Basile Ier

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 21 novembre 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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Basil I (by Classical Numismatic Group, Inc., CC BY-SA)
Basile Ier
Classical Numismatic Group, Inc. (CC BY-SA)

Basile Ier fut empereur de l'Empire byzantin de 867 à 886 et fonda la dynastie "macédonienne" qui dura plus de 200 ans. Basile était un Arménien issu d'un milieu modeste qui s'était hissé au rang de deuxième homme le plus puissant du royaume. En tuant outrageusement son bienfaiteur et empereur, Michel III, il devint le numéro un à Constantinople et supervisa une période dorée de l'histoire byzantine. Perdant son trône de la même manière qu'il l'avait gagné, Basile fut remplacé par son fils Léon VI en 886.

Co-empereur avec Michel III

Michel III, également connu sous le nom de "Michel le débauché" par ses détracteurs, fut empereur de l'Empire byzantin de 842 à 867. Son règne fut marqué par de nombreux succès militaires, en particulier en Orient, mais le jeune souverain, connu par la suite pour son amour du vin et de la chanson, prit la décision fatidique de se lier d'amitié avec un Arménien grossier connu sous le nom de Basile le Macédonien, et de le promouvoir. Basile n'avait probablement jamais mis les pieds en Macédoine et son épithète semble provenir du fait qu'il avait passé du temps avec un groupe de prisonniers de cette région lorsqu'il fut capturé par Kroum, roi des Bulgares. Il était issu d'une famille de paysans arméniens qui s'était réinstallée en Thrace, mais sa vie fut une histoire classique où l'on passe de la misère à la richesse.

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Michel III avait été prévenu que Basile était un "lion qui les dévorerait tous".

Quittant sa famille, Basile chercha fortune dans la métropole de Constantinople et il l'a certainement trouvée. Connu pour ses talents de lutteur et de cavalier, Basile fut chargé des écuries impériales - Michel était un passionné de chars - et de là, repéré par l'empereur, il fut nommé chef chambrier (parakoimomenos). Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Basile éliminait, par tous les moyens qu'il jugeait appropriés, les ennemis de l'empereur. Le plus grand nom visé était de loin Bardas, oncle de Michel et ministre en chef responsable d'une grande partie du succès de l'empire. Bardas se méfiait à juste titre de l'intrus arménien, mais il fut rassuré par la promesse solennelle de Basile et de Michel qu'ils n'avaient aucune rancune à son égard, un serment qui aurait été signé dans le sang de Jésus-Christ - une relique conservée dans l'église de Sainte-Sophie. Basile, analphabète, ne put marquer le document que d'un X.

En dépit de ces promesses, Basile poursuivit son chemin et assassina lui-même Bardas en 865. Le général défunt n'avait manifestement pas tenu compte de l'avertissement qu'il avait lui-même adressé à Michel des années plus tôt, selon lequel l'Arménien était un "lion qui les dévorerait tous" (Brownworth, 165). Ce meurtre était révélateur de ce que Basile était prêt à faire pour nourrir son ambition: personne ne devait se mettre en travers de son chemin.

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Michael III Crowns Basil Co-emperor
Michel III couronne Basile co-empereur
Unknown Artist (Public Domain)

Michel et Basile entretenaient une relation complexe, mal définie et très controversée avec Eudokia Ingerina, la maîtresse de Michel - Basile l'ayant en fait épousée, mais il s'agissait peut-être d'une ruse de Michel pour avoir sa maîtresse à portée de main dans le palais. Plus extraordinaire encore, en 866, Michel fit de Basile le co-empereur (basileus) lors d'une somptueuse cérémonie dans l'église Sainte-Sophie, probablement pour le remercier d'avoir écarté Bardas, désormais officiellement considéré comme un traître. Michel fit lire la déclaration suivante lors du couronnement :

Je veux que Basile, le Grand Chambellan, qui m'est loyal, qui m'a délivré de mon ennemi et qui me porte une grande affection, soit le gardien et le gestionnaire de mon Empire et qu'il soit proclamé par tous comme basileus. (Norwich, 150)

Seize mois plus tard, l'assassin arménien se révélerait tout aussi perfide envers son commanditaire et ferait brutalement assassiner Michel dans sa chambre à coucher en 867, revendiquant le trône pour lui seul sous le titre de Basile Ier.

