Amour, Sexe et Mariage en Ancienne Mésopotamie

Article

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 16 mai 2014
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Disponible dans ces autres langues: anglais, Turc

Les textes médicaux de l'ancienne Mésopotamie fournissent des prescriptions et des pratiques pour guérir toutes sortes d'affections, de blessures et de maladies. Il y avait cependant une maladie qui n'avait pas de remède: l'amour passionné. Ce passage est tiré d'un texte médical trouvé dans la bibliothèque d'Assurbanipal à Ninive:

Lorsque le malade se racle continuellement la gorge, qu'il est souvent à court de mots, qu'il parle toujours tout seul lorsqu'il est isolé et qu'il rit sans raison au coin des champs, qu'il est toujours déprimé, qu'il a la gorge serrée, qu'il n'éprouve aucun plaisir à manger ou à boire et qu'il répète sans cesse, avec de grands soupirs : "Ah, mon pauvre cœur !", il souffre de la maladie d'amour. Pour un homme et pour une femme, c'est du pareil au même.

(Bottero, 102-103)

Dans l'ancienne Mésopotamie, le mariage était d'une importance vitale pour la société, littéralement, parce qu'il assurait la continuité de la lignée familiale et la stabilité sociale. Les mariages arrangés étaient la norme, le couple ne s'étant souvent jamais rencontré, et - selon Hérodote - il y avait même des ventes aux enchères où les femmes étaient vendues au plus offrant, mais les relations humaines dans l'ancienne Mésopotamie étaient tout aussi complexes et stratifiées que celles d'aujourd'hui, et une partie de cette complexité était l'émotion de l'amour. L'historienne Karen Nemet-Nejat note que "comme les gens du monde entier et à travers le temps, les anciens Mésopotamiens tombaient profondément amoureux" (132).

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Marriage of Inanna and Dumuzi
Le mariage d'Inanna et de Dumuzi
TangLung (Public Domain)

La popularité de ce que l'on appellerait aujourd'hui les "chansons d'amour" atteste également de l'attachement romantique profond et commun des couples. Quelques-uns des titres de ces poèmes en témoignent:

Dormir, s'en aller ! Je veux tenir ma chérie dans mes bras".

Quand tu me parles, tu fais gonfler mon cœur jusqu'à ce que j'en meure !

Je n'ai pas fermé les yeux cette nuit ; Oui, j'ai veillé toute la nuit, ma chérie

[en pensant à toi]"

(Bottero, 106).

Il existe également des poèmes, tels qu'une composition akkadienne datant d'environ 1750 avant notre ère, qui dépeint deux amants se disputant parce que la femme pense que l'homme est attiré par une autre et qu'il doit la convaincre qu'elle est la seule pour lui. À la fin, après avoir discuté du problème, le couple se réconcilie et il est clair qu'ils vivront heureux ensemble pour toujours.

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Le business du mariage

LE MARIAGE ÉTAIT UN CONTRAT LÉGAL ENTRE LE PÈRE D'UNE FILLE ET UN AUTRE HOMME OU ENTRE DEUX FAMILLES, QUI SERVAIT DE FONDEMENT À UNE COMMUNAUTÉ.

À l'opposé de l'amour romantique et d'un couple qui partage sa vie, il y a le "business" du mariage et de la sexualité. Hérodote rapporte que chaque femme, au moins une fois dans sa vie, devait s'asseoir à l'extérieur du temple d'Ishtar (Inanna) et accepter d'avoir des relations sexuelles avec n'importe quel étranger qui la choisissait. Cette coutume était censée garantir la fertilité et la prospérité de la communauté. La virginité d'une femme étant considérée comme une condition préalable au mariage, il semble peu probable que des femmes non mariées aient participé à cette pratique, et pourtant Hérodote affirme que "chaque femme" était tenue de le faire. La pratique de la prostitution sacrée, telle qu'Hérodote la décrit, a été remise en question par de nombreux chercheurs modernes, mais pas sa description de la vente aux enchères de la mariée. Hérodote écrit:

