Dix Choses à Savoir sur les LGBTQ dans l'Antiquité

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Joshua J. Mark
de , traduit par Caroline Martin
publié le 08 juin 2021
Disponible dans ces autres langues: anglais, arabe, allemand, espagnol
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Les questions relatives à l'identité de genre et aux droits civils des membres de la communauté LGBTQ sont un phénomène relativement récent, tout comme les termes « homosexuel » et « hétérosexuel ». Dans les sociétés anciennes, aucune distinction n'était faite entre les couples de même sexe et les couples de sexe opposé, les deux étant également acceptables.

Les termes « homosexuel » et « hétérosexuel » sont des constructions modernes du 19e siècle, inventées par l'écrivain autrichien Karl-Maria Kertbeny (1824-1882) dans un pamphlet de 1869 contre la loi prussienne sur la sodomie qui criminalisait les relations homosexuelles. Kertbeny, un homosexuel refoulé, avait, dans sa jeunesse, perdu un ami proche qui s’était suicidé après avoir été extorqué par un maître chanteur qui avait découvert son homosexualité. Les œuvres ultérieures de Kertbeny tentèrent de supprimer les stigmates liés aux relations homosexuelles, régulièrement définies comme des perversions.

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Detail from the Warren Cup
Détail de la Coupe Warren
Ashley Van Haeften (CC BY-NC-SA)

Le pamphlet fut publié anonymement, mais la terminologie fut utilisée par le naturaliste Gustav Jager dans son ouvrage Découverte de l’Âme en 1880, puis par le psychiatre Richard von Krafft-Ebing dans son ouvrage Psychopathia Sexualis de 1886. Les termes furent ensuite popularisés par le médecin et écrivain H. Havelock Ellis (1859-1939). Bien que les relations homosexuelles aient bien sûr été reconnues avant Kertbeny, ce dernier fut l'un des premiers à affirmer que la préférence sexuelle et l'identité de genre d'une personne étaient innées - et non un choix - et qu'un homosexuel ne devait pas être assimilé à un efféminé, en citant de grands héros de l'Antiquité qui étaient homosexuels.

L'histoire, tant moderne qu'ancienne, raconte la chronique de nombreuses personnes dont la sexualité est minimisée ou ignorée parce que, pendant des siècles après l'avènement du christianisme, l'homosexualité était considérée comme un péché honteux. Jusqu'aux 19e et 20e siècles, on parlait peu de Platon, d'Alexandre le Grand ou de tout autre personnage notable du passé en s'attardant longuement sur leur sexualité, voire pas du tout. Ce paradigme a maintenant changé pour le mieux et permet une compréhension plus profonde et plus large du passé et des contributions de la communauté LGBTQ à l'histoire.

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La liste suivante n'est qu'un petit échantillon des nombreux documents ayant trait à la communauté actuellement identifiée comme LGBTQ. Bien que les personnes de sexe différent semblent avoir toujours été identifiées comme telles, dans certaines civilisations, cela signifiait qu'elles avaient été élevées par le divin, tandis que dans d'autres, la distinction ne semblait pas avoir d'importance ou, dans le cas des Grecs et, à certaines périodes, des Romains, les relations entre hommes de même sexe étaient considérées comme supérieures. Les exemples ci-dessous proviennent de cultures multiples et ils s'étalent sur des milliers d'années, mais ils partagent tous le point commun de ce qui, aujourd'hui, serait considéré comme une acceptation et un accueil des membres de la communauté LGBTQ.

Le clergé transgenre du culte d'Inanna

LE CLERGÉ TRANSGENRE ÉTAIT CONSIDÉRÉ COMME UN MÉDIATEUR ENTRE LE MONDE DES HUMAINS ET CELUI DU DIVIN.

Inanna était une déesse mésopotamienne populaire qui deviendrait plus tard célèbre sous le nom d'Ishtar et dont le clergé était bisexuel et transgenre. L'écrivain Colin Spencer note : « Il y avait des prêtresses de moindre importance qui étaient également musiciennes, chanteuses et danseuses, certainement certaines d'entre elles étaient des hommes qui copulaient également avec des hommes et des femmes » (29). Les transgenres masculins, qui s'étaient castrés, étaient connus sous le nom de kurgarra ; les femmes qui s'identifiaient comme des hommes étaient appelées galatur. Inanna/Ishtar, déesse de l'amour, du sexe, de la guerre et de la fertilité, était censée avoir transformé ces personnes grâce à son pouvoir divin et elles étaient considérées comme ses serviteurs sacrés. Dans le célèbre poème La descente d'Inanna, le kurgarra et le galatur sont censés avoir été créés par le Dieu Père Enki qui les fait « ni mâle ni femelle » et leur donne la nourriture et l'eau de la vie pour libérer Inanna des enfers. Le clergé transgenre n'était pas universellement accepté, il existe des preuves que certaines personnes les désapprouvaient personnellement, mais ils étaient tout de même considérés comme des médiateurs entre le monde des humains et celui du divin et, même si leur comportement était parfois critiqué, ils étaient toujours respectés.

