Religion d'Urartu

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Taleen Aktorosian
publié le 09 février 2018
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Bas Relief of Teisheba (by James Blake Wiener, CC BY-NC-SA)
Bas-relief de Teisheba
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

La religion du royaume d’Urartu, qui prospéra en grande partie dans l’ancienne Arménie entre le 9e et le 6e siècle av. J.-C., était un mélange unique de dieux et de symbolismes indigènes, hourrites et mésopotamiens. Le panthéon était mené par la triade de Haldi, Teisheba et Shivini, qui furent les principaux bénéficiaires des sacrifices religieux et des temples construits en leur honneur. Les inscriptions, dédicaces, et représentations artistiques témoignent toutes de l’importance de la religion dans la culture d’Urartu, en particulier dans le domaine militaire.

Le panthéon d’Urartu

Les dieux de la religion d’Urartu étaient nombreux, mais ils sont bien répertoriés dans une inscription du IXe siècle av. J.-C., qui a été découverte dans une niche parmi les montagnes près de la capitale de Tushpa (Van). La liste, inscrite en double exemplaire, mentionne 79 dieux et les nombreux sacrifices offerts à chacun. Le nombre considérable de divinités peut s’expliquer par le fait que la religion d’Urartu adopta des dieux et des pratiques provenant des Hourrites et d’autres cultures mésopotamiennes, qui se mélangèrent aux dieux indigènes urartéens. En outre, une caractéristique de l’expansion territoriale d’Urartu fut l’assimilation des dieux locaux dans leur propre panthéon. Plusieurs de ces dieux locaux étaient des totems et représentaient des éléments naturels tels que l’eau, la terre, le soleil, les montagnes, les grottes, et les arbres. D’autres divinités étaient liées à d’anciennes croyances animales.

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Toutes les guerres étaient menées au nom de Haldi. Sa bénédiction était recherchée avant une campagne et il en recevait un rapport par la suite.

Les trois dieux d’Urartu les plus importants étaient Haldi (Khaldi), le dieu suprême et le dieu de la guerre, Teisheba, le dieu de l’orage et des tempêtes, sans doute basé sur le dieu hourrite Teshub, et finalement Shivini, le dieu solaire, souvent personnifié comme un homme agenouillé tenant un disque solaire ailé, et donc certainement inspiré par le dieu égyptien ayant la même association, Ra. L’épouse de Haldi et déesse féminine la plus importante était Arubani (connue en tant que Bagmashtu dans l’est de l’Urartu, notamment à Musasir/Ardini). L’épouse de Teisheba était Huba (alias Khuba) et celle de Shivini était Tushpuea (alias Tushpues). Les Urartéens appliquèrent les symboles des dieux assyriens, Adad et Shamsh, à leurs propres dieux, Teisheba et Shivani, illustrant à nouveau les relations culturelles étroites entre ces deux cultures.

Autres dieux considérables incluent Sielardi, la déesse de la lune, Epaninaue, la déesse de la terre, Dsvininaue, une déesse de la mer ou de l’eau, Babaninaue, la déesse des montagnes, et Sardi, la déesse des étoiles. La plupart des villes avaient leurs propres dieux ou déesses locales, souvent nommés d’après ce territoire, par exemple «le dieu de la ville de Kumanu». Les exemples les plus célèbres de tels protocoles d’appellation étaient la capitale Tushpa, nommée d’après Tushpuea, et l’importante ville de Teishebaini, fondée et nommée d’après Teisheba par le roi Rusa II (r. d'environ 685 à 645 av. J.-C.).

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Haldi

Haldi avait toujours été une divinité importante, mais c’est le roi Ishpuini, au milieu du IXe siècle av. J.-C., qui promut Haldi à la tête des dieux. Étant une divinité d’origine étrangère, comme le dieu suprême dans de nombreuses autres cultures anciennes, son rôle et sa fonction demeurent plutôt obscurs. Nous savons qu’il était étroitement associé à la guerre et que toutes les guerres étaient menées en son nom, que sa bénédiction était recherchée avant une campagne, et qu’il en recevait un rapport par la suite. Haldi possède également plus d’inscriptions qui lui sont dédiées qu’à tout autre dieu. Son importance était telle que les Urartéens étaient parfois appelés les Haldiens ou «enfants de Haldi». Le roi au pouvoir était connu en tant que «serviteur de Haldi» et de nombreuses inscriptions se terminent par la phrase «Par la volonté de Haldi» (Haldini ishmasini).

Bas Relief of Haldi
Bas-relief de Haldi
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Haldi, en particulier, eut des temples construits en son honneur, temples qui se distinguent par leurs tours carrées aux angles renforcés. Comme on pouvait s’y attendre pour le dieu de la guerre, ces temples étaient ornés de dédicaces sous forme d’armes: épées, lances, arcs et flèches, ainsi qu’armures, casques et boucliers. En effet, il arrivait parfois qu’un temple de Haldi soit dénommé «la maison des armes». Une inscription assyrienne du règne de Sargon II (722 à 705 av. J.-C.), qui pilla la ville d’Ardini en 714 av. J.-C., énumère en détail la grande quantité d’armes dédiée et stockée dans le temple de Haldi:

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25 212 boucliers de bronze, 1 514 javelots de bronze… et 305 412 épées… Une grande épée, une arme portée à la taille… en or ; 96 javelots d’argent… arcs et lances en argent, incrustés d’or et encastrés ; 12 boucliers pesants… 33 chariots d’argent (cité dans Chahin, 140).

