Chan Chan

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 11 juillet 2016
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Lattice Wall Decoration, Chan Chan (by Karinna Paz, CC BY)
Décoration murale en treillis, Chan Chan
Karinna Paz (CC BY)

Chan Chan (Chimor) était la capitale de la civilisation Chimú qui s'épanouit sur la côte nord du Pérou entre le 12e et le 15e siècle. La ville était une métropole géante peuplée de peuples venus de tout l'empire Chimú, le plus grand que les Amériques aient jamais connu jusqu'alors. Aujourd'hui, bon nombre des immenses palais de Chan Chan, avec leurs murs en adobe décorés de hauts reliefs, témoignent encore de la grandeur perdue de la ville. Chan Chan est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Aperçu historique

Chan Chan, également connue sous le nom de Chimor, le nom de ses premiers habitants, fut construite à l'embouchure du Rio Moche vers l'an 1000. La prospérité initiale des Chimú était en grande partie due à leurs compétences agricoles, car ils avaient construit un vaste système d'irrigation à l'aide de canaux. Plus tard, leurs campagnes militaires victorieuses et leur politique de prélèvement de tributs leur permirent de devenir la puissance régionale dominante. À son apogée, Chan Chan couvrait quelque 20 kilomètres carrés et comptait jusqu'à 40 000 habitants, ce qui en faisait la plus grande ville jamais vue dans les Andes. La ville devint le centre d'un vaste réseau de commerce et de tribut, et pas moins de 26 000 artisans y résidaient, souvent déplacés de force des territoires conquis, en particulier le Lambayeque, pour produire en masse des biens de haute qualité destinés à la consommation intérieure et à l'exportation. Les matières premières échangées et contrôlées par Chan Chan comprenaient l'or, la coquille de spondylus, les plumes tropicales et les denrées alimentaires.

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Le chef fondateur traditionnel des Chimú est Taycanamo, considéré comme né d'un œuf d'or et venu de la mer. Parmi les autres souverains notables, on peut citer Guacricaur, qui s'étendit aux vallées de Moche, Santa et Zaña. Finalement, les Chimú étendirent leur territoire encore plus au sud et en 1375, sous le règne de Nancinpinco, ils conquirent la culture Lambayeque (Sican) en absorbant certaines de leurs pratiques culturelles et de leurs idées artistiques. La vallée de La Leche fut également placée sous le contrôle des Chimú, si bien qu'à son apogée, l'empire Chimú était le plus grand et le plus prospère d'Amérique du Sud pendant la période intermédiaire tardive. À son apogée, sous le règne de Minchancaman vers 1400, la zone d'influence des Chimú s'étendait sur 1300 kilomètres le long de la côte du nord du Pérou. Au fur et à mesure que l'empire se développait, d'autres centres administratifs virent le jour, comme à Farfan, Manchan, El Milagro, Quebrado Katuay et le site de la forteresse de Paramonga, mais Chan Chan était le centre suprême du monde Chimú.

Chan Chan couvrait quelque 20 km² et comptait jusqu'à 40 000 habitants, ce qui en fait la plus grande ville jamais vue dans les Andes.

Architecture

La ville n'a pas de centre reconnaissable et s'étend sur une série de blocs entrecoupés de canaux bordés de pierres et ponctués de petits lacs artificiels et de puits. L'architecture de Chan Chan se caractérise par des bâtiments construits à l'aide de sections préparées à l'avance de boue coulée ou d'adobe. Les plus impressionnants sont les grands palais rectangulaires (ciudadelas) qui remplissaient plusieurs fonctions: résidence royale, entrepôt, mausolée et centre administratif.

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Dix palais royaux ou enceintes furent construits au cours des siècles à Chan Chan. Il est possible que le système d'héritage royal des Chimú prévoyait que chaque nouveau roi hérite du titre mais pas de la richesse de son prédécesseur. Ainsi, la famille d'un souverain défunt reprenait le palais royal tandis que le nouveau roi devait s'en faire construire un nouveau, ce qui explique le nombre élevé de palais de ce type à Chan Chan. Ce système présente l'avantage supplémentaire de garantir qu'un nouveau souverain s'engage activement dans l'expansion de l'empire afin de financer son propre règne.