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Les tribus amérindiennes et les deux-esprits

Les peuples amérindiens des Amériques du Nord, centrale et du Sud respectaient également ceux que les dieux avaient touchés et transformés. Ils reconnaissaient un troisième genre, connu de nos jours sous le nom de deux-esprits, à la fois masculin et féminin (bien que ce terme soit moderne, l'original ayant été perdu). Un deux-esprits (appelé Berdache dans les ouvrages européens des 17e et 18e siècles) était un homme ou une femme qui s'identifiait au sexe opposé ; les hommes s'habillaient et assumaient les tâches des femmes, et les femmes, plus rarement, portaient des vêtements d'homme et elles accomplissaient les tâches associées à la masculinité et au pouvoir masculin.

Dance to the Berdache
Danse de la Berdache
George Catlin (Public Domain)

Le deux-esprits n'était pas seulement complètement accepté par la communauté, mais il était aussi valorisé. Un garçon qui était au seuil de la virilité recevait un message du Divin concernant sa véritable identité et le chemin qu'il devait suivre. Il commençait alors à s'habiller en femme et à se concentrer sur la couture, la collecte de bois, la construction d'abris et la cuisine plutôt que sur la chasse et la guerre. L'acceptation par les Amérindiens des personnes de sexe différent et des relations homosexuelles est relevée par un certain nombre de missionnaires et d'explorateurs européens qui condamnent à plusieurs reprises les indigènes comme étant immoraux, honteux et pervers, mais ces pratiques et ces croyances existaient depuis des milliers d'années, vraisemblablement bien avant l'arrivée des missionnaires et de leur jugement.

Le duc et son courtisan dans la Chine ancienne

L'un des nombreux récits chinois célébrant les relations homosexuelles, et certainement le plus connu, est celui du duc Ling de l'État de Wei (r. 534-493 av. JC) et de son amant Mizi Xia, un courtisan d'une grande beauté. Lorsque Mizi Xia apprit que sa mère était malade, il emprunta le carrosse du duc Ling pour aller la voir sans demander la permission, un acte qui aurait normalement entraîné une punition sévère, mais le duc félicita au contraire son amant pour sa piété filiale. Une autre fois, alors que les deux hommes se promenaient, Mizi Xia mangeait une pêche exceptionnelle et en offrit la moitié au duc qui s'exclama : « Comme ton amour pour moi est grand. Tu oublies ton propre appétit et tu ne penses qu'à me donner de bonnes choses à manger ! »

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L'EXPRESSION TRADUITE PAR « L'AMOUR DE LA PÊCHE À MOITIÉ MANGÉE », ET « LA PÊCHE MORDUE » en vint À ÊTRE UTILISÉE POUR DÉSIGNER LES RELATIONS ROMANTIQUES ENTRE PERSONNES DE MÊME SEXE.

Le duc Ling était marié et avait un fils, mais il était entendu qu'un homme pouvait aussi avoir une relation amoureuse avec un autre homme sans perturber le mariage. L'expression traduite par « l'amour de la pêche à moitié mangée », « l'amour de la pêche partagée » et « la pêche mordue » en vint à être utilisée pour désigner les relations romantiques entre personnes de même sexe à partir du moment où l'histoire fut racontée pour la première fois par le philosophe légaliste Han Feizi (vers 280-233 av. JC) de la dynastie Qin jusqu'à ce que les attitudes chrétiennes occidentales à l'égard de l'homosexualité ne commencent à influencer la culture chinoise. L'histoire des deux amants se poursuivit après que le duc Ling ait cessé d'être amoureux de Mizi Xia et qu'il se soit plaint de la façon dont son ancien amant utilisa son carrosse sans permission et lui donna une pêche à moitié mangée.