Dans chaque bourgade, ceux qui avaient des filles nubiles les amenaient tous les ans dans un endroit où s'assemblaient autour d'elles une grande quantité d'hommes. Un crieur public les faisait lever, et les vendait toutes l'une après l'autre. Il commençait d'abord par la plus belle, et, après en avoir trouvé une somme considérable, il criait celles qui en approchaient davantage; mais il ne les vendait qu'à condition que les acheteurs les épouseraient. Tous les riches Babyloniens qui étaient en âge nubile, enchérissant les uns sur les autres, achetaient les plus belles. Quant aux jeunes gens du peuple, comme ils avaient moins besoin d'épouser de belles personnes que d'avoir une femme qui leur apportât une dot, ils prenaient les plus laides, avec l'argent qu'on leur donnait... Il était aussi permis indistinctement à tous ceux d'un autre bourg de venir à cette vente, et d'y acheter des filles. Cette loi, si sagement établie, ne subsiste plus.

(Histoires I : 196, trad. Larcher, Remacle)

Si l'amour romantique jouait un rôle dans les mariages mésopotamiens, il est vrai que, selon les coutumes et les attentes de la société mésopotamienne, le mariage était un contrat légal entre le père d'une jeune fille et un autre homme (le marié, comme dans le cas de la vente aux enchères de la mariée où le marié payait le prix de la mariée au père de la jeune fille) ou, plus communément, entre deux familles, ce qui constituait la base d'une communauté. Le chercheur Stephen Bertman commente:

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Dans la langue des Sumériens, le mot "amour" était un verbe composé qui, dans son sens littéral, signifiait "mesurer la terre", c'est-à-dire "marquer la terre". Chez les Sumériens et les Babyloniens (et très probablement aussi chez les Assyriens), le mariage était fondamentalement un accord commercial destiné à assurer et à perpétuer une société ordonnée. Bien que le mariage ait inévitablement comporté une composante affective, son objectif premier aux yeux de l'État n'était pas la camaraderie mais la procréation; non pas le bonheur personnel dans le présent mais la continuité de la communauté pour l'avenir. (275-276)

Babylonian Marriage Market
Marché matrimonial babylonien
Briangotts (Public Domain)

Il ne fait aucun doute qu'il s'agissait là de la conception "officielle" du mariage et rien n'indique qu'un homme et une femme aient décidé de se marier de leur propre chef (bien qu'il existe des preuves qu'un couple ait vécu ensemble sans se marier). Bertman écrit :

Tout mariage commençait par un contrat légal. En effet, comme le stipule la loi mésopotamienne, si un homme se marie sans avoir au préalable rédigé et exécuté un contrat de mariage, la femme qu'il "épouse" n'est pas sa femme... chaque mariage ne commence pas par une décision commune de deux personnes amoureuses, mais par une négociation entre les représentants de deux familles. (276)

Une fois le contrat de mariage signé en présence de témoins, la cérémonie pouvait être planifiée. La cérémonie de mariage devait comporter un festin pour être considérée comme légitime. Le déroulement du mariage comportait cinq étapes qui devaient être respectées pour que le couple soit légalement marié:

  1. Le contrat de fiançailles/mariage
  2. Le paiement des familles des mariés l'une envers l'autre (la dot et le prix de la mariée)
  3. La cérémonie/le festin
  4. L'emménagement de la mariée dans la maison de son beau-père
  5. Les rapports sexuels entre les deux époux, la mariée devant être vierge lors de sa nuit de noces et tomber enceinte

Si l'une de ces étapes n'était pas respectée, ou si elle ne l'était pas correctement (par exemple, si la mariée ne tombait pas enceinte), le mariage pouvait être invalidé. Si la mariée s'avérait ne pas être vierge ou ne pouvait pas concevoir, le marié pouvait la rendre à sa famille. Il devait alors restituer la dot à la famille de la mariée, mais il récupérait la dot que sa famille avait payée.