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Empereur solo

Au cours de la première année de son règne, Basile rétablit Ignace dans ses fonctions de patriarche de Constantinople (évêque). Cette décision améliora les relations avec la papauté qui avait protesté avec véhémence contre la nomination de Photios à ce poste, alors laïc, par Michel III. Basile était probablement motivé par le besoin de soutien militaire de la papauté en Italie, où les armées byzantines étaient occupées à combattre les Arabes. Il n'y avait certainement aucun problème personnel avec Photios, que Basile était heureux d'employer comme précepteur de ses enfants. Quoi qu'il en soit, Photios retrouva son ancien poste d'évêque à la mort d'Ignace en 877, cette fois avec l'aval du pape Jean VIII, en signe de réconciliation avec l'Église orientale. Photios fit beaucoup pour promouvoir l'étude de la littérature grecque et romaine classique, et il écrivit quelques-unes des plus anciennes critiques de livres qui nous soient parvenues.

En fin de compte, Basile reconquit l'Italie du Sud, grâce à l'aide des Francs, bien que la perte de Syracuse, en Sicile, en 878, ait été un échec notable. Au début de son règne, Basile perdit Malte au profit des Arabes, mais un investissement massif dans la modernisation et le renforcement de la marine byzantine porta ses fruits. Basile put faire appel au talentueux amiral Nicétas Oryphas, qui permit à son nouveau souverain de remporter une victoire contre les tristement célèbres pirates crétois, en les prenant de vitesse en traversant l'étroit isthme de Corinthe. Des succès contre l'empire califal arabe en déclin furent remportés à Chypre, en Grèce continentale et en Dalmatie. Les armées de Basile remportèrent également des victoires contre les Pauliciens en Asie Mineure, saccageant leur capitale à Tephrikè, et s'enfoncèrent plus profondément en Asie centrale le long de l'Euphrate.

Les bâtiments publics, les monuments et les murs de la capitale furent rénovés après des années de négligence et de dégâts causés par les tremblements de terre.

De retour chez lui, Basile s'attela à la tâche de gouverner et, si l'on en croit les documents officiels, il était particulièrement soucieux d'améliorer le sort des pauvres, de promouvoir les arts à Constantinople et, d'une manière générale, de donner à sa capitale un aspect digne de son statut. C'est à lui que l'on doit la construction de la Nea Ekklesia ("nouvelle église") sur le terrain du palais royal en 880. L'église était magnifique avec cinq dômes dorés, du marbre exotique à l'intérieur, des décorations en argent à l'extérieur, deux belles fontaines et des cloches expédiées de Venise. Malheureusement pour les touristes modernes, l'église explosa en 1453 après que les Turcs l'eurent utilisée comme entrepôt de poudre à canon. Le nouveau palais de Basile, le Kainourgion, était encore plus somptueux. Il comportait un sol en mosaïque représentant des aigles géants, des peintures murales, huit colonnes en pierre verte et huit en onychite (une sorte de marbre), ainsi qu'une salle du trône dont le plafond était fait de mosaïque de verre et d'un remplissage en or massif. À l'une des extrémités de cette salle se trouvait une demi-coupole avec une peinture géante représentant Basile et des généraux en adoration présentant à l'empereur un symbole de chaque ville que ses armées avaient conquise.

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Les bâtiments publics, les monuments et les murs de la capitale furent également rénovés après des années de négligence et de dégâts causés par des tremblements de terre, notamment l'église Sainte-Sophie qui risquait de s'écrouler après un tremblement de terre en 869. Malheureusement, aucune des réalisations de Basile, qui fit de Constantinople l'une des plus grandes villes du monde, n'est encore debout aujourd'hui.

