Bataille de Valmy

Définition

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 03 octobre 2022
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Battle of Valmy (by Horace Vernet, Public Domain)
Bataille de Valmy
Horace Vernet (Public Domain)

La bataille de Valmy (alias bataille ou affaire du camp de la Lune) fut une victoire éclatante des Français sur une armée de coalition dirigée par les Prussiens, le 20 septembre 1792, pendant les guerres révolutionnaires françaises (1792-1802). Bien que la bataille n'ait été guère plus qu'une escarmouche, elle stoppa l'invasion de la coalition, permit l'établissement de la première République française et assura la poursuite de la Révolution française (1789-99).

La bataille se déroula principalement sous la forme d'un duel d'artillerie et est aussi souvent appelée la canonnade de Valmy; en une seule journée, plus de 20 000 coups de canon furent tirés. Bien que Valmy n'ait été qu'une petite affaire en comparaison aux grandes batailles, son importance ne saurait être trop soulignée. La victoire encouragea la Convention nationale française à abolir la monarchie et à déclarer une république le lendemain de la bataille. En outre, elle permit l'émergence des autres événements qui allaient définir la Révolution française et l'ère napoléonienne, ainsi que toutes leurs répercussions. Pour cette raison, de nombreux historiens la considèrent comme l'une des plus importantes batailles de tous les temps. Comme l'écrivait Charles de Gaulle lui-même en 1932, "Comment comprendre la Grèce sans Salamine, Rome sans les légions... ou notre propre Révolution sans Valmy ?". (Blanning, 79).

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Croisés et tyrans

La guerre de la Première Coalition (1792-97), la première des guerres révolutionnaires françaises, débuta le 20 avril 1792, lorsque l'Assemblée législative française déclara la guerre au "roi de Hongrie et de Bohême", à savoir le jeune monarque Habsbourg François II. La déclaration française était motivée par un mélange de patriotisme idéaliste, de peur paranoïaque des conspirations et de désir de démasquer les ennemis de la Révolution, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Il devait s'agir d'une victoire rapide et facile, du moins si l'on en croyait la rhétorique belliqueuse de la faction politique des Girondins dirigée par Jacques-Pierre Brissot (1754-1793). Les Girondins pensaient que les armées françaises de citoyens-soldats libérés allaient balayer sans effort les armées asservies de l'Europe despotique. Après tout, selon Brissot, la guerre n'avait pas pour seul but de défendre la France ; il s'agissait de transmettre les principes éclairés de la Révolution française aux peuples opprimés du monde entier.

Brissot convainquit ses compatriotes qu'ils ne se battaient pas seulement pour l'avenir de la France, mais pour celui de l'humanité.

Prêchant une "croisade universelle", Brissot convainquit ses compatriotes qu'ils ne se battraient pas pour le seul avenir de la France, mais pour celui de l'humanité. Cela peut sembler avoir été un idéalisme fanatique (et c'est peut-être le cas), mais c'était aussi le point culminant de tout ce que la Révolution avait construit jusque-là, un carrefour où il semblait que la Révolution allait soit continuer et s'étendre, soit s'éteindre à jamais. Pour reprendre une idée du politologue français Alexis de Tocqueville, c'est là que la Révolution française cessa d'être une simple révolution politique et prit les caractéristiques d'une révolution religieuse, transcendant les frontières et les nationalités. Bien qu'il ne se soit pas agi d'une guerre sainte au sens traditionnel du terme, les révolutionnaires souhaitaient en effet répandre une sorte de religion ; leurs dieux étaient la Raison et la Liberté, leurs prophètes Voltaire et Rousseau. Mais il y a une chose sur laquelle Brissot et ses amis Girondins n'avaient pas compté, un aspect que Maximilien Robespierre avait sobrement observé : personne n'aimait les missionnaires armés.

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Il s'avéra que les Girondins s'étaient trompés sur une victoire rapide ; les premiers mois de la guerre virent une série de désastres militaires français. Plusieurs régiments français restés dans l'armée royaliste passèrent dans le camp des Autrichiens, privant la France de soldats professionnels dont elle avait tant besoin. Puis, fin avril, une force française entière fut mise en déroute après une escarmouche contre les Autrichiens. Se repliant sur la ville de Lille, les Français massacrèrent leur commandant, le général Théobald Dillon, avant de mutiler son cadavre. Le meurtre de Dillon, combiné à la direction extrême et chaotique que prenait la Révolution, provoqua la démission de généraux chevronnés tels que le comte de Rochambeau et Gilbert du Motier, marquis de Lafayette, ce dernier ayant fui la France après un coup d'État manqué. Pour couronner le tout, la Prusse rejoignit la guerre aux côtés de l'Autriche en juin et commença à rassembler une force d'invasion sous le commandement suprême de Charles Guillaume Ferdinand, duc de Brunswick.