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Les fiançailles

Les fiançailles faisaient l'objet d'une attention particulière. Bertman note:

Les fiançailles étaient une affaire sérieuse à Babylone, en particulier pour ceux qui pouvaient changer d'avis. Selon le code d'Hammourabi, un prétendant qui changeait d'avis perdait la totalité de son acompte (cadeau de fiançailles) et du prix de la fiancée. Si le futur beau-père changeait d'avis, il devait payer au prétendant déçu le double du prix de la fiancée. En outre, si un prétendant rival persuadait le beau-père de changer d'avis, non seulement le beau-père devait payer le double, mais le rival n'était pas autorisé à épouser la fille. Ces sanctions légales avaient un effet dissuasif puissant contre les changements d'avis et constituaient une puissante incitation à prendre des décisions responsables et à adopter un comportement social ordonné. (276)

Ces incitations et ces sanctions étaient particulièrement importantes car les jeunes de Mésopotamie, comme les jeunes d'aujourd'hui, ne souhaitaient pas toujours se conformer aux souhaits de leurs parents. Un jeune homme ou une jeune femme pouvait très bien aimer quelqu'un d'autre que le "bon parti" choisi par ses parents. Un poème mettant en scène la déesse Inanna, connue pour son penchant à "aimer librement" et à faire ce qu'elle voulait, et son amant Dumuzi, est censé illustrer les problèmes rencontrés par les parents pour guider leurs enfants, en particulier leurs filles, vers une conduite appropriée permettant un mariage heureux (bien qu'Inanna et Dumuzi étant un couple très populaire dans la littérature religieuse et profane, il est douteux que les jeunes aient interprété le poème de la même manière que leurs parents). Le spécialiste Jean Bottero décrit l'œuvre en soulignant qu'Inanna avait été encouragée à épouser le dieu Enkimdu, un agriculteur prospère, mais qu'elle aimait le dieu Dumuzi, un berger, et qu'elle l'avait donc choisi. Bottero précise:

Elle quitta furtivement la maison, comme une adolescente amoureuse, pour aller rencontrer son bien-aimé sous les étoiles "qui étincelaient comme elle", puis pour flâner sous ses caresses et se demander soudain, voyant la nuit avancer, comment elle allait expliquer son absence et son retard à sa mère: Laissez-moi partir ! Je dois rentrer à la maison ! Laisse-moi partir, Dumuzi ! Il faut que j'entre ! /Quel mensonge vais-je dire à ma mère ? /Quel mensonge dois-je dire à ma mère Ningal ? Et Dumuzi suggère une réponse: elle dira que ses compagnes l'avaient persuadée de les accompagner pour écouter de la musique et aller danser. (109)

Inanna Prefers the Farmer
Inanna préfère le fermier
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Les sanctions et les incitations étaient donc censées maintenir le jeune couple sur la voie du mariage et l'empêcher de s'engager dans des histoires d'amour à la belle étoile. Une fois le couple bien marié, on s'attendait à ce qu'il ait rapidement des enfants. Le sexe était considéré comme un aspect parmi tant d'autres de la vie d'une personne et il n'y avait pas chez les Mésopotamiens la gêne, la timidité ou le tabou d'aujourd'hui. Bottero affirme que "l'amour homosexuel pouvait être apprécié" sans crainte de stigmatisation sociale et les textes mentionnent que les hommes "préféraient jouer le rôle de la femme" dans les rapports sexuels. De plus, écrit-il, "diverses positions inhabituelles pouvaient être adoptées: debout", "sur une chaise", "perpendiculairement au lit ou au partenaire", "en la prenant par derrière" ou même "en la sodomisant" et la sodomie, définie comme un rapport anal, était une forme courante de contraception (101). Il ajoute:

il pouvait arriver que l'on choisisse un cadre excentrique... au lieu de s'en tenir à son lieu de prédilection, la chambre à coucher. On pouvait se mettre en tête de "faire l'amour sur le toit-terrasse de la maison", ou "sur le seuil de la porte", ou "en plein milieu d'un champ ou d'un verger", ou "dans un endroit désert", ou "sur une route sans issue", ou même "au milieu de la rue", soit avec n'importe quelle femme que l'on avait à peine "croisée", soit avec une prostituée. (Bottero, 100)