La force d'élite des amants gays en Grèce

La Bande Sacrée de Thèbes était un groupe restreint des plus grands guerriers de l'armée thébaine. Elle était composée de 300 hommes, dont 150 couples, qui étaient très respectés pour leurs états de service, car ils furent constamment victorieux au combat pendant plus de 30 ans. Les couples correspondaient tous au modèle grec accepté des relations amoureuses entre hommes du même sexe, à savoir un homme plus âgé (l'éraste, « l’amant ») et un plus jeune (l'éromène, « le bien-aimé »). La bande sacrée fut appelée ainsi en raison des vœux prononcés par les couples au sanctuaire d'Iolaus, l'un des amants du héros Héraclès, les consacrant l'un à l'autre au nom du dieu de l'amour, Eros. Le groupe fut formé dans la conviction que chaque homme préfère se battre et mourir courageusement plutôt que de se laisser considérer comme un lâche par son bien-aimé. La Bande Sacrée de Thèbes resta invaincue de la bataille de Leuctres en 371 av. JC jusqu'à son anéantissement par les Macédoniens lors de la bataille de Chéronée en 338 av. JC.

Greek Warriors Stele
Stèle de guerriers grecs
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Le roi d'Égypte gay Pepi II

Les relations entre personnes de même sexe ne font pas l'objet d'une grande attention dans les œuvres de l'Égypte ancienne, sans doute parce qu'elles n'étaient pas considérées comme un sujet digne d'intérêt. Comme en Chine ou en Grèce, ce que deux adultes consentants voulaient faire dans une relation amoureuse, qu'elle soit de même sexe ou de sexe opposé, ne regardait qu'eux. Une histoire, cependant, raconte que le roi Pépi II Neferkare (r. vers 2284 av. JC) de la sixième dynastie de l'Ancien Empire d'Égypte (vers 2613-2181 av. JC) semble avoir eu une relation avec son général Sasenet.

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Dans cette histoire, Pépi II quitte son palais pendant quatre heures la nuit, se rend dans la maison de Sasenet et lui fait « ce que sa majesté désirait », un euphémisme pour le sexe. Les actions de Pépi II sont toutefois sujettes à interprétation. Certains spécialistes affirment qu'il s'agissait d'un rituel dans lequel il jouait le rôle du dieu Râ qui rendait visite à Osiris, juge des morts, dans le monde souterrain pendant quatre heures la nuit. Cette interprétation ne tient pas compte du ton de jugement du scribe du Moyen Empire qui a rédigé le texte original. Il semble qu'il n'approuve pas le fait que Pépi II s'éclipse du palais la nuit, bien qu'il ne soit pas certain qu'il désapprouve la relation elle-même.

Le troisième sexe des kinnars

Les relations entre personnes de même sexe et l'existence d'un troisième sexe sont mentionnées dans les anciens textes hindous de l'Inde. Le Manusmriti, un code de loi datant d'environ 1250 av. JC, recommande une purification rituelle après une relation homosexuelle, mais cette recommandation s'applique également aux unions entre personnes de sexe opposé. Le Kamasutra (vers 400 av. JC) encourage les unions entre personnes du même sexe et parle du troisième sexe (« la troisième nature ») de manière désinvolte. Les kinnars (kinnaras et kinnaris) (également connus sous le nom de hijra) sont un troisième sexe reconnu aujourd'hui sur le sous-continent indien et sont mentionnés dans des textes comme ceux-ci remontant à plus de 2 000 ans. Ils se désignent eux-mêmes sous le nom de kinnara ou kinnari, d'après les créatures musicales célestes de l'hindouisme, mi-oiseau, mi-cheval et mi-humain, tandis que le bouddhisme utilise le même terme pour désigner le musicien divin, mi-humain et mi-oiseau.

Kinnari
Kinnaris
Jean-Pierre Dalbéra (CC BY)

Ceux qui s'identifient comme kinnaras sont nés hommes mais vivent comme des femmes, et beaucoup sont associés au mouvement Shakti, reconnaissant la primauté de la force cosmique créatrice que beaucoup de kinnars associent à la déesse de la transformation, Bahuchara Mata, une déesse de la terre et de la fertilité qui incarne la nature créatrice et destructrice de Shakti. Elle est parfois désignée comme la déesse des transsexuels. Les aravanis du sud de l'Inde sont une autre secte du troisième sexe qui concentre son culte sur le dieu Aravan plutôt que sur la déesse.

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L’ honneur et les relations homosexuelles au Japon

PENDANT LA PÉRIODE MEIJI, LES VALEURS OCCIDENTALES GAGNèrent DU TERRAIN AU JAPON ET LES RELATIONS HOMOSEXUELLES furent CONSIDÉRÉES COMME UN PÉCHÉ, PUIS COMME UN CRIME.

