Antigone le Borgne

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 11 janvier 2012
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Disponible dans ces autres langues: anglais, arabe
Coin of Antigonus I (by Unknown Artist, Public Domain)
Pièces avec Antigone le Borgne
Unknown Artist (Public Domain)

Antigone Ier Monophtalme ("le Borgne") (382-301 av. J.-C.) était l'un des rois successeurs d'Alexandre le Grand, contrôlant la Macédoine et la Grèce.

À la mort d'Alexandre le Grand, en 323 avant notre ère, un conflit connu sous le nom de "guerres des Diadoques" s'ensuivit au sujet de son immense empire, qui s'étendait de la Grèce à l'Inde. Il finit par être divisé entre trois de ses généraux les plus loyaux et leurs familles: Ptolémée Ier et ses descendants, la dynastie des Ptolémées (dont Cléopâtre VII), régnèrent sur l'Égypte; Séleucos Ier Nicator et sa famille régnèrent sur la Syrie et les provinces du Proche-Orient, et enfin, les descendants d'Antigone régnèrent sur la Macédoine et la Grèce. C'est ainsi que les choses se terminèrent, mais ce n'est pas ainsi qu'elles avaient commencé.

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Général d'Alexandre

Antigone le Borgne était un général et un noble macédonien qui avait bien servi Alexandre le Grand et son père Philippe II (r. de 359 av. J.-C. à 336 av. J.-C.). Après la mort de Philippe, assassiné par son ancien garde du corps Pausanias, Alexandre décida de réaliser le rêve de son père et de traverser l'Hellespont jusqu'en Anatolie pour affronter et vaincre Darius III (r. de 336 à 330 av. J.-C.) et conquérir l'empire achéménide. Antigone, âgé de 60 ans, suivit Alexandre dans cette campagne.

Antigone et son armée durent défendre son domaine en Phrygie à trois reprises et remportèrent les trois batailles.

Après avoir traversé l'Hellespont, Alexandre fit marcher ses troupes vers le nord, s'arrêtant brièvement pour rendre hommage aux héros d'Homère, Achille et les Grecs tombés lors de la guerre de Troie. Il se dirigea ensuite vers le sud, battant les Perses à la bataille du Granique en mai 334 avant notre ère. Avant de partir pour affronter et vaincre Darius III à la bataille d'Issos (novembre 333 av. J.-C.), Alexandre laissa Antigone comme satrape de Phrygie (Anatolie occidentale) avec une force de 1 500 soldats pour aider à défendre la satrapie, en conservant une capitale à Célènes. Il y resterait jusqu'à la fin de la guerre d'Alexandre contre les Perses. La principale responsabilité d'Antigone était de maintenir les lignes d'approvisionnement et de communication d'Alexandre, mais son séjour ne se déroula pas sans heurts. Après qu'Alexandre et son imposante armée eurent progressé vers le sud de la Syrie, les Perses tentèrent de regagner une partie du territoire qu'ils avaient perdu. Antigone et son armée durent défendre son domaine en Phrygie à trois reprises et remportèrent les trois batailles. L'une de ces batailles était contre le mercenaire grec Memnon (fidèle à Darius) qui venait d'être vaincu au Granique.

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En 323 avant notre ère, Alexandre mourut à Babylone, mais juste avant de mourir, il remit sa chevalière à son officier supérieur de cavalerie, Perdiccas, ce qui pourrait indiquer à certains qu'Alexandre le désignait comme successeur. Perdiccas réunit immédiatement les autres généraux pour discuter de l'avenir de l'empire. Méléagre, un chef d'infanterie, était considéré (du moins dans son esprit) comme le commandant en second - une position qu'il n'allait pas conserver longtemps. Perdiccas le fit exécuter, signe qu'une lutte pour l'empire s'annonçait. La grande question restait de savoir qui allait gouverner. Perdiccas choisit d'attendre la naissance de l'enfant de Roxanne et d'Alexandre, le fils qui deviendrait Alexandre IV. Cependant, le jeune Alexandre ne régnerait jamais, car Roxane et le jeune Alexandre furent tous deux exécutés par Cassandre, le fils d'Antipater, en 310 avant notre ère, résolvant ainsi tout le problème de l'héritage.

Alexander the Great, Bronze Head
Alexandre le Grand, tête en bronze
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Les généraux se mirent finalement d'accord pour diviser l'empire d'Alexandre dans le cadre du partage de Babylone. Le partage accordait à Antigone la satrapie de Phrygie ainsi que la Pamphylie et la Lycie (nord-ouest de l'Anatolie). Antipater resta régent de Macédoine tandis que son fils Cassandre reçut la Carie (sud-ouest de l'Anatolie). Ptolémée resta régent en Égypte. Eumène reçut la Cappadoce et la Paphlagonie (Anatolie orientale), tandis que la Thrace (nord-est de la Grèce) fut confiée à Lysimaque et la Syrie à Sélecucos Ier. Il y aurait encore 20 ans de guerre. Les alliances se succédèrent, la paix fut discontinue et la jalousie demeurerait tout au long de la période.

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Guerres des Diadoques

Les querelles de territoire commencèrent lorsque Perdiccas se mit en colère contre Antigone parce qu'il refusait d'aider Eumène à garder le contrôle du territoire qui lui avait été attribué. Antigone, désireux d'éviter tout conflit avec Perdiccas, se réfugia en Macédoine avec son fils Démétrios, âgé de 13 ans, et s'attira les faveurs d'Antipater; ils s'unirent contre Perdiccas et Eumène. Eumène fut vaincu et emprisonné en 321 avant notre ère. Antigone s'allia ensuite à Antipater, Ptolémée et Lysimaque contre Perdiccas. Perdiccas mourut assassiné en 321 avant notre ère, mettant ainsi fin à l'alliance.