Murder of General Dillon
Meurtre du général Dillon
Joannes Bemme (Public Domain)

De tels malheurs catastrophiques suscitèrent l'hystérie à Paris. On voyait des ennemis contre-révolutionnaires se cacher dans la moindre ombre, et les Parisiens reprochaient au roi et à la reine leur mépris perfide de la Révolution et de la défense de la nation, ce qui conduisit à la violente prise d'assaut du palais des Tuileries le 10 août au cours de laquelle une bataille sanglante entre les gardes suisses du roi et les rebelles parisiens fit plus de 800 morts. Cette attaque des Tuileries marqua la fin effective de la monarchie française et scella le destin du roi Louis XVI (r. de 1774 à 1793) ; elle ne fit cependant rien pour inverser le cours de la guerre qui risquait de mettre fin de la Révolution une fois pour toutes.

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Les Prussiens se mobilisent

Les gouvernements autrichien et prussien étaient également certains que la guerre serait courte. L'économie française était en ruine, son armée était sous-équipée et en proie à des désertions massives, et ses dirigeants, divisés entre eux. Avec un air de confiance illusoire reflétant celui des Girondins, les alliés étaient convaincus que le peuple français les accueillerait comme des libérateurs contre le régime révolutionnaire anarchique. "N'achetez pas trop de chevaux, messieurs", dit un officier prussien à un groupe de soldats autrichiens, "cette comédie ne durera pas longtemps. L'armée des avocats sera bientôt écrasée, et nous serons de retour chez nous en automne" (Blanning, 64).

Pourtant, comme pour les Français, l'orgueil démesuré des alliés leur coûtera cher, car ils subiront bientôt leurs propres revers. L'escarmouche qui avait abouti au meurtre du général Dillon fut suivie d'une suspension des hostilités de trois mois, pendant laquelle les alliés avaient commencé à rassembler leur force d'invasion. Le plan des alliés, élaboré lors d'une série de réunions à Potsdam, prévoyait qu'une armée prussienne principale de 42 000 hommes partirait du Luxembourg et prendrait les forteresses françaises cruciales de Longwy et de Verdun avant de sécuriser les passages de la Meuse. Là, ils devraient rencontrer 56 000 Autrichiens sous les ordres du général Clerfayt, qui auraient marché depuis la Belgique, et la force combinée devrait ensuite descendre sur Paris. Une deuxième armée autrichienne de 50 000 hommes les soutiendrait.

Des problèmes se posèrent dès le début. Alors que la force d'invasion commença à se rassembler autour du bastion des émigrés qu'était Coblence, il devint évident que les Autrichiens n'étaient pas prêts à respecter leur part du marché. Loin des quelque 100 000 hommes qu'ils avaient promis, les Autrichiens n'envoyèrent finalement que 32 000 hommes. Cet écart était dû en grande partie à la méfiance mutuelle entre les deux puissances germaniques, mais aussi au fait que les Autrichiens étaient vraiment sûrs de leur victoire. Un autre problème fut la terrible dysenterie qui frappa le camp prussien, touchant jusqu'à deux tiers de ses effectifs. La dysenterie atteignit un point tel que les hommes étaient même trop faibles pour se rendre aux latrines, ce qui fit que le camp était jonché de déchets humains et d'hommes malades.

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Pour ces raisons, le duc de Brunswick hésita à aller de l'avant. Âgé de 57 ans et prudent de nature, Brunswick aurait préféré attendre l'année suivante ; les Français se seraient sûrement affaiblis davantage d'ici là. Mais les émigrés français qui accompagnaient les envahisseurs ne souhaitaient pas attendre, de peur que la famille royale ne subisse de nouveaux torts. Le 25 juillet, les émigrés rédigèrent un manifeste mettant en garde les Français contre une telle action, menaçant de détruire complètement Paris si le roi et la reine étaient blessés. Le duc de Brunswick approuva et publia ce manifeste qui fut ensuite appelé le Manifeste de Brunswick.

