Bartholomew Roberts

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 septembre 2021
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Disponible dans ces autres langues: anglais, afrikaans
Bartholomew Roberts from Assassin's Creed IV: Black Flag (by Ubisoft, Copyright, fair use)
Bartholomew Roberts dans Assassin's Creed IV : Black Flag
Ubisoft (Copyright, fair use)

Bartholomew Roberts, alias "Black Bart" Roberts (c.1682-1722), était un pirate gallois et l'un des plus grands criminels de l'âge d'or de la piraterie. Roberts pilla plus de 400 navires des deux côtés de l'Atlantique au cours de sa tristement célèbre carrière de trois ans, bien plus que tout autre pirate de l'époque.

Connu pour sa garde-robe tape-à-l'œil, ses drapeaux Jolly Roger provocants et son sens aigu de la discipline, "Black Bart" Roberts commandait l'un des plus puissants navires pirates, le Royal Fortune, qui comptait au moins 40 canons. Désireux d'éviter la corde du bourreau que tant d'autres pirates ont sentie leur chatouiller le cou, Roberts fut abattu d'une balle dans la gorge en résistant à sa capture par les autorités anglaises en 1722.

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Débuts de carrière

Roberts naquit dans le comté de Pembroke, au Pays de Galles, en 1682, son véritable prénom étant John. John Roberts prit la mer vers l'âge de 13 ans et devint un grand gaillard basané et usé par les intempéries, ce qui lui vaudra plus tard le surnom de "Black Bart" Roberts (ou "Black Barty"). Une autre origine de ce surnom est que Roberts torturait souvent ses captifs, surtout les Français, pour savoir exactement où ils gardaient leurs objets de valeur. Lors d'un épisode notoire, en octobre 1720, Roberts ordonna à ses hommes de couper les oreilles d'un groupe de captifs hollandais, certains furent pendus et leurs corps utilisés comme cibles. Quoi qu'il en soit, "Black Bart" Roberts fit certainement honneur à son nom.

LE CAPITAINE ROBERTS se vengea très vite en lançant UNE ATTAQUE CONTRE LE FORT DE L'ÎLE DES PRINCES ET Le RASa, AINSI QUE LA VILLE VOISINE.

Tout jeune homme, Roberts servit comme second sur le Princess of London, un navire négrier qui naviguait entre la côte de l'Afrique de l'Ouest et Londres. Puis, en février 1720, il rejoignit, de gré ou de force, l'équipage du pirate gallois Howell Davis qui avait capturé le Princesse. C'est à ce moment-là que Roberts changea son nom de baptême en Bartholomew afin de rendre plus difficile la découverte de son identité par les autorités. Lorsque Davis mourut lors d'un engagement avec les autorités portugaises sur l'île de Principe au large de la côte ouest-africaine, Roberts fut élu par l'équipage pour prendre la relève. Le capitaine Roberts se vengea très vite en lançant une attaque sur le fort de l'île des Principe et le rasa ainsi que la ville voisine.

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The Spanish Main and Caribbean Pirate Havens  c. 1670
Les ports pirates de la Tierra Firme et la mer des Caraïbes vers 1670
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Le fléau de l'Atlantique

Roberts sillonna l'océan Atlantique, pillant les navires au large de l'Afrique de l'Ouest, dans les Caraïbes, au large du Brésil, et le long de la côte est de l'Amérique du Nord jusqu'à Terre-Neuve où il sema la pagaille dans les flottes de pêche. Loin de se limiter à un seul navire, Roberts capturait souvent des flottes entières, comme les 11 navires qu'il prit au large de la côte ouest-africaine en janvier 1722. Il demanda aux capitaines de ces navires négriers une quantité d'or pour récupérer leurs navires, or qui était destiné à l'achat d'esclaves. L'un des capitaines ayant refusé, Roberts recouvrit son navire de goudron et le brûla pour en faire une épave. Le pirate ignora totalement les 80 esclaves qui se trouvaient encore dans la cale du navire. Roberts utilisait les renseignements locaux, capturait des marins pour obtenir des informations sur des flottes particulières et utilisait diverses ruses comme le fait d'arborer le drapeau d'une nation précise pour approcher une cible. Roberts n'était pas toujours intéressé par le simple pillage. Dans les îles du Vent, en 1720, il mit le feu à une multitude de navires au port pour se venger de la pendaison récente de frères pirates à Saint-christophe.

Roberts justifia lui-même sa vie de crime odieux:

Qu’obtient-on par un travail honnête ? De maigres rations, de bas salaires et un dur labeur. Chez nous, c’est l’abondance jusqu’à plus faim, le plaisir et les aises, la liberté et la puissance; comment balancer si l’on fait le compte, quand tout ce qu’on risque dans le pire des cas, c’est la triste mine que l’on fait au bout de la corde. Une existence courte mais bonne sera ma devise..

(frontispice, Cordingly & Falconer)

Roberts était un meneur d'hommes charismatique et, plus important encore, il réussit avec brio à acquérir des butins à partager avec eux. Il fut cependant victime d'une mutinerie en 1720, lorsqu'un lieutenant, Walter Kennedy (pendu en 1721), s'enfuit avec deux navires qu'il avait capturés. Curieusement, Roberts ne buvait jamais d'alcool, sa boisson préférée n'étant rien de plus que du thé.