Bottero poursuit:

Faire l'amour était une activité naturelle, aussi culturellement ennoblie que la nourriture l'était par la cuisine. Pourquoi diable devrait-on se sentir rabaissé ou diminué, ou coupable aux yeux des dieux, en le pratiquant comme bon nous semble, toujours à condition qu'aucun tiers ne soit lésé ou que l'on n'enfreigne aucun des interdits coutumiers qui régissaient la vie quotidienne. (97)

Cela ne veut pas dire que les Mésopotamiens n'avaient jamais de liaisons ou n'étaient jamais infidèles à leurs épouses. De nombreuses preuves textuelles nous prouvent le contraire. Cependant, comme le note Bottero, "lorsqu'ils étaient découverts, ces crimes étaient sévèrement punis par les juges, y compris par l'application de la peine de mort: ceux des hommes dans la mesure où ils causaient un tort grave à un tiers; ceux des femmes parce que, même secrets, ils pouvaient nuire à la cohésion de la famille" (93). Bottero poursuit :

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En Mésopotamie, les pulsions et les capacités amoureuses étaient traditionnellement canalisées par des contraintes collectives dans le but d'assurer la sécurité de ce qui était considéré comme le noyau même du corps social - la famille - et donc d'en assurer la pérennité. La vocation fondamentale de chaque homme et de chaque femme, son "destin", disait-on en se référant à une volonté radicale des dieux, était donc le mariage. Et [comme il l'est écrit dans un texte ancien] "le jeune homme qui est resté solitaire... n'ayant pas pris de femme, ni élevé d'enfants, et la jeune femme qui n'a été ni déflorée, ni fécondée, et dont aucun mari n'a défait l'agrafe de son vêtement et mis de côté sa robe, pour l'embrasser et la faire jouir de plaisir, jusqu'à ce que ses seins se gonflent de lait et qu'elle soit devenue mère" étaient considérés comme marginaux, condamnés à se morfondre dans une existence malheureuse. (92)

La procréation comme but du mariage

Les enfants étaient la conséquence naturelle et vivement souhaitée du mariage. L'absence d'enfants était considérée comme un grand malheur et un homme pouvait prendre une seconde épouse si la première s'avérait stérile. Bottero écrit:

Une fois installée dans son nouveau statut, toute la jurisprudence nous montre l'épouse entièrement soumise à l'autorité de son mari, et les contraintes sociales - donnant carte blanche au mari - n'étaient pas tendres avec elle. Tout d'abord, si la monogamie était courante, chaque homme pouvait, selon ses caprices, ses besoins et ses ressources, adjoindre à la première épouse une ou plusieurs "secondes épouses", ou plutôt concubines (115).

La première épouse était souvent consultée lors du choix des secondes femmes, et il lui incombait de s'assurer qu'elles remplissaient les fonctions pour lesquelles elles avaient été choisies. Si une concubine avait été ajoutée au foyer parce que la première femme ne pouvait pas avoir d'enfants, la progéniture de la concubine devenait les enfants de la première femme et pouvait hériter et perpétuer le nom de la famille.

Erotic Plaque
Plaque érotique
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Le but premier du mariage étant, selon la société, de produire des enfants, un homme pouvait ajouter autant de concubines à son foyer qu'il en avait les moyens. La continuité de la lignée familiale étant la plus importante, les concubines étaient assez fréquentes dans les cas où la femme était malade, en mauvaise santé ou stérile.