Portrait of the Duke of Brunswick in the 1790s
Portrait du duc de Brunswick dans les années 1790
Johann Heinrich Schröder (Public Domain)

Pourtant, cela eut l'effet inverse, et le manifeste devint l'un des principaux déclencheurs de l'attaque des Tuileries le 10 août. Paniqués, les émigrés firent davantage pression sur Brunswick afin qu'il lance l'invasion, rejoints dans leur urgence par le roi Frédéric-Guillaume II de Prusse (r. de 1786 à 1797). Frédéric-Guillaume, conscient de n'avoir pas encore été à la hauteur de son brillant prédécesseur, le roi Frédéric II le Grand, souhaitait asseoir sa propre réputation martiale et insistait sur une victoire rapide avant la fin de l'année. N'ayant guère le choix, Brunswick conduisit ses 42 000 Prussiens en France le 19 août, accompagnés par le roi en personne.

Au début, la progression des Prussiens fut effectivement rapide. Après un siège rapide, ils prirent la forteresse de Longwy le 23 août, assiégeant Verdun huit jours plus tard. Verdun, où les Français défieraient une autre invasion allemande plus d'un siècle plus tard, n'offrait cette fois qu'une maigre défense et tomba le 2 septembre, après un siège de trois jours. La nouvelle de la chute de Verdun provoqua une vague de panique à Paris, car plus rien ne se dressait entre les envahisseurs et la capitale. Dans leur hystérie, des bandes de Parisiens errants assassinèrent entre 1 100 et 1 400 prisonniers lors des massacres de septembre, de peur qu'ils ne se rebellent. Ces massacres ne firent qu'intensifier le sentiment d'urgence des alliés, et Frédéric-Guillaume ordonna à Brunswick de pousser jusqu'à Paris.

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Les Français se mobilisent

Avec Paris sombrant dans l'anarchie, et quelque part entre deux tiers et la moitié des officiers militaires français ayant émigré, les choses ne se présentaient pas bien. Il ne restait plus qu'à inciter les citoyens à l'action ; dans un discours enthousiaste, souvent cité, le ministre de la justice Georges Danton proclama patriotiquement :

Le tocsin qu'on va sonner n'est point un signal d'alarme, c'est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre, il nous faut de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace, et la France sera sauvée !

La demande de Danton de condamner à mort ceux qui ne coopéraient pas fut bien moins enthousiasmante. Mais c'étaient là des temps désespérés. L'Assemblée législative autorisa un recrutement à grande échelle parmi les sans-culottes, ou classes inférieures patriotiques, et envoya des bataillons de la Garde nationale parisienne au front. Pour combler le vide laissé par Rochambeau et Lafayette, l'Assemblée nomme Charles-François Dumouriez (1739-1823) au commandement de l'armée du Nord. Soldat de carrière, Dumouriez était un Girondin qui avait brièvement occupé le poste de ministre des Affaires étrangères et avait été l'un des principaux promoteurs de la guerre. Avec l'ordre d'arrêter l'avance prussienne et de repousser la guerre en Belgique, Dumouriez partit pour son nouveau commandement.

Paris National Guard Goes to War, September 1792
La Garde nationale de Paris entre en guerre, septembre 1792
Léon Cogniet (Public Domain)

L'état de sa nouvelle armée n'aurait été guère rassurant. Sous-approvisionnés, de nombreux soldats français manquaient de fusils et de paquets de munitions, et certains n'étaient vêtus que de haillons. La discipline était lamentable ; la culture égalitaire encouragée par la Révolution rendait les nouvelles recrues moins susceptibles de respecter la structure de commandement. Comme la récente polarisation de la Révolution décourageait les modérés ou les royalistes de se porter volontaires pour le service, la base se composait en grande partie de fanatiques révolutionnaires, dont beaucoup suivaient le dogme extrémiste des Jacobins. Naturellement, cela les mettait en conflit avec les officiers aristocrates qui n'avaient pas encore émigré. Tout officier qui aurait voulu discipliner ses hommes y aurait réfléchi à deux fois après ce qui était arrivé au général Dillon. Au sujet de la discipline, le général Biron, de l'armée du Rhin, écrit :

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Les volontaires de la dernière levée sont plus de problèmes qu'ils n'en valent la peine. Tous les généraux à qui je veux les attribuer les craignent plutôt que de les désirer. (Blanning, 87)

C'est avec cela que Dumouriez et ses collègues devaient travailler, mais le temps pressait et il fallait s'en contenter. Dans les derniers jours d'août, Dumouriez conduisit son armée de 36 000 hommes dans la forêt d'Argonne, à environ 16 km à l'ouest de Verdun, où il avait l'intention de prendre position.

