Les Chats au Moyen Âge

Article

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 20 mai 2019
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Disponible dans ces autres langues: anglais, allemand, italien, portugais, espagnol, Turc

Au Moyen Âge, les chats étaient généralement désapprouvés, considérés comme, au mieux, des nuisibles utiles et, au pire, des agents de Satan, en raison de l'Église médiévale et de son association des chats avec le mal. Toutefois, avant l'acceptation généralisée du christianisme, les chats étaient considérés comme des membres précieux de la société et étaient même vénérés dans certaines cultures.

La vie d'un chat au Moyen Âge (c. 476-1500) différait considérablement de celle d'un chien, principalement en raison de son association avec la sorcellerie, les ténèbres et le diable. Dans le monde antique, le chat était très apprécié par des cultures aussi diverses que la Chine, l'Égypte et Rome, mais au 13e siècle, en Europe, il avait perdu depuis longtemps son statut antérieur et était généralement toléré pour son utilisation pratique dans la lutte contre la vermine, mais pas souvent apprécié comme animal de compagnie.

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Medieval Drawing of a Cat in a Tree
Dessin médiéval d'un chat dans un arbre
Getty Museum (CC BY)

Le chat perdit son ancien statut grâce aux efforts de l'Église médiévale qui encouragea l'association du chat avec les démons et les ténèbres dans le cadre de son programme de longue date visant à diaboliser les croyances, les rituels et les valeurs païennes. L'expert Desmond Morris écrit:

Les bigots religieux ont souvent utilisé l'astuce de transformer les héros des autres en méchants pour servir leurs propres objectifs. Ainsi, l'ancien dieu cornu qui protégeait les cultures antérieures fut d'abord transformé en diable du christianisme et le félin sacré vénéré de l'Égypte ancienne devint le méchant chat du sorcier de l'Europe médiévale. De nombreuses choses considérées comme sacrées par une ancienne foi religieuse furent automatiquement damnées par une nouvelle religion. C'est ainsi que commença le chapitre le plus sombre de la longue association du chat avec l'humanité. Pendant des siècles, il fut persécuté et les cruautés dont il fut victime reçurent le soutien total de l'Église. (158)

Une fois que le chat fut associé à Satan, il fut régulièrement torturé et tué, soit pour conjurer le mauvais sort, soit en signe de dévotion au Christ, soit comme partie intégrante des rituels d'ailuromancie (utilisation des chats pour prédire l'avenir). Condamnés par les papes et massacrés par des villages entiers, les chats ne retrouveront pas la moitié de leur statut antérieur avant le siècle des Lumières, au 18e siècle. L'ère victorienne du 19e siècle verra la restauration complète du statut du chat.

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Les chats dans l'Antiquité

L'association du chat avec l'Égypte ancienne est bien connue. Les chats étaient tellement appréciés que, selon Hérodote, lorsqu'une maison égyptienne prenait feu, les habitants se préoccupaient d'abord de sauver leurs chats et ne pensaient qu'ensuite à éteindre le feu. Lorsqu'un chat de la famille mourait, les habitants de la maison observaient les mêmes rituels de deuil que pour un membre humain de la famille et les chats étaient couramment momifiés dans les plus beaux tissus.

The Obsequies of an Egyptian Cat
Les obsèques d'un chat égyptien
John Reinhard Weguelin (Public Domain)

Dans l'Égypte ancienne, le chat était étroitement lié à la déesse Bastet, qui présidait au foyer, à la maison, aux femmes et aux secrets des femmes. Bastet était l'une des divinités les plus populaires d'Égypte car elle promettait paix et prospérité à ses fidèles des deux sexes. Chaque homme avait une mère ou une sœur, une femme ou une fille dont il s'occupait et qu'il voulait protéger, mais aussi un foyer tranquille et prospère, et c'est ce que Bastet offrait.

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Chaque année, des milliers d'Égyptiens se rendaient dans la ville sacrée de Bubastis pour son festival. Elle et ses chats étaient si appréciés qu'en 525 av. JC, l'armée égyptienne de Péluse se rendit aux Perses qui avaient non seulement peint l'image de Bastet sur leurs boucliers et mais aussi rassemblé des chats et d'autres animaux devant eux, devant les murs de la ville. Les Égyptiens considéraient que la reddition était préférable au fait de blesser les chats.

