Architecture en Grèce Antique

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 06 janvier 2013
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Ionic Capital (by Mark Cartwright, CC BY-NC-SA)
Chapiteau ionique
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

L'architecture grecque s'intéresse à la simplicité, aux proportions, à la perspective et à l'harmonie des bâtiments. L'architecture grecque comprend certains des bâtiments les plus beaux et les plus caractéristiques jamais construits. Parmi les exemples d'architecture grecque, on peut citer les temples, les théâtres et les stades, qui sont tous devenus des caractéristiques communes des villes à partir de l'Antiquité.

Les architectes grecs ont ensuite exercé une grande influence sur les architectes de la période hellénistique et du monde romain, jetant les bases des ordres architecturaux classiques qui allaient dominer le monde occidental de la Renaissance à nos jours.

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Ordres architecturaux classiques

Il existe cinq ordres d'architecture classique - dorique, ionique, corinthien, toscan et composite - tous nommés ainsi à l'époque romaine. Les architectes grecs ont créé les trois premiers et ont grandement influencé les deux derniers qui étaient des composites plutôt que de véritables innovations. Un ordre, à proprement parler, est une combinaison d'un certain style de colonne avec ou sans base et d'un entablement (ce que la colonne supporte : l'architrave, la frise et la corniche). L'utilisation antérieure de piliers en bois finit par évoluer vers la colonne dorique en pierre. Il s'agissait d'un fût de colonne cannelé vertical, plus mince à son sommet, sans base et avec un chapiteau simple sous un abaque carré. La frise de l'entablement portait une alternance de triglyphes et de métopes. L'ordre ionique, dont les origines remontent au milieu du VIe siècle avant J.-C. en Asie Mineure, ajoute une base et une volute, ou chapiteau à volutes, à une colonne plus mince et plus droite. L'entablement ionique porte souvent une frise richement sculptée. La colonne corinthienne, inventée à Athènes au Ve siècle avant J.-C., est similaire à la colonne ionique mais est surmontée d'un chapiteau plus décoratif composé de feuilles d'acanthe et de fougère stylisées. Ces ordres sont devenus la grammaire de base de l'architecture occidentale et il est difficile de se promener dans n'importe quelle ville moderne sans en voir des exemples sous une forme ou une autre.

Corinthian Capital
Chapiteau corinthien
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Quels matériaux les Grecs utilisaient-ils?

Les Grecs avaient certainement une préférence pour le marbre, du moins pour leurs bâtiments publics. Cependant, à l'origine, le bois était utilisé non seulement pour des éléments architecturaux de base comme les colonnes, mais aussi pour l'ensemble des bâtiments. Les temples du début du 8e siècle avant J.-C. étaient construits de cette façon et avaient des toits de chaume. À partir de la fin du 7e siècle avant J.-C., les temples, en particulier, ont lentement commencé à être convertis en édifices de pierre plus durables ; certains avaient même un mélange des deux matériaux. Certains chercheurs ont affirmé que certaines caractéristiques décoratives des chapiteaux de colonnes en pierre et des éléments de l'entablement avaient évolué à partir des compétences du charpentier illustrées dans des éléments architecturaux en bois plus anciens.

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La pierre de choix était soit du calcaire protégé par une couche de stuc de poussière de marbre, soit, mieux encore, du marbre blanc pur. En outre, la pierre sculptée était souvent polie à la peau de chamois pour résister à l'eau et donner une finition brillante. Le meilleur marbre provenait de Naxos, de Paros et du mont Pentélique près d'Athènes.

Temples, trésors et stoas

Les architectes utilisaient une géométrie sophistiquée et des astuces optiques pour présenter les bâtiments comme parfaitement droits et harmonieux.