La bataille de Valmy

Pendant que Dumouriez s'installait dans les bois d'Argonne, Brunswick traversa la Meuse. Ses effectifs n'étaient plus que de 34 000 hommes à cause de la dysenterie qui ravageait encore ses rangs. Avec appréhension, il s'approcha de la position défensive de Dumouriez et, le 12 septembre, divisa son armée, réussissant à déborder les Français. Les flancs de Dumouriez étant exposés, Brunswick n'avait plus qu'à bondir. Mais le général prussien hésita, laissant aux Français le temps de battre en retraite. Sur l'insistance énergique de Frédéric-Guillaume II, les Prussiens reprirent alors leur marche vers Paris.

Bien qu'à première vue, Valmy n'ait été guère plus qu'une escarmouche, ses ramifications furent vastes et profondes.

Dumouriez, quant à lui, se retira rapidement à Sainte-Menehould, où il fut renforcé par 16 000 hommes supplémentaires de l'Armée du Centre, commandée par le général François Christophe Kellermann (1735-1820). Les Français étaient maintenant positionnés derrière l'armée prussienne, face à l'ouest. Brunswick aurait pu les ignorer et poursuivre sa route vers Paris, puisque rien ne se trouvait sur son chemin. Mais cela aurait été un énorme pari ; avec tant d'hommes malades, il savait qu'il devait garder une voie de retraite ouverte. Il était donc nécessaire de faire demi-tour et de vaincre les Français avant de poursuivre sa route.

Brunswick fit pivoter son armée à travers l'épais brouillard et la bruine constante. Vers 6 heures du matin le 20 septembre, l'avant-garde prussienne dirigée par le prince Hohenlohe subit le feu de l'artillerie française qu'elle ne pouvait pas voir à travers la brume. Elle provenait des hauteurs du petit village de Valmy, où un détachement français commandé par le général Kellermann avait pris position sous un vieux moulin à vent. Les Prussiens amenèrent leurs propres pièces d'artillerie, peinant à les installer sous la pluie et dans la boue. Lorsque les brumes se dissipèrent et qu'ils purent bien voir leurs adversaires, les soldats prussiens furent consternés par ce qu'ils virent.

Non seulement les Français avaient occupé les hauteurs, mais les troupes qui regardaient les Prussiens d'en haut n'étaient pas les hommes en haillons et sous-équipés qu'ils s'attendaient à trouver. Au contraire, les soldats de Kellermann étaient pour la plupart des réguliers bien équipés et bien armés, par opposition aux volontaires qui constituaient la majeure partie du reste des forces de Dumouriez. De plus, l'artillerie était le seul secteur de l'armée française qui n'avait pas été décimé par l'émigration des officiers, ce qui signifie que les batteries de Kellermann étaient composées de professionnels.

Windmill at Valmy
Moulin à vent de Valmy
Ketounette (CC BY-SA)

Un duel d'artillerie commença; alors que les Prussiens luttaient pour faire venir le reste de leur armée. 54 canons prussiens firent de leur mieux pour déloger les Français de leur position, réussissant presque deux fois. La première fois, Kellermann faillit être tué par un boulet de canon prussien qui toucha le cheval qu'il montait. La deuxième fois, des obus prussiens touchèrent un chariot de munitions français, provoquant une grande explosion. Les troupes françaises terrifiées étaient sur le point de s'enfuir lorsque Kellermann, debout dans les étriers de son nouveau cheval, plante son chapeau de la pointe de son épée et s'écria"Vive la Nation !"Ce cri fut repris par ses hommes qui retrouvèrent leur courage.

À 14 heures, la majeure partie de l'armée prussienne s'était rassemblée, et Frédéric-Guillaume ordonna un assaut de l'infanterie. Ralentie par le terrain boueux, la fine ligne prussienne remonta la pente, sous le feu nourri de la canonnade française. À mesure qu'ils se rapprochaient, les Prussiens pouvaient entendre les Français chanter leurs chants révolutionnaires Ça Ira et La Marseillaise. Avant longtemps, Brunswick réalisa qu'il était inutile de tenter de prendre les hauteurs et annula l'attaque. À la tombée de la nuit, les Prussiens avaient subi une centaine de pertes, les Français environ 300. Cependant, c'étaient les Français qui tenaient le terrain.