De plus, même en temps de paix, Haldi restait important dans l’esprit des Urartéens et tous les travaux publics tels que les routes, les canaux, et les palais étaient construits en son nom.

Architecture religieuse

Plusieurs temples furent construits, comme nous l’avons déjà noté, et, bien qu’aucun n’ait survécu, certains de leurs détails peuvent être obtenus auprès de sources externes, telles que les reliefs assyriens. L’un de ces reliefs provient du palais du roi assyrien Sargon II, qui montre le temple de Haldi à Ardini avant qu’il ne soit mis à sac par les Assyriens en 714 av. J.-C. Le bâtiment s’élève sur une haute plateforme et possède un portique hexastyle (façade à six colonnes) et un fronton triangulaire. Le toit en pente porte une lance ornementée et des boucliers sont suspendus aux murs extérieurs. Une grande urne se dresse de chaque côté de l’entrée. Non seulement les temples, mais aussi les forteresses étaient associées à des dieux particuliers. Par exemple, deux forteresses autour du lac Sevan étaient connues sous le nom de «forteresse du dieu Haldi» et «forteresse du dieu Teisheba».

Les temples, munis de leurs propres terres agricoles, représentaient un élément important de la communauté et de l’économie.

Les temples, munis de leurs propres terres agricoles, représentaient un élément important de la communauté et de l’économie. Ils visaient aussi à imposer une domination culturelle et politique sur les peuples assujettis. Tel que mentionné ci-dessus, certains dieux étrangers furent importés dans le panthéon urartéen, mais à l’inverse, les rois urartéens imposèrent aussi leurs propres dieux. Ceci était surtout le cas dans les territoires au nord, considérés moins avancés et comme «barbares» par rapport aux cultures plus à l’est. Rusa II, par exemple, fit construire un temple en l’honneur du dieu de la tempête Teisheba dans la région nouvellement conquise de Sevan.

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Offrandes, sacrifices et sépultures

Les cérémonies et les rituels destinés à honorer les dieux avaient lieu dans des espaces rituels extérieurs entourés de murets, ainsi que dans les temples et dans de fausses portes rupestres connues comme les «portes des dieux». Des animaux, dont des taureaux, des vaches, des chèvres, et des moutons, étaient sacrifiés pour honorer les dieux. D’autres offrandes incluaient de la nourriture, des armes et des biens précieux, ainsi que des libations de vin.

Urartian Male God Figurine
Figurine de dieu urartéen
The British Museum (Copyright)

La royauté et l’élite d’Urartu étaient enterrées dans des tombes rupestres. À la capitale Tushpa se trouve une nécropole royale composée de plusieurs chambres creusées dans les parois rocheuses de la montagne sur laquelle la ville fut construite. Des exemples similaires se trouvent aux forteresses. Les tombes sont composées de chambres simples, doubles, ou triples, l’entrée de la tombe étant scellée par une grande dalle de pierre. Plusieurs tombes royales, pillées depuis longtemps, portent encore des inscriptions décrivant les actes et les campagnes du souverain en question. Parmi ces tombes découvertes intactes, plusieurs contiennent des sarcophages en pierre avec des couvercles semi-circulaires. On enterrait avec le défunt des objets précieux, des armes, des boucliers et même des meubles, une pratique qui suggère que les Urartéens croyaient en une vie après la mort et qu’elle était suffisamment semblable à la vie terrestre pour nécessiter de telles provisions.

Art religieux

L’art religieux comprend des figurines en bronze représentant des dieux éminents tels que Haldi, Teisheba et Shivini. Haldi est souvent représenté comme un homme, avec ou sans barbe, debout sur un lion, symbolisant son courage, sa puissance, et sa virilité. En revanche, Teisheba est montré debout sur un taureau et tenant des éclairs. Certaines figurines de divinités ne sont pas identifiées, comme celle d’une déesse en os. Il existe également d’étranges figures hybrides d’homme-poisson, d’homme-oiseau et d’homme-scorpion. Ces créatures étaient fréquemment peintes sur les murs intérieurs des salles d’entreposage et étaient surement considérées comme des esprits protecteurs. De grands chaudrons en bronze furent produits en nombre important, et leurs rebords sont souvent décorés avec des têtes de déesses ailées, qui sont peut-être des représentations de Tushpuea. Des processions de dieux sont parfois représentées sur les peintures murales. Enfin, comme on peut s’y attendre pour un dieu de la guerre, Haldi est fréquemment représenté sur des armes, des ceintures, des boucliers et des médaillons.

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This article was made possible with generous support from the National Association for Armenian Studies and Research and the Knights of Vartan Fund for Armenian Studies.

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Traducteur

Taleen Aktorosian
Taleen est bibliothécaire et éducatrice passionnée par les cultures anciennes, en particulier celles du Proche-Orient, de l’Anatolie, et des régions du Caucase. Elle s’engage à promouvoir l’apprentissage continu et à fournir un contenu éducatif de qualité pour tous.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2018, février 09). Religion d'Urartu [Urartu Religion]. (T. Aktorosian, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16792/religion-durartu/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Religion d'Urartu." Traduit par Taleen Aktorosian. World History Encyclopedia. modifié le février 09, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16792/religion-durartu/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Religion d'Urartu." Traduit par Taleen Aktorosian. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 févr. 2018. Web. 02 déc. 2024.

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