LES éGYPTIENS INTERDISAIENT L'EXPORTATION DES CHATS - LA PEINE POUR SORTIR UN CHAT DU PAYS ÉTAIT LA MORT.

En Grèce et à Rome, le chat n'atteignit jamais le même statut divin, mais il était tout de même très apprécié. Les Grecs reconnaissaient la valeur du chat dans la lutte contre les parasites et le gardaient également comme animal de compagnie, tandis que les Romains, qui préféraient utiliser des belettes pour se débarrasser des souris et des rats, concentraient leurs efforts pour choyer leurs amis félins. Les chats appréciaient la vie dans la Rome antique presque autant qu'en Égypte, comme en témoignent les auteurs latins et les tombes romaines représentant des propriétaires de chats affligés.

Les Égyptiens interdisaient l'exportation de chats - la peine encourue pour avoir sorti un chat du pays était la mort - et ils avaient mis en place une équipe spéciale dans leurs ports qui fouillait les navires débarquant pour s'assurer qu'aucun chat n'avait été introduit clandestinement à bord. Des équipages et des capitaines astucieux durent trouver un moyen de contourner cette loi, car le chat finit par être transporté d'Égypte en Grèce, à Rome et en Europe du Nord. Les marins les plus susceptibles d'être à l'origine de ce phénomène étaient les Phéniciens, les maîtres de la navigation et les plus importants commerçants du monde antique, qui répandirent probablement aussi l'association du chat avec la sorcellerie et les enfers.

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Les chats les femmes et les Juifs

Les Phéniciens, voyageant de pays en pays, transportaient les mythes et légendes d'une culture avec leurs marchandises. La déesse grecque Hécate (et son homologue romaine Trivia), présidait à la mort, aux ténèbres, à la magie/sorcellerie et aux fantômes. Hécate était étroitement associée aux chiens qui, selon la légende, pouvaient entendre son approche et hurler ; un chien qui semblait aboyer pour rien était censé avertir une famille de la présence d'Hécate et de ses fantômes à la porte.

Ancient Egyptian Ink Drawing of a Cat & Mouse
Dessin à l'encre égyptienne antique d'un chat et d'une souris
Brooklyn Museum (CC BY)

Un mythe très populaire, cependant, liait Hécate aux chats et c'était l'histoire du grand héros grec Héraclès (le Hercule romain). Héraclès fut conçu lorsque le dieu Zeus séduisit la princesse mortelle Alcmène. Héra, l'épouse jalouse de Zeus, tenta de tuer Alcmène mais une femme nommée Galanthis, servante d'Alcmène, déjoua le plan d'Héra et sauva sa maîtresse et le futur héros. Enragée, Héra punit Galanthis en la transformant en chat et en l'envoyant aux enfers pour servir Hécate.

Le mythe d'Héraclès, qui comptait parmi les plus populaires de l'Antiquité, fut renforcé par l'écrivain latin Antoninus Liberalis (IIe siècle de notre ère) dans ses Métamorphoses, une réécriture de légendes et de contes plus anciens, qui fut copiée et diffusée dès sa première publication jusqu'au IXe siècle de notre ère et qui resta un best-seller jusqu'au XVIe siècle.

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Même si la majorité de la population de l'Europe médiévale était analphabète, cela n'aurait eu aucune importance puisque les histoires étaient couramment transmises oralement. Cette histoire associant le chat aux ténèbres, à la sorcellerie et aux enfers, associée aux efforts de l'Église pour diaboliser les valeurs des anciennes croyances, aurait largement contribué à condamner le chat à une existence inférieure à la normale.

L'association du chat avec le féminin, héritée de l'Égypte, et la mauvaise image de la femme au début du Moyen Âge contribuèrent également à sa mauvaise réputation. Avant la popularisation du culte de la Vierge Marie au Haut Moyen Âge (c. 1000-1300), associée à la tradition romantique française de l'amour courtois qui éleva le statut des femmes, celles-ci étaient étroitement associées à Ève et à la chute de l'homme dans le jardin d'Éden. Les femmes étaient considérées comme intrinsèquement pécheresses, luxurieuses et responsables de la première chute de l'homme ainsi que des luttes que chaque homme après Adam devait endurer.