Suites de la bataille

Sous le couvert de l'obscurité, Kellermann retira ses troupes à Saint-Menehould, sabotant les routes le long du chemin au cas où les Prussiens suivraient. Ils ne le firent pas. À la lisière du champ de bataille, Brunswick avait convoqué un conseil de guerre dans une auberge de quatre pièces, exposant les raisons pour lesquelles il voulait se retirer avant de conclure qu'ils ne se battraient pas là. Le roi Frédéric-Guillaume était d'accord. Le temps viendrait de vaincre les Français, mais ce ne serait pas aujourd'hui.

Pendant que le haut commandement discutait confortablement dans son auberge, les troupes régulières prussiennes se rassemblaient autour de leurs feux de camp, essayant de rester au sec sous la pluie battante. Malade, frigorifié et misérable, un groupe de soldats se tourna vers Johann Wolfgang von Goethe, le célèbre écrivain allemand qui avait accompagné l'armée prussienne par curiosité. Goethe avait déjà diverti les soldats avec des histoires et des poèmes, et ils voulaient maintenant savoir ce qu'il pensait des événements de la journée. De son propre aveu, Goethe leur fit une déclaration effrayante : "De ce lieu et de ce moment commence une nouvelle ère dans l'histoire du monde et vous pouvez tous dire que vous étiez présents à sa naissance" (Schama, 640).

Si Goethe a vraiment dit cela, il n'aurait pas pu être plus correct. Même si, à première vue, Valmy n'était guère plus qu'une escarmouche, ses ramifications étaient vastes et d'une grande portée. La conséquence la plus directe fut l'arrêt de l'invasion alliée ; Brunswick se replia sur le Rhin, permettant à Dumouriez d'envahir la Belgique où il remporta une nouvelle victoire le 6 novembre à la bataille de Jemappes. La victoire de Valmy conduisit donc à la poursuite de la guerre, faisant en sorte que l'Europe ne connaîtrait pas la paix avant 23 ans.

Charge of the French at Jemappes
Charge des Français à Jemappes
Raymond Desvarreux (Public Domain)

La bataille permit également à la Révolution française de survivre, encourageant la Convention nationale à abolir officiellement la monarchie et à déclarer la première République française le jour suivant. En substance, la bataille fut le carrefour qui permit à tous les événements importants de la Révolution française et de l'ère napoléonienne de se produire, ainsi que les chaînes d'événements qu'ils ont déclenchées ; si les Français avaient perdu à Valmy, il n'y aurait très probablement pas eu de procès et d'exécution de Louis XVI ou de règne de la Terreur, ni de Napoléon Ier ou de bataille de Waterloo. Bien que tout ceci ne soit que spéculation, cela ne fait que donner raison à Goethe, en montrant à quel point la bataille de Valmy fut importante.

Quant aux vainqueurs de Valmy, Dumouriez ne tarda pas à être désillusionné par la guerre et la Révolution. Après sa défaite à la bataille de Neerwinden, il passa dans le camp des Autrichiens en 1793. Kellermann, quant à lui, non seulement resterait fidèle aux Français, mais serait nommé maréchal d'empire par Napoléon Bonaparte et anobli en tant que duc de Valmy.

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Questions & Réponses

Quelle fut l'importance de la bataille de Valmy ?

La bataille de Valmy est importante car elle sauva Paris de l'attaque d'une armée prussienne envahissante, permit à la Révolution française de se poursuivre et conduisit directement à la création de la première République française et à l'abolition de la monarchie française.

Quand la bataille de Valmy a-t-elle eu lieu ?

La bataille de Valmy eut lieu le 20 septembre 1792 entre la France révolutionnaire et une armée de coalition dirigée par la Prusse.

Qui a remporté la bataille de Valmy ?

La bataille de Valmy a été remportée par les armées de la Révolution française. Leur victoire peut être attribuée au fait qu'ils tenaient les hauteurs, à leur artillerie professionnelle et à la ferveur patriotique ; la défaite des Prussiens peut être attribuée au mauvais temps, au mauvais moral et au fait qu'une grande partie de leur armée souffrait de dysenterie.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2022, octobre 03). Bataille de Valmy [Battle of Valmy]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21082/bataille-de-valmy/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Bataille de Valmy." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 03, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21082/bataille-de-valmy/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Bataille de Valmy." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 03 oct. 2022. Web. 20 avril 2024.

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