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Pirate Flag of Bartholomew Roberts
Le Jolly Roger de Bartholomew Roberts
Orem (CC BY-SA)

Drapeaux Jolly Roger de Roberts

Le capitaine Roberts avait l'habitude de se déguiser pour son rôle de pirate extraordinaire de l'histoire, et il devint célèbre en portant des soies rouge vif au combat. Selon le célèbre ouvrage de pirates intitulé Histoire générale des plus fameux pyrates, compilé dans les années 1720 par Charles Johnson/Daniel Defoe, Roberts se rendait au combat avec style:

Roberts était vêtu d'un riche gilet et d'une culotte en damas cramoisi, d'une plume rouge à son chapeau, d'une chaîne en or autour du cou, à laquelle était accrochée une croix en diamant, d'une épée à la main et de deux paires de pistolets accrochés au bout d'une fronde en soie jetée sur ses épaules, selon la mode pirate.

(243)

L'amour de Roberts pour les accessoires de sa garde-robe écarlate était tel que les Français le surnommèrent "le joli rouge". Roberts était connu pour faire flotter, entre autres, le drapeau à tête de mort sur sa flotte de navires et ce drapeau devint plus généralement connu sous le nom de "Jolly Roger" pour son association avec Roberts (bien qu'il existe de nombreuses autres théories sur l'origine du nom "Jolly Roger").

BARTHOLOMEW ROBERTS PrIT UN malin PLAISIR À PENDRE LE GOUVERNEUR DE LA MARTINIQUE À SA VERGUE.

Le drapeau Jolly Roger le plus célèbre de Black Bart Roberts le représentait buvant une coupe de vin avec un squelette ou un diable tenant une lance enflammée. Les pirates n'hésitent pas à faire un peu d'autopromotion, et la bannière personnelle de Roberts le montre avec une épée et debout sur deux crânes. Sous les crânes se trouvent les lettres ABH et AMH, signifiant qu'ils représentent les têtes décapitées des gouverneurs de la Barbade et de la Martinique respectivement ("A Barbadian Head" et "A Martiniquan Head"), qui envoyèrent tous deux des navires à la poursuite de Roberts.

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Le Royal fortune

Contrairement à la plupart des pirates, qui préféraient un navire légèrement armé, petit mais rapide et à faible tirant d'eau comme un sloop, Roberts commandait un grand navire armé de 42 canons (ou 52 selon certaines sources), le Royal Fortune. Roberts avait gravi les échelons, capturant des navires toujours plus grands et mieux armés au cours de ses années de piraterie, réutilisant le nom de Royal Fortune à plusieurs reprises. Ce plus célèbre Royal Fortune était un navire de guerre français construit vers 1697 à Bayonne. Roberts s'en saisit dans les eaux des Caraïbes, près de la Martinique, le pirate ayant une flotte de plusieurs navires à sa disposition. En prime, à bord à ce moment-là et donc fait prisonnier, se trouvait rien de moins que le gouverneur de la Martinique. Roberts détestait toute autorité et les tentatives persistantes de le traduire en justice et ce fut donc avec grand plaisir qu'il pendit le gouverneur à la vergue, du moins selon le récit donné par Johnson/Defoe dans Histoire générale des plus fameux pyrates.

Le Royal Fortune, bien armé et gréé en carré, permettait à Roberts d'échanger des bordées avec tout navire envoyé contre lui. Une victime danoise d'une attaque de Roberts donna la description suivante du Royal Fortune et de son armement:

Le navire de Roberts est armé d'environ 180 hommes blancs et d'environ 40 nègres créoles français et est armé de 12 canons de huit livres, 4 canons de douze livres, 12 canons de six livres, 6 canons de huit livres [en bronze] et 8 canons de quatre livres; et sous son mât principal et son mât avant, il a 7 canons, de deux et trois livres, et 2 canons pivotants sur le mât d'artimon.

(Konstam, The Pirate Ship, 24)

Roberts dut bientôt abandonner son Royal Fortune français, probablement parce que la coque était irréparable après avoir été rongée par les créatures marines des tropiques pendant une décennie. À partir du début de 1721, il navigua sur l'Onslow, un navire de la Compagnie Royale d'Afrique. Il fut rebaptisé Royal Fortune (le quatrième et dernier des navires de Roberts portant ce nom) et, en supprimant les cloisons internes qui n'étaient plus nécessaires pour séparer les cargaisons, on créa de l'espace pour 40 canons. Les superstructures avant et arrière furent également supprimées pour rendre le navire plus léger, plus rapide et plus maniable. L'espace supplémentaire sur le pont permettait également de transporter plus de canons.

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Articles de pirates de Black Bart Roberts

Il n'était pas rare que les capitaines pirates établissent une liste de règles pour leur équipage, connue sous le nom de chasse- partie du navire. Chaque homme était obligé de signer (en laissant sa marque s'il ne savait pas écrire) un tel document et de jurer son obéissance à ces règles. Les règles de Roberts furent réunies par Johnson/Defoe à partir du témoignage d'anciens membres d'équipage et présentées dans son bottin mondain des pirates. Les règles auxquelles l'équipage devait se conformer contiennent des directives prévisibles telles que:

Garder leurs pièces [mousquet, etc.], pistolets et coutelas propres et en état de servir.

Aucun garçon ou femme n'est autorisé. Si un homme est surpris à séduire une femme et à l'emmener en mer, déguisée, il sera condamné à mort.

Abandonner le navire ou ses quartiers en pleine bataille est puni de mort ou d'abandon sur une île déserte ou un petit bateau sans provisions.

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Certains