Les Grecs anciens sont à juste titre célèbres pour leurs magnifiques temples doriques et ioniques, et l'exemple par excellence est sans aucun doute le Parthénon d'Athènes. Construit au milieu du Ve siècle avant notre ère pour abriter la gigantesque statue d'Athéna et annoncer au monde la gloire d'Athènes, il se dresse toujours majestueusement sur l'acropole de la ville. D'autres exemples célèbres sont l'immense temple dorique de Zeus à Olympie (achevé vers 460 avant J.-C.), le temple d'Artémis à Éphèse (achevé vers 430 avant J.-C.) qui était considéré comme l'une des merveilles du monde antique, et le très pittoresque temple de Poséidon à Sounion (444-440 avant J.-C.), perché sur les falaises surplombant la mer Égée. Ce dernier illustre la volonté des Grecs de faire en sorte que ces bâtiments publics ne se contentent pas de remplir leur fonction habituelle, à savoir abriter la statue d'une divinité grecque, et qu'ils ne soient pas seulement admirés de près ou de l'intérieur, mais aussi de loin. De nombreux efforts furent déployés pour construire des temples dans des positions bien en vue et, grâce à une géométrie sophistiquée, les architectes ont inclus des "astuces" optiques telles que l'épaississement de la partie inférieure des colonnes, l'épaississement des colonnes d'angle et l'inclinaison très légère des colonnes vers l'intérieur afin que, de loin, le bâtiment semble parfaitement droit et harmonieux. Nombre de ces raffinements sont invisibles à l'œil nu et, même aujourd'hui, seuls des appareils de mesure sophistiqués peuvent détecter les infimes différences d'angles et de dimensions. De tels raffinements du style architectural indiquent que les temples grecs n'étaient donc pas seulement des structures fonctionnelles, mais aussi que le bâtiment, dans son ensemble, était symbolique et constituait un élément important du paysage civique.

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Temple of Hera, Selinus
Temple d'Héra, Sélinonte
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Les temples grecs, du moins sur le continent, suivaient un plan remarquablement similaire et étaient presque tous rectangulaires et périptères, c'est-à-dire que leurs côtés extérieurs et leurs façades étaient constitués de rangées de colonnes. Parmi les exceptions notables, citons l'Érechthéion d'Athènes, magnifiquement excentrique, avec ses colonnes Caryatides innovantes, et les temples des Cyclades qui, bien que toujours doriques, n'avaient des colonnes que sur la façade avant (prostyle), qui était souvent plus large que la longueur du bâtiment. De même, les temples d'Ionie avaient tendance à s'écarter de la norme, présentant généralement une double colonnade (diptère). Cependant, si l'on revient au plan standard des temples grecs, le péristyle rectangulaire à colonnes (8 x 17 dans le cas du Parthénon, 6 x 13 pour le temple de Zeus à Olympie) entourait une chambre intérieure ou cella, l'ensemble reposant sur une plate-forme à gradins ou stylobate et l'intérieur étant pavé de dalles rectangulaires. Le toit, généralement surélevé le long d'une crête centrale d'une pente d'environ 15 degrés, était constitué de poutres et de chevrons en bois recouverts de tuiles superposées en terre cuite ou en marbre. Des acrotères décoratifs (palmiers ou statues) se dressaient souvent à chaque point du fronton. Enfin, les portes des temples étaient en bois (orme ou cyprès) et souvent décorées de médaillons et de bossages en bronze.

De nombreux temples portaient également des sculptures architecturales disposées de manière à raconter une histoire. Les frontons, les frises et les métopes portaient tous des sculptures, souvent en ronde-bosse ou en haut-relief et toujours richement décorées (avec de la peinture et des ajouts de bronze), qui racontaient des histoires de la mythologie grecque ou de grands épisodes de l'histoire de la ville en question.

Les temples indiquent également que les architectes grecs (architektones) étaient parfaitement conscients des problèmes liés à la mise en place de fondations stables capables de supporter de grands bâtiments. Un drainage correct de l'eau et l'utilisation de bases continues sur les fondations au-dessus de diverses couches de matériaux de remplissage (conglomérat de roches tendres, terre, copeaux de marbre, charbon de bois et même peaux de mouton) permirent aux grands édifices grecs d'être construits dans les meilleures positions, quel que soit le terrain, et de résister aux rigueurs du temps et des tremblements de terre pendant des siècles. En effet, une stabilité absolue était essentielle, car le moindre tassement ou affaissement d'une partie du bâtiment rendait inutiles les raffinements optiques évoqués plus haut. Il est remarquable que la grande majorité des bâtiments grecs qui se sont effondrés ne l'aient fait qu'en raison d'une intervention humaine - enlèvement de blocs ou de fixations métalliques pour les réutiliser ailleurs - qui affaiblit la structure globale. Les structures qui n'ont pas subi d'intervention, comme le temple d'Hephaistos dans l'agora d'Athènes, témoignent de l'impressionnante durabilité des bâtiments grecs.