Cat with a Bishop's Crosier & Miter
Chat avec crosse d'évêque et mitre
Getty Museum (CC BY)

La mythologie de la Bible, considérée comme une vérité divine, vilipendait également les Juifs en tant que tueurs de Christ et, pendant toute la durée du Moyen Âge en Europe, les Juifs étaient également liés au chat. On disait que les Juifs vénéraient le chat, qu'ils étaient capables de se transformer en chats pour se faufiler dans les maisons chrétiennes afin d'y faire des méfaits ou de jeter des sorts, et on croyait aussi qu'ils crucifiaient les chats pour se moquer de la mort du Christ sur la croix. Pour la culture patriarcale du Moyen Âge, le chat était donc facilement la créature la plus vile à errer sur terre.

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Les chats devins et un décret du pape

Dans le même temps, les chrétiens médiévaux trouvaient le chat utile pour lutter contre les nuisibles et comme moyen d'accéder à une vision surnaturelle. Les rats, les souris et autres vermines étaient bien tenus à l'œil par un chat ou deux dans la maison. Les marchands et les équipages de navires les considéraient également comme bénéfiques pour protéger les cargaisons de céréales ou d'autres marchandises pendant le transport ou le stockage.

La pratique de l'ailuromancie, par laquelle on pouvait prédire l'avenir en observant les mouvements d'un chat, fit en sorte que le chat fut un peu plus apprécié. La plupart du temps, l'ailuromancie ne consistait qu'à observer un chat dont le comportement était censé pouvoir prédire le temps, un invité inattendu à la porte et d'autres choses du même genre. Cependant, l'ailuromancie prit une tournure désagréable lors d'un rituel connu sous le nom de taghairm, pratiqué en Écosse tout au long du Moyen Âge et jusqu'au 16e siècle.

Une personne prenait un chat et le faisait rôtir vivant sur une flamme nue, en le tournant sur une broche. Le chat hurlait à l'agonie et le diable était invoqué pour protéger l'un des siens. Le diable suppliait la personne de mettre fin aux souffrances du chat, mais la personne tenait bon jusqu'à ce que le diable ait promis de satisfaire une certaine demande - souvent une prédiction de l'avenir - on abrégeait alors les souffrances du chat.

A Hunter & Dogs Attacking a Treed Wild Cat
Un chasseur et des chiens attaquent un chat sauvage perché dans un arbre
Getty Museum (CC BY)

Le chat fut aussi associé au démon par l'écrivain Walter Map (c.1140-1210), qui affirma que le mouvement religieux des Patarini (qui souhaitaient réformer l'Église catholique corrompue), qu'il associait étroitement à la secte hérétique des Cathares, adorait le chat dans le cadre de leurs rites obscurs. Map rapporte comment, ces chrétiens qui étaient tombés dans le péché et l'erreur en rejoignant les Patarini mais qui étaient depuis revenus à la vraie foi, firent ce rapport d'un rituel auquel ils auraient assisté:

À la tombée de la nuit, les portes, les entrées et les fenêtres étant fermées, les familles s'assoient en silence, chacune dans sa "synagogue", et attendent. Et au milieu d'elles arrive, suspendu par une corde, un chat noir de grande taille. Dès qu'ils voient ce chat, les lumières s'éteignent. Ils ne chantent ni ne récitent des hymnes d'une manière distincte, mais ils les marmonnent les dents fermées et ils tâtent dans l'obscurité vers l'endroit où ils ont vu leur seigneur et, quand ils le trouvent, ils l'embrassent, le plus humblement selon leur folie, les uns sur les pattes, les autres sous la queue, les autres sur les parties génitales. (De Nugis Curialum, I.30)

L'histoire de Map - corroborée nulle part ailleurs et probablement satirique, en fait - devint si répandue et si souvent répétée qu'elle semble avoir été prise en compte dans la bulle papale qui condamna les chats. Le pape Grégoire IX (1227-1241), en réponse aux rapports croissants d'hérésie dans toute l'Europe, envoya l'inquisiteur Konrad von Marburg (1180-1233) en Allemagne pour débusquer les hérétiques par tous les moyens qu'il jugeait nécessaires. Konrad renvoya au pape un rapport sur les rites insidieux pratiqués, rapport qui ressemble beaucoup au récit de Map sur le rituel du chat, mais avec l'ajout d'une grenouille.

