jusqu'à son raid sur Harpers Ferry, en Virginie, le 16 octobre 1859, où il serait capturé et exécuté. Au Kansas, cependant, il y avait bien d'autres personnes pour entretenir les hostilités des deux côtés et, parmi elles, le champion pro-esclavagiste Charles Hamilton, responsable de ce qui est considéré comme le dernier événement majeur du Bleeding Kansas: le massacre du Marais des Cygnes.
Le 19 mai 1858, Hamilton mena une bande d'une trentaine de border ruffians du Missouri au Kansas pour se venger de son exil du territoire par l'esclavagiste James Montgomery. Hamilton et ses hommes prirent onze free staters, qui le connaissaient tous et semblaient penser qu'il les enrôlait pour un travail quelconque, les emmenèrent dans un ravin près de la rivière Marais des Cygnes et ordonnèrent à ses hommes d'ouvrir le feu. Cinq des hommes furent tués, cinq furent blessés et un s'en sortit indemne. Hamilton retourna ensuite dans le Missouri.
Le 25 janvier 1859, l'abolitionniste John Doy et son fils Charles (qui étaient tous deux conducteurs sur le chemin de fer clandestin) emmenaient 13 esclaves fugitifs (aspirants à la liberté) de Lawrence (Kansas) au Canada lorsqu'ils furent arrêtés par des bandits frontaliers du Missouri, qui prétendaient qu'ils avaient volé les esclaves dans leur État. John et Charles Doy furent arrêtés et emmenés au Missouri pour y être jugés pour vol d'esclaves.
Charles fut relâché, mais John Doy fut condamné à cinq ans de travaux forcés au pénitencier de l'État du Missouri. Son emprisonnement illégal sur la base d'accusations forgées de toutes pièces fut à l'origine du raid audacieux des Dix Immortels, des abolitionnistes qui se glissèrent dans le Missouri depuis le Kansas et le libérèrent.
D'autres incidents mineurs eurent lieu, notamment la "Battle of the Spurs", le 31 janvier 1859, qui se déroula peu après l'enlèvement de Doy. John Brown, qui ramenait 11 esclaves fugitifs du Missouri vers l'Iowa, fut confronté à des marshals américains à la tête d'un détachement qui espérait le capturer. Brown conduisit tout simplement son groupe à travers eux. Aucune des parties ne tira un seul coup de feu. Les abolitionnistes appelèrent par la suite cet événement la "batlle of the Spurs",(bataille des éperons) en référence à la rapidité avec laquelle le contingent pro-esclavagiste s'éloigna, intimidé par le légendaire John Brown.
Conclusion
La loi Kansas-Nebraska de 1854 lança les hostilités du Bleeding Kansas, qui se poursuivraient jusqu'en 1865. Elle donna également naissance au Parti républicain, qui gagna en soutien grâce à son opposition à l'expansion de l'esclavage vers l'ouest. Les abolitionnistes affluèrent vers le parti républicain, s'opposant aux démocrates du Sud, uniformément favorables à l'esclavage. Au Kansas, le Parti républicain bénéficia d'un soutien croissant entre 1854 et 1859. Le chercheur James McPherson commente:
Les Free staters du Kansas organisèrent un parti républicain et élurent les deux tiers des délégués à une nouvelle convention constitutionnelle en 1859. Le Kansas devint finalement un Free State en janvier 1861, rejoignant ainsi la Californie, le Minnesota et l'Oregon, dont l'entrée depuis la guerre du Mexique avait donné au Nord un avantage de quatre États sur le Sud. Le Kansas devint également l'un des États les plus républicains de l'Union. Bien que la plupart des colons free staters aient été à l'origine des démocrates, la lutte contre le pouvoir esclavagiste les poussa vers le parti républicain.
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Le Kansas resta pro-républicain et anti-esclavagiste tout au long de la guerre de Sécession et fut le premier État de l'Union à recruter et à engager des soldats noirs dans ce conflit dès 1862, avec les 1er et 2e régiments d'infanterie de couleur du Kansas (Kansas Colored Infantry Regiments). Comme on l'a vu, la violence partisane qui caractérisa le Bleeding Kansas se poursuivit tout au long de la guerre et fut décrite au cinéma, notamment dans The Outlaw Josey Wales (1976) et Ride with the Devil (1999).
Bien que le début de la guerre de Sécession soit daté du 12 avril 1861, lorsque les forces confédérées tirèrent sur Fort Sumter, en Caroline du Sud, elle connut une sorte de répétition générale des années auparavant, dès 1854, dans le Bleeding Kansas.