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D'autres structures construites à proximité des temples étaient des portes d'entrée monumentales (comme les Propylées de l'acropole d'Athènes) et de petits bâtiments destinés à accueillir les dédicaces, souvent de certaines cités-états. Ceux-ci empruntaient très souvent des éléments architecturaux au temple, comme les façades à colonnes et les frises. Un excellent exemple est le Trésor des Athéniens à Delphes (490 avant J.-C.).

La stoa était une autre structure commune à de nombreux complexes de temples à partir du 7e siècle avant notre ère. Il s'agissait d'une longue et étroite rangée de colonnes adossée à un mur simple et couverte d'un toit. Souvent placés à angle droit pour créer un espace ouvert fermé, les stoas étaient utilisés à toutes sortes de fins, comme des lieux de réunion et de stockage. L'agora ou la place du marché de nombreuses villes de la Grèce antique était composée d'une grande place ouverte entourée d'une stoa. Une stoa inhabituelle est celle de la colonie sicilienne de Selinus. Elle fut construite entre 580 et 570 avant J.-C. et avait une forme trapézoïdale. Plus intéressant encore, les boutiques voisines présentent toutes la même façade bien qu'il s'agisse de différents types de bâtiments. Cela prouve qu'il existait une sorte d'autorité de planification centralisée qui veillait à l'harmonie de l'architecture dans les lieux publics importants. Il est certain qu'au Ve siècle avant notre ère, il existait des urbanistes professionnels, dont le plus célèbre était Hippodamos, à qui l'on attribue souvent la planification du Pirée et de Rhodes. Il est intéressant de noter qu'il existe très souvent une correspondance entre les changements architecturaux des villes et les changements de régime politique. Une dernière fonction de la stoa à l'époque hellénistique était dans les complexes de gymnases et de palaistra, notamment dans les grands sanctuaires d'Olympie, de Delphes et de Némée. Ces stoas servaient à créer un espace clos pour l'exercice physique et à fournir une zone d'entraînement pour des épreuves de terrain telles que le javelot et le disque.

Les temples, les trésors et les stoas, avec leurs différents ordres, dispositions de colonnes et sculptures architecturales, ont fourni l'héritage architectural le plus tangible du monde grec, et il est peut-être ironique que l'architecture des bâtiments religieux grecs ait été si largement adoptée dans le monde moderne pour des bâtiments séculiers tels que les palais de justice et les bâtiments gouvernementaux.

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Theatre of Delphi
Théâtre de Delphes
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Le théâtre grec

L'amphithéâtre est une autre contribution distinctive de l'architecture grecque à la culture mondiale. La plus ancienne preuve archéologique certaine de l'existence de théâtres date de la fin du 6e siècle avant notre ère, mais nous pouvons supposer que les Grecs se réunissaient dans des lieux publics spécifiques bien plus tôt. En effet, les sites minoens de l'âge du bronze, comme Phaistos, possédaient de grandes cours à gradins qui auraient été utilisées pour des spectacles tels que des processions religieuses et des courses de taureaux. À la fin du VIe siècle avant J.-C., Thorikos, en Attique, possédait une structure rectangulaire ressemblant à un théâtre, avec un temple dédié à Dionysos à l'une de ses extrémités. Cela suggère qu'il était utilisé lors des festivals dionysiaques, au cours desquels des drames étaient souvent présentés. Cependant, c'est à partir du Ve siècle avant Jésus-Christ que l'amphithéâtre grec prit sa forme la plus influente et facilement reconnaissable. Il s'agissait d'une disposition en plein air et approximativement semi-circulaire de rangées de sièges en hauteur (theotron) qui offrait une excellente acoustique. La scène ou orchestra était également semi-circulaire et était accompagnée d'un écran ou skene, qui deviendrait de plus en plus monumental au cours des siècles suivants. Des arcs monumentaux constituaient souvent les entrées (paradoi) de part et d'autre de la scène.