Au Japon, durant la période pré-Meiji (800-1868 ap. JC), les relations homosexuelles entre hommes étaient considérées comme « un mode de vie honoré par les chefs religieux et militaires du pays, de sorte que leur acceptation était comparable à celle de l'Athènes antique et, à certains égards, la surpassait » (Crompton, 412). Comme en Grèce, on pensait que les relations homosexuelles masculines amélioraient le caractère et l'esprit des deux participants, tandis que les relations sexuelles avec une femme, dans l'ensemble, n'étaient valorisées que comme moyen de procréation et de préservation du nom de la famille. Ce paradigme social était respecté jusqu'à ce qu'il soit remis en question par l'arrivée de missionnaires chrétiens venus d'Occident, à commencer par François Xavier (plus connu sous le nom de Saint François Xavier, 1506-1552 ap. JC) qui dénonçait l'amour homosexuel comme un péché.

Les Japonais comprenaient ces relations comme étant simplement des nanshoku (« amour des mâles » ou « couleurs mâles ») sans qu'aucune connotation de méfait n'y soit attachée. Pendant la période Meiji (1868-1912), les valeurs occidentales gagnèrent du terrain au Japon et les relations homosexuelles furent considérées comme un péché, puis comme un crime. Bon nombre des samouraïs les plus célèbres et les plus honorables eurent des relations homosexuelles, tout comme les moines, les dirigeants politiques et d'autres personnes qui, après la propagation du christianisme, durent cacher leur identité ou faire face à la persécution.

L'idéal romain de la masculinité et les relations entre personnes de même sexe

Les Romains, comme les Grecs et d'autres sociétés, entretenaient régulièrement des relations homosexuelles. La critique de ces relations n'avait rien à voir avec la relation elle-même, mais se concentrait sur la passivité de l'homme dans les rapports sexuels. Le fait de « jouer le rôle d'une femme », si l'on était un homme, était considéré comme déshonorant dans la mesure où l'on avait abandonné sa virilité et où l'on n'était plus un « vrai homme ». Dans le même temps, il existe de nombreux témoignages de grands personnages, tels que Jules César (100-44 av. JC), qui auraient joué le rôle passif dans les rapports sexuels et seraient restés respectés. Spencer note : « Le caractère de César répondait aux attentes des Romains. Il était physiquement fort, il avait de grandes compétences militaires, de la patience et de la ténacité et il était très sexuel... Un homme qui avait une telle réputation pouvait être autorisé à glisser occasionnellement, dans le rôle passif et rester un homme » (74). Une relation homosexuelle engagée, calquée sur le modèle grec dans lequel l'amant améliorait le caractère de l'aimé, était respectée, comme en témoigne celle de l'empereur romain Hadrien (r. 117-138 ap. JC) et de son amant Antinoüs (vers 110-130 ap. JC) qui fut déifié après sa mort et dont le culte fut un rival majeur de la nouvelle religion du christianisme.

Colossal Statue of Antinous
Statue colossale d'Antinoüs
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Les guerriers celtes et leurs amants masculins

Les Celtes sont régulièrement décrits par les auteurs romains comme de redoutables guerriers, mais l'historien Diodore de Sicile (1er siècle av. JC) ajoute qu'ils préféraient également les relations homosexuelles. Alors que les Romains désapprouvaient le fait que les hommes jouent un rôle passif dans les relations sexuelles, Diodore note que les Celtes ne voyaient pas cela comme un problème :

Les hommes sont beaucoup plus portés sur leur propre sexe ; ils s'allongent sur des peaux de bêtes et s'amusent, avec un amant de chaque côté. Ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils n'ont pas le moindre égard pour leur dignité personnelle [et] ils s'offrent à d'autres hommes sans le moindre scrupule. En outre, cela n'est ni méprisé ni considéré comme honteux. (Spencer, 94)

Diodore ne critiquait pas la nature des relations mais la passivité de l'un des partenaires, qui était en contradiction avec les normes culturelles romaines. Comme dans les autres exemples ci-dessus, les Celtes continuèrent à considérer les relations homosexuelles comme normales et naturelles jusqu'à l'avènement du christianisme.