Le pape Grégoire IX réagit en publiant la bulle Vox in Rama en 1233, qui dénonçait les chats - en particulier les chats noirs - en tant qu'êtres maléfiques et de connivence avec Satan. Konrad accusa tout spécifiquement le noble allemand Henri III, comte de Sayn (mort vers 1246) de participer à ces rituels, mais Henri put se disculper devant un tribunal et conserver sa position; Konrad fut assassiné "mystérieusement" peu après. Le récit que Konrad fit au Pape Grégoire IX ne put être corroboré par aucun autre inquisiteur, ni par personne d'autre d'ailleurs, mais le concept de chat démoniaque continua à s'ancrer dans la conscience publique après 1233.

The Ogre & the Cat
L'ogre et le chat
Unknown Artist (Public Domain)

Une fois encore, comme pour l'histoire de Galanthis devenue chat que nous avons cité plus haut, le nombre de personnes qui auraient été capables de lire, ou même qui auraient lu la Vox in Rama de Grégoire n'a pas d'importance; ce qui comptait, c'était la position de l'Eglise sur les chats qui fut assimilée par les gens à travers les sermons du dimanche et les simples conversations, en passant des niveaux supérieurs de l'Eglise aux congrégations des villes et des villages. La bulle n'était guère répandue au départ, n'ayant été délivrée qu'à Henri III, et son impact ne put donc être ressenti qu'indirectement.

Quelle qu'ait été la manière dont le contenu de la bulle du pape Grégoire IX fut porté à la connaissance du public, c'était une mauvaise nouvelle pour les chats et ceux qui s'en occupaient. Les femmes âgées qui gardaient des chats étaient particulièrement vulnérables à des accusations de sorcellerie, comme le note l'universitaire Virginia C. Holmgren:

Une vieille femme vivant seule, sans parents pour l'aider, chérissait souvent un chat comme ami cher et seul compagnon. Le chat et la vieille femme étaient toujours ensemble, le chat s'amusant de n'importe quel travail, surtout lorsqu'il s'agissait de balayer le jardin avec un balai en brindilles. Tout villageois se cachant dans les buissons pour espionner les preuves de sorcellerie aurait pu voir le chat bondir sur ces mêmes brindilles pour faire un petit tour sur le sol caillouteux, et aurait pu voir le balai et le chat être transportés dans les airs après un bref moment de contact avec une pierre cachée. À ce moment précis, dans un château voisin, un autre chat bien-aimé pouvait être en train de faire le même jeu sur le traine de soie de sa maîtresse alors qu'elle passait d'une fenêtre à un miroir, avec ses proches souriant affectueusement. Mais il y avait aussi des sourires sur les visages de ces villageois espions qui couraient chez eux pour rapporter la preuve de la sorcellerie en action. (108-109)

UNE PUNITION COURANTE consistait à ATTACHER DANS UN SAC UNE SORCIÈRE CONDAMNÉE AVEC SON CHAT ET DE LES JETER TOUS LES DEUX DANS UNE RIVIÈRE.

L'observation de Holmgren concernant la dame et son chat dans son château est exacte, comme le montrent les registres de la maison de Lady Aliénor de Montfort (également connue sous le nom d'Aliénor d'Angleterre, 1215-1275) qui gardait un chat pour lutter contre les parasites, mais qui semble également s'en être occupée comme d'un animal de compagnie. Aliénor, suffisamment puissante pour contrôler, maintenir et finalement négocier la cession du château de Douvres, n'avait rien à craindre des accusations de sorcellerie, mais on ne pouvait pas en dire autant des femmes de condition plus modeste dans les villes et les villages. Sur l'ensemble des personnes accusées de sorcellerie en Europe au Moyen Âge, 80 % étaient des femmes et l'accusation se soldait presque toujours par la mort de la femme. Bien que l'image la plus populaire soit celle d'une prétendue sorcière brûlant sur le bûcher, il était bien plus courant d'attacher la condamnée dans un sac avec son chat et de les jeter tous deux dans une rivière.

Le retour du chat

L'apparition de la peste bubonique en 1348 fut souvent attribuée à un massacre généralisé de chats à la suite de la Vox in Rama du pape Grégoire IX, mais cette théorie est indéfendable car il ne s'agissait que d'un cas de peste parmi tant d'autres ; la peste avait touché les Européens bien avant 1233. Pourtant, il est difficile de contester qu'une diminution de la population de chats, avant et après la bulle papale, aurait entraîné une augmentation des souris et des rats et il a été établi qu'il y eut bel et bien une diminution de la sorte avant 1348.