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Un homme ne pouvait cependant pas divorcer de sa femme en raison de son état de santé; il continuait à l'honorer en tant que première épouse jusqu'à ce qu'elle ne meure. Dans ces circonstances, la concubine devenait la première épouse à la mort de l'épouse et, s'il y avait d'autres femmes dans la maison, elles montaient chacune d'un rang dans la hiérarchie du foyer.

Divorce et infidélité

Le divorce, très mal vu par la société, n'était pas courant. La plupart des gens se mariaient pour la vie, même si ce mariage n'était pas heureux. Des inscriptions font état de femmes fuyant leur mari pour coucher avec d'autres hommes. Si elle était prise sur le fait, la femme pouvait être jetée dans la rivière pour s'y noyer, avec son amant, ou être empalée; les deux parties devaient être épargnées ou exécutées. Le code d'Hammourabi stipule que "si le propriétaire de la femme souhaite la garder en vie, le roi pardonnera également à l'amant de la femme".

Code of Hammurabi
Code de Hammurabi
Larry Koester (CC BY)

Le divorce était généralement demandé par le mari, mais une femme était autorisée à divorcer de son compagnon s'il était prouvé qu'il la maltraitait ou la négligeait. Un mari pouvait divorcer de sa femme si celle-ci s'avérait stérile, mais comme il devait alors lui rendre sa dot, il était généralement plus enclin à ajouter une concubine à la famille. Il semble que les gens de l'époque n'aient jamais pensé que l'homme pouvait être responsable d'un mariage sans enfant; la faute était toujours attribuée à la femme. Un mari pouvait également divorcer de sa femme pour cause d'adultère ou de négligence du foyer, mais, là encore, il devait lui restituer ses biens et subir les stigmates du divorce. Les deux parties semblent avoir généralement choisi de tirer le meilleur parti de la situation, même si celle-ci n'était pas parfaite. Bottero écrit:

Quant à la femme mariée, si elle avait un peu de "cran" et savait user de ses charmes, en usant de toute sa ruse, elle n'en était pas moins capable de faire plier son mari. Un oracle divinatoire fait état d'une femme mise enceinte par un tiers qui ne cesse d'implorer la déesse de l'amour, Ishtar, en répétant: "S'il te plaît, que l'enfant ressemble à mon mari" : Et l'on nous parle de femmes qui avaient quitté leur foyer et leur mari pour aller batifoler, non pas une fois, mais deux, trois... jusqu'à huit fois, certaines revenant plus tard, penaudes, ou ne revenant pas du tout. (120)

Il était peu courant qu'une femme abandonne sa famille, mais c'était un phénomène suffisamment répandu pour avoir fait l'objet d'écrits. Une femme qui voyageait seule vers une autre région ou une autre ville pour commencer une nouvelle vie était inhabituel, à moins qu'il ne s'agisse d'une prostituée, mais cela arrivait et semble avoir été une option prise par les femmes qui se trouvaient dans un mariage malheureux et qui choisissaient de ne pas subir le déshonneur d'un divorce public.

LES MYTHES LES PLUS POPULAIRES PRÉSENTENT LES FEMMES SOUS UN JOUR TRÈS FLATTEUR ET, SOUVENT, COMME AYANT UN AVANTAGE SUR LES HOMMES.

Le divorce favorisant l'homme, "si une femme exprimait le désir de divorcer, elle pouvait être jetée hors de la maison de son mari, sans le sou et nue" (Nemet-Nejat, 140). L'homme était le chef de famille et l'autorité suprême, et une femme devait prouver de manière concluante que son mari n'avait pas respecté sa part du contrat de mariage pour obtenir le divorce.