Adobe Walls, Chan Chan
Murs en adobe, Chan Chan
Bruno Girin (CC BY-SA)

Les palais furent construits selon un plan rectangulaire, chacun avec des murs extérieurs doubles de 10 mètres de haut, des intérieurs labyrinthiques et une seule entrée gardée par deux statues de bois debout placées dans des niches. Les salles d'audience ou de rituel (audiencias) en forme de U, qui contrôlaient l'accès aux réserves, sont particulièrement remarquables. Elles mesurent environ 4 mètres carrés, ont un sol surélevé et, à l'origine, un toit à deux versants. Les structures fonctionnelles à l'intérieur de chaque enceinte comprennent des bâtiments administratifs et de stockage, ainsi que des plates-formes funéraires auxquelles on accède par une rampe. La grande tombe en forme de T à l'intérieur de cette dernière contenait les chefs momifiés, tandis que les tombes plus petites contenaient leur famille et leur entourage. Ces tombes étaient régulièrement rouvertes pour accueillir de nouveaux occupants. Au fil du temps, les nouveaux palais devinrent plus grands - le plus grand couvre une superficie de 220 000 mètres carrés - et davantage d'espace fut consacré au stockage, ce qui témoigne des succès impériaux des Chimú et de leur politique de prélèvement de tributs sur les territoires conquis.

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Les murs des enceintes, construits pour restreindre l'accès des gens du peuple, étaient décorés à l'extérieur de motifs en relief audacieux, généralement des formes géométriques répétées, des animaux et des animaux marins, en particulier des poissons. Les murs intérieurs comportaient des niches destinées à accueillir des masques et des figurines décoratives en bois. Des objets d'art précieux y étaient exposés. Les motifs distinctifs taillés dans les murs peuvent avoir imité ceux des tentures textiles ou de la vannerie. Des bâtiments en adobe similaires furent construits sur d'autres sites Chimú, par exemple neuf à Manchan et six à Farfan. Tous les complexes de Chan Chan se trouvent au centre de la ville, tandis que des habitations plus modestes se trouvent à la périphérie de la ville. C'est là que résidaient les administrateurs, dans des versions miniatures des grands complexes, et les artisans (métallurgistes, menuisiers et tisserands), qui vivaient dans des habitations plus modestes en torchis et en roseau, avec des toits pentus et un seul foyer. Enfin, à la périphérie de la ville se trouvaient deux grandes pyramides funéraires connues sous le nom de Huaca el Dragon et Huaca Tacaynamo.

Wall Decoration, Chan Chan
Décoration murale, Chan Chan
butforthesky.com (CC BY-NC-SA)

Chute de Chan Chan

L'architecture des Chimú, leur approche de la gouvernance régionale et leur art allaient influencer leurs successeurs les plus célèbres, les Incas, qui conquirent Chan Chan vers 1470. C'est alors que Tupac Yupanqui captura le 11e souverain Chimú connu, Minchancaman, qui fut gardé prisonnier en permanence à Cuzco pour s'assurer qu'il se conformerait au nouvel ordre. En outre, pour contrôler la production de biens précieux et limiter ainsi les ressources nécessaires au financement de la rébellion, des milliers d'artistes et d'artisans chan chan furent déplacés de force à Cuzco. Les Chimú n'étaient donc plus qu'un État vassal du vaste empire inca.

Découvertes archéologiques

Les souverains chimú étaient de fervents collectionneurs d'art d'autres cultures et leurs palais étaient de véritables musées remplis de niches dans lesquelles des objets et des statues étaient placés pour être exposés. Les souverains étaient également enterrés avec des objets précieux mais, malheureusement, le site subit d'importants pillages, à commencer par les Incas. Les Espagnols, par exemple, décrivent la fonte d'une porte couverte de Chan Chan pour produire 500 kilos d'or. Après la conquête, Chan Chan souffrit également des pluies d'El Nino, qui érodèrent fortement les bâtiments et les murs en briques d'adobe au fil des siècles, dont certains sont aujourd'hui protégés par des toits permanents. Néanmoins, les découvertes comprennent des exemples de céramiques noires typiques des Chimú, généralement sous la forme de vases à effigie ou de pots bulbeux avec des poignées à bec et une décoration incisée de motifs géométriques. Le travail du métal qui subsiste sous la forme d'objets tels que des oreillettes en or, des tuniques à plumes, des pendentifs en coquillages incrustés, des modèles miniatures de scènes funéraires en bois et en or, ainsi que des textiles en coton fin témoignent encore du savoir-faire des artisans de Chan Chan.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, juillet 11). Chan Chan [Chan Chan]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13245/chan-chan/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Chan Chan." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 11, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13245/chan-chan/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Chan Chan." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 11 juil. 2016. Web. 27 avril 2024.

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