Hellenistic Successor Kingdoms c. 301 BCE
Royaumes des diadoques, 301 av. J.-C.
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

À la mort de son père Antipater en 319 avant notre ère, Cassandre se vit refuser la régence de la Macédoine; Antipater l'avait jugé trop jeune pour s'opposer aux autres régents. Au lieu de cela, il nomma Polyperchon comme nouveau régent, qui s'allia à Eumène pour conserver sa régence (même si Eumène était toujours emprisonné dans la forteresse de Nora). Les autres régents refusèrent de reconnaître l'autorité de Polyperchon, craignant une menace pour leur propre régence. Eumène s'échappa cependant de sa prison pour aider Polyperchon. Antigone combattit Eumène à deux reprises et le vainquit à chaque fois, si bien que les célèbres Boucliers d'argent d'Eumène, un régiment d'élite macédonien, le livrèrent à Antigone qui le fit exécuter sommairement.

Afin d'obtenir la régence qu'il estimait mériter, Cassandre se tourna vers Antigone et Lysimaque pour obtenir de l'aide. Antigone, qui voulait contrôler la Macédoine, accepta l'alliance. Cassandre prit le contrôle de la Macédoine et chassa Polyperchon. Après la défaite d'Eumène, Antigone contrôlait une grande partie de la Méditerranée orientale. Avec ses forces, il marcha sur Babylone, ce qui poussa Séleucos à fuir en Égypte et à s'allier avec Ptolémée. Après avoir assiégé l'île de Tyr, Antigone déplaça ses forces en Syrie, mais ses avancées furent stoppées par Ptolémée et Séleucos.

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Seleucus I Nicator
Séléucos Ier Nicator
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Ce désir de réunir le royaume d'Alexandre sous sa direction amena Antigone à affronter les forces combinées de Ptolémée, Lysimaque, Cassandre et Séleucos. Après la défaite du fils d'Antigone, Démétrios, face à Ptolémée lors de la bataille de Gaza, Séleucos reprit Babylone. Après cette défaite, une paix limitée fut déclarée, qui dura de 315 à 311 avant notre ère. L'accord de paix laissa à Antigone le contrôle de toute l'Asie mineure et de la Syrie. Cette paix précaire prit fin lorsqu'Antigone décida de revendiquer à nouveau la Macédoine et la Grèce en faisant une offre de paix aux cités-états grecques, leur accordant l'autonomie et le retrait de toutes les troupes macédoniennes.

L'historien Diodore de Sicile parle de cette main tendue lorsqu'il déclare dans son Histoire universelle:

Tous les Grecs doivent être libres, exempts de garnisons et autonomes. Les soldats adoptèrent la motion et Antigone envoya des messagers dans toutes les directions pour annoncer la résolution. Il fit les calculs suivants: Les espoirs de liberté des Grecs en feraient des alliés volontaires dans la guerre, tandis que les généraux et les satrapes des satrapies orientales, qui soupçonnaient Antigone de vouloir renverser les rois qui avaient succédé à Alexandre, changeraient d'avis et se soumettraient volontiers à ses ordres lorsqu'ils verraient qu'il entreprendrait clairement la guerre en leur nom.

S'il obtint le soutien des cités-États grecques, Antigone s'attira la colère des autres qui s'allièrent contre lui: Lysimaque envahit l'Asie mineure à partir de la Thrace, s'emparant des anciennes cités grecques ioniennes, et Séleucos marcha à travers la Mésopotamie et la Cappadoce. Les guerres reprirent et se poursuivirent pendant plusieurs années.

Antigonus Doson, Silver Tetradrachm of Macedon
Antigone III Doson, Tétradrachme de Macédoine
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Ptolémée, Séleucos, Cassandre et Lysimaque finirent par combiner leurs forces et affrontèrent Antigone en Phrygie en 301 avant notre ère. À l'âge de 80 ans, Antigone mourut à la bataille d'Ipsos d'un simple coup de javelot. Démétrios s'enfuit en Macédoine dans l'espoir d'y asseoir son règne. Pendant près de deux décennies, lui et son fils Antigone II Gonatas se battirent pour la Macédoine, dont ils finirent par prendre le contrôle, établissant ainsi la dynastie des Antigonides.

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Conclusion

Comment évaluer Antigone? Était-il un grand général? Plutarque, dans sa Vie de Démétrios, dit :

Il paraît cependant que si Antigonus avait voulu se relâcher un peu de ses prétentions, et ne pas affecter une sorte de supériorité sur les autres princes, il aurait conservé pour lui-même pendant sa vie, et laissé à son fils après sa mort, le premier rang parmi les rois : mais, naturellement fier et dédaigneux, aussi dur dans ses paroles que dans sa conduite, il aigrit, il irrita ces jeunes rois, dont le nombre et la puissance n'étaient pas à mépriser.

(Vie des hommes illustres, trad. D. Richard)

Plutarque raconterait plus tard qu'alors que les armées de ses ennemis s'approchaient de lui lors de la bataille d'Ipsos, il était persuadé que Démétrios le sauverait encore, mais ce dernier était engagé ailleurs dans la bataille. Antigone resta ainsi "et cherchait des yeux son fils, lorsqu'il fut accablé d'une grêle de traits, et renversé par terre".

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant d’histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2012, janvier 11). Antigone le Borgne [Antigonus I]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10523/antigone-le-borgne/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Antigone le Borgne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 11, 2012. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10523/antigone-le-borgne/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Antigone le Borgne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 11 janv. 2012. Web. 28 avril 2024.

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