Malgré cela, il convient de noter que la majorité des mythes de l'ancienne Mésopotamie, en particulier les mythes les plus populaires (tels que La descente d'Inanna aux Enfers, Inanna et l'arbre Huluppu, Ereshkigal et Nergal) dépeignent les femmes sous un jour très flatteur et, souvent, comme ayant un avantage sur les hommes. Alors que les hommes étaient reconnus comme l'autorité au sein du gouvernement et du foyer, les femmes pouvaient posséder leurs propres terres et entreprises, acheter et vendre des esclaves et entamer des procédures de divorce.

Bottero cite des preuves (telles que les mythes mentionnés ci-dessus et les contrats commerciaux) qui montrent que les femmes de Sumer jouissaient de plus de libertés que les femmes après l'avènement de l'empire akkadien (vers 2334). Après l'influence d'Akkad, il écrit: "si les femmes de l'ancienne Mésopotamie, bien que considérées à tous les niveaux comme inférieures aux hommes et traitées comme telles, semblent néanmoins avoir bénéficié d'une certaine considération, de droits et de libertés, c'est peut-être l'un des lointains résultats et vestiges de l'ancienne et mystérieuse culture sumérienne" (126). Cette culture resta suffisamment répandue tout au long de l'histoire de la Mésopotamie pour permettre à une femme d'échapper à une vie familiale malheureuse et de se rendre dans une autre ville ou une autre région pour en commencer une nouvelle.

Vivre heureux à jamais

Malgré toutes les difficultés et légalités du mariage en Mésopotamie, il y avait, tout comme aujourd'hui, de nombreux couples heureux qui vivaient ensemble pour la vie et profitaient de leurs enfants et petits-enfants. Outre les poèmes d'amour mentionnés ci-dessus, des lettres, des inscriptions, des peintures et des sculptures témoignent d'une véritable affection entre les couples, quelle qu'ait été la façon dont leur mariage avait été arrangé. Les lettres de Zimri-Lim, roi de Mari, et de sa femme Shiptu sont particulièrement touchantes, car elles montrent clairement à quel point ils s'aimaient, se faisaient confiance et comptaient l'un sur l'autre. Nemet-Nejat écrit: "Les mariages heureux fleurissaient dans les temps anciens; un proverbe sumérien mentionne un mari qui se vantait que sa femme lui avait donné huit fils et était encore prête à faire l'amour" (132), et Bertman décrit ainsi une statue sumérienne d'un couple assis, datant de 2700 avant J.-C.:

Un couple sumérien âgé est assis côte à côte, fusionné par la sculpture en un seul morceau de roche de gypse; son bras droit entourant son épaule, sa main gauche serrant tendrement sa main droite, leurs grands yeux regardant droit devant eux vers l'avenir, leurs cœurs âgés se souvenant du passé. (280)

Bien que les coutumes des Mésopotamiens puissent sembler étranges, voire cruelles, à un esprit occidental d'aujourd'hui, les peuples de l'Antiquité n'étaient pas différents de ceux d'aujourd'hui. De nombreux mariages modernes, commencés avec de grandes promesses, se terminent mal, tandis que beaucoup d'autres, qui ont connu des difficultés initiales, durent toute la vie. Les pratiques à l'origine de ces unions ne sont pas aussi importantes que ce que les individus concernés font du temps passé ensemble et, en Mésopotamie comme aujourd'hui, le mariage présentait de nombreux défis que les couples pouvaient choisir de surmonter ou non..

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, mai 16). Amour, Sexe et Mariage en Ancienne Mésopotamie [Love, Sex, & Marriage in Ancient Mesopotamia]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-688/amour-sexe-et-mariage-en-ancienne-mesopotamie/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Amour, Sexe et Mariage en Ancienne Mésopotamie." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mai 16, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-688/amour-sexe-et-mariage-en-ancienne-mesopotamie/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Amour, Sexe et Mariage en Ancienne Mésopotamie." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 16 mai 2014. Web. 28 avril 2024.

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