The Plague by Arnold Bocklin
La Peste par Arnold Bocklin
Arnold Böcklin (Public Domain)

Même si ce ne fut pas le cas, les incidents de peste survenus entre 1233 et 1348 pourraient être attribués à un plus grand nombre de rongeurs porteurs de parasites qui purent prospérer en l'absence d'une importante population de chats. Les gens du Moyen Âge ne savaient pas que la peste était causée par la bactérie Yersinia pestis (elle resta inconnue jusqu'en 1894) et acceptaient l'opinion de l'Église selon laquelle elle était envoyée par Dieu en punition du péché. Les chats continuèrent à être vilipendés et tués parce que les gens continuaient à les considérer, à travers le prisme de l'Église, comme mauvais et sans valeur.

Desmond Morris cite la persécution continue des chats tout au long du Moyen-Âge et à la Renaissance, notant que "jusqu'en 1658, Edward Topsel, dans son ouvrage sérieux sur l'histoire naturelle, [écrivait] 'les proches des sorcières apparaissent le plus souvent sous la forme de chats, ce qui prouve que cette bête est dangereuse pour l'âme et le corps'" (158). Le chat continuera à être perçu de cette manière jusqu'au siècle des Lumières, au 18e siècle.

La Réforme protestante (1517-1648) brisa la mainmise de l'Église sur la vie des gens et permit une plus grande liberté de pensée. Bien que, comme toujours, il y ait eu des gens comme Edward Topsel qui s'accrochaient à des croyances dépassées et irrationnelles, les gens étaient désormais libres de remettre en question les vues de l'Église sur la vie en général et sur les chats en particulier. L'esprit des Lumières encouragea les gens à avoir des chats comme animaux de compagnie, simplement pour le plaisir, et cette tendance devint plus courante à l'époque victorienne (1837-1901), lorsque la reine Victoria rendit au chat le statut dont il jouissait dans l'Égypte ancienne.

Lorsque la pierre de Rosette fut déchiffrée vers 1822, la culture égyptienne s'ouvrit au monde. Auparavant, les hiéroglyphes étaient considérés comme des ornements étranges, mais une fois que l'on comprit qu'il s'agissait d'une langue, la civilisation égyptienne devint plus visible et attira l'attention du monde entier. Les histoires de découvertes fantastiques dans les tombes anciennes firent la une des journaux en Angleterre et dans le monde entier, et un certain nombre d'entre elles faisaient référence à Bastet et à l'amour des Égyptiens pour les chats. L'intérêt de Victoria pour l'Égypte l'amena à adopter deux Persans bleus et elle acquit une réputation d'éleveur de chats d'exposition. Comme Victoria était un monarque populaire, la presse fit état de ses intérêts, et ces intérêts furent partagés par d'autres personnes qui souhaitaient désormais avoir leurs propres chats.

Les efforts de Victoria contribuèrent à ce que le chat reprenne son ancienne place dans la société humaine. Son amour des chats fut porté à l'attention des américains par le périodique populaire Godey's Lady's Book, publié par Louis A. Godey de Philadelphie entre 1830 et 1878. En 1836, l'écrivain Sarah Josepha Hale rejoignit l'équipe de rédaction du Godey's Book et commença à écrire des articles vantant les vertus des chats et les joies d'en posséder un.

L'auteur populaire Mark Twain, parmi beaucoup d'autres, ajouta à cet élan en écrivant et en donnant des conférences sur les joies sublimes du chat en tant que compagnon. Ainsi, à la fin du 19e siècle, le concept médiéval du chat comme instrument de Satan fut remplacé par celui de l'ami félin et du membre précieux de la famille, si familier aux amoureux des chats d'aujourd'hui comme à ceux de l'ancien monde.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2019, mai 20). Les Chats au Moyen Âge [Cats in the Middle Ages]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1387/les-chats-au-moyen-age/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Les Chats au Moyen Âge." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mai 20, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1387/les-chats-au-moyen-age/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Les Chats au Moyen Âge." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 mai 2019. Web. 19 avril 2024.

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