Les exemples abondent dans le monde grec et de nombreux théâtres ont remarquablement bien survécu. L'un des plus célèbres est le théâtre de Dionysos sur le versant sud de l'acropole d'Athènes, où les grandes pièces de Sophocle, Euripède, Eschyle et Aristophane furent jouées pour la première fois. L'un des plus grands est le théâtre d'Argos, qui pouvait accueillir 20 000 spectateurs, et l'un des mieux conservés est le théâtre d'Épidaure qui continue d'accueillir chaque été de grandes représentations dramatiques. Les théâtres n'étaient pas seulement utilisés pour la présentation de pièces de théâtre mais accueillaient également des récitals de poésie et des concours musicaux.

Ancient Stadium, Nemea, Greece
Stade antique de Némée, Grèce
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Le stade grec

Le stade est une autre contribution durable de l'architecture grecque à la culture mondiale. Les stades étaient nommés d'après la distance (600 pieds antiques ou environ 180 mètres) de la course à pied qu'ils accueillaient à l'origine - le stade ou stadion. Initialement construits près des digues naturelles, les stades évoluèrent vers des structures plus sophistiquées avec des rangées de marches en pierre ou même en marbre pour les sièges, avec des divisions pour faciliter l'accès. Des conduits faisaient le tour de la piste pour évacuer l'excès de pluie et, à l'époque hellénistique, des couloirs voûtés constituaient une entrée spectaculaire pour les athlètes et les juges. Parmi les exemples célèbres, citons ceux de Némée et d'Olympie qui pouvaient accueillir respectivement 30 000 et 45 000 spectateurs.

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L'architecture domestique grecque

Si l'on considère des structures plus modestes, on trouve dans de nombreuses cités grecques des maisons-fontaines (à partir du VIe siècle av. J.-C.) où les gens pouvaient facilement puiser de l'eau et peut-être, comme le suggèrent les scènes de poterie à figures noires, se rencontrer. Quant aux maisons privées, elles étaient généralement construites en briques de terre crue, avec des sols en terre battue, et n'étaient pas construites selon un modèle particulier. Les maisons à un ou deux étages étaient la norme. Plus tard, à partir du 5e siècle avant J.-C., de meilleures maisons furent construites en pierre, généralement avec des murs extérieurs plâtrés et des fresques à l'intérieur. En outre, il n'y avait souvent aucun effort particulier en matière d'urbanisme, ce qui se traduisait généralement par un dédale de rues étroites et chaotiques, même dans des villes aussi importantes qu'Athènes. Les colonies de Grande-Grèce, comme nous l'avons vu dans le cas de Sélinus, étaient en quelque sorte une exception et avaient souvent des plans de rues plus réguliers, sans doute un avantage de la construction d'une ville ex nihilo.

En conclusion, nous pouvons dire que l'architecture de la Grèce antique a non seulement fourni un grand nombre des caractéristiques de base de l'architecture occidentale moderne, mais elle a également donné au monde des bâtiments véritablement magnifiques qui ont littéralement résisté à l'épreuve du temps et continuent d'inspirer admiration et crainte. Nombre de ces bâtiments - le Parthénon, le porche de la cariatide de l'Erechthéion, la volute d'un chapiteau ionique, pour n'en citer que trois - sont devenus les symboles immédiatement reconnaissables et emblématiques de la Grèce antique.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce que le style architectural grec ?

Le style architectural grec utilise les ordres architecturaux classiques (dorique, ionique et corinthien) pour produire des bâtiments simples, bien proportionnés et en harmonie avec leur environnement.

Quels sont les trois principaux éléments de l'art et de l'architecture grecs ?

Les trois principaux éléments de l'art et de l'architecture grecs sont la proportion, la simplicité des lignes et la beauté.

Quelle est la plus célèbre architecture grecque ?

Les exemples les plus célèbres de l'architecture grecque sont les temples (par exemple le Parthénon d'Athènes), les théâtres (par exemple à Epidaure) et les stades (par exemple à Olympie).

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2013, janvier 06). Architecture en Grèce Antique [Greek Architecture]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11683/architecture-en-grece-antique/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Architecture en Grèce Antique." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 06, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11683/architecture-en-grece-antique/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Architecture en Grèce Antique." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 06 janv. 2013. Web. 24 avril 2024.

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