La Bible condamne les comportements idolâtres, pas l'homosexualité

Le christianisme eut cet effet sur tant de cultures en raison de l'interprétation, et non de la traduction, du mot grec arsenokoites, qui, selon le théologien Justin R. Cannon, signifie littéralement « lits d'hommes » et semble avoir été inventé par l'apôtre saint Paul en référence aux hommes qui couchaient avec des hommes dans les cultures païennes (9). Ce mot fut interprété par les traducteurs européens comme « sodomites » ou « pervers sexuels », mais il semble à l'origine avoir été destiné à faire référence à ce que Paul considérait comme une pratique régulière des non-chrétiens. L'un des passages bibliques les plus souvent cités pour condamner les relations homosexuelles, Romains 1:24-27, quelle que soit la traduction, mentionne comment les hommes et les femmes abandonnèrent « les relations naturelles pour des relations contre nature » et commirent des « actes impudiques » mais, dans le contexte de l'ensemble du passage, cela doit être compris comme faisant référence à un comportement idolâtre - se comporter comme les païens lors d'orgies - plutôt qu'à une relation homosexuelle engagée.

Un autre passage fréquemment cité, Lévitique 18:22 - « Tu ne coucheras pas avec un homme comme avec une femme ; c'est une abomination" - ne fait pas non plus référence à ce type de relation, mais exprime simplement le même dégoût que les Romains avaient pour un homme jouant un rôle passif dans la sexualité. Plus tard, les traducteurs européens de la Bible interprétèrent la référence aux pratiques sexuelles païennes comme une déviance, et cela fut finalement interprété comme « homosexualité » dans la version standard révisée de la Bible de 1946 (Cannon, 9). Le mot n'apparaît pas dans la Bible avant cette date.

Conclusion

Les versets de la Bible utilisés aujourd'hui pour condamner les relations homosexuelles, lus dans leur contexte, condamnent en fait la licence sexuelle associée à des systèmes de croyance antérieurs et même contemporains du christianisme primitif. Dans ses lettres, Paul exhorte son auditoire à prendre ses distances par rapport à un certain nombre de pratiques et de traditions de leur culture et à en adopter de nouvelles, conformément à sa vision de la mission de Jésus-Christ, mais il ne désigne pas les relations homosexuelles comme un péché. En fait, certains spécialistes - dont l'évêque John Shelby Spong - ont suggéré que « l'épine dans la chair » de Paul (II Corinthiens 12:6-7) est une référence à sa propre homosexualité, avec laquelle il semble avoir lutté.

Ananias Baptizes Saint Paul
Ananie baptise Saint Paul
Lawrence OP (CC BY-NC-ND)

On a également fait remarquer que l'histoire de Sodome et Gomorrhe dans le livre de la Genèse, souvent utilisée pour condamner l'homosexualité, est en fait un récit édifiant sur l'importance de l'hospitalité. Le premier érudit chrétien Origène (184-253 ap. JC environ) interpréta l'histoire dans ce sens, tout comme les Pères de l'Église tels que Saint Ambroise (m. 397 ap. JC). Selon ces auteurs, le péché des habitants de Sodome et Gomorrhe était leur incapacité à respecter les règles établies de l'hospitalité et n'avait rien à voir avec leur orientation sexuelle.

Bien qu'il existe certainement des preuves d'opinions personnelles négatives à l'égard des pratiques homosexuelles dans la civilisation pré-chrétienne, celles-ci semblent être liées soit à la perte de la virilité et du statut d'homme d'un homme, soit à la perte de la virginité d'une jeune femme, soit, dans le cas de certaines périodes de l'histoire romaine, à une licence et une promiscuité extrêmes. Ces critiques portaient toutefois sur le comportement des personnes, et non sur les relations homosexuelles en tant que telles. La façon dont une personne choisissait de mener ses relations privées et amoureuses ne regardait qu'elle, et c’était librement poursuivi et reconnu par les autres comme une autre expression de la sexualité humaine.

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Traducteur

Caroline Martin
Française, ayant vécu au Royaume Uni pendant 20 ans, Caroline Martin est totalement bilingue. Lectrice passionnée depuis son plus jeune âge, elle a développé un amour de l'histoire qui remonte a ses années sur les bancs de l’école. Elle s'intéresse maintenant beaucoup à l'histoire en général et à la géopolitique.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2021, juin 08). Dix Choses à Savoir sur les LGBTQ dans l'Antiquité [Ten Ancient LGBTQ Facts You Need to Know]. (C. Martin, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1774/dix-choses-a-savoir-sur-les-lgbtq-dans-lantiquite/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Dix Choses à Savoir sur les LGBTQ dans l'Antiquité." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. modifié le juin 08, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1774/dix-choses-a-savoir-sur-les-lgbtq-dans-lantiquite/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Dix Choses à Savoir sur les LGBTQ dans l'Antiquité." Traduit par Caroline Martin. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 juin 2021. Web. 03 nov. 2024.

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