Basil I & Leo VI Confront Each Other
Basile Ier et Léon VI s'affrontent
Unknown Artist (Public Domain)

Peut-être plus utile à son peuple que les embellissements architecturaux fut la détermination de Basile à réformer complètement le droit byzantin. Sous son règne, un grand nombre de nouvelles lois furent introduites dans la plus grande effervescence juridique depuis le règne de Justinien (r. de 527 à 565). En effet, le code de Justinien était la cible principale des révisions mises à jour par Basile, qui classa également les lois par sujet pour faciliter les références futures. Une grande partie de la nouvelle législation de l'empereur - rédigée en grec et non en latin, comme auparavant, et connue collectivement sous le nom de Basilika - fut finalement résumée dans deux manuels, le Procheiron et l'Epanagogue, conçus pour être utiles aux juges et aux avocats.

Basile et Léon

Basile eut deux héritiers: Constantin, l'aîné, issu de son premier mariage, et Léon, issu de son mariage avec Eudokia. La coutume voulait que les empereurs couronnent leur fils et l'héritier qu'ils avaient choisi comme co-empereur, même lorsqu'ils étaient encore enfants, mais Basile alla encore plus loin et couronna ses deux fils, Constantin en 869 et Léon en 870. Au grand désarroi de Basile, Constantin mourut prématurément de causes inconnues en septembre 879, un coup dur dont l'empereur ne se remit jamais complètement et qui le poussa à se retirer de la vie publique.

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Les relations entre Basile et son second héritier de choix furent troublées. Léon, obligé d'épouser une fille choisie par son père - la pieuse Théophanô - s'était trouvé une maîtresse nommée Zoé Tzaoutzina que, naturellement, son père désapprouvait . Basile tenta, en vain, de rompre cette relation en bannissant la jeune fille et en faisant de son fils un prisonnier virtuel dans une aile du palais royal. Battu, emprisonné et menacé d'être aveuglé, il n'est peut-être pas étonnant que Léon ait pu nourrir une rancune qui allait un jour s'avérer fatale pour son père.

Mort et héritage

Basile mourut en 886. La cause, selon les documents officiels, est un accident de chasse. On raconte que l'empereur, âgé de 74 ans, aurait été traîné par un cerf sur une distance improbable à travers les bois, avant d'être secouru par un groupe dirigé par le père de Zoé. Il semble beaucoup plus probable que Léon se soit arrangé pour que son père soit aidé à quitter son trône. C'était une ironie finale et une douce vengeance d'outre-tombe de Michel III que le successeur de Basile soit Léon, dont la rumeur voulait qu'il ait été le fils de Michel. Il est peut-être significatif que l'un des premiers actes du nouvel empereur de 19 ans, Léon VI (r. de 886 à 912), ait été d'exhumer le corps de Michel III de sa tombe quelconque et de l'ensevelir dans un sarcophage de marbre fin dans l'église des Saints-Apôtres.

Quelle qu'ait été la lignée exacte, les successeurs de Basile, les empereurs "macédoniens", s'efforcèrent d'effacer les éléments les moins recommandables du règne du fondateur de la dynastie. Le petit-fils de Basile, Constantin VII (r. de 913 à 959), tenait particulièrement à ce que son image ne soit pas ternie. C'est pourquoi il rédigea la Vita Basilii , qui devint le récit historique accepté de la vie et des réalisations de Basile, où l'ancien lutteur est présenté comme l'un des grands empereurs de Byzance.

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This article was made possible with generous support from the National Association for Armenian Studies and Research and the Knights of Vartan Fund for Armenian Studies.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur, à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que partagent toutes les civilisations. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Style APA

Cartwright, M. (2017, novembre 21). Basile Ier [Basil I]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16541/basile-ier/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Basile Ier." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 21, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16541/basile-ier/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Basile Ier." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 21 nov. 2017, https://www.worldhistory.org/Basil_I/. Web. 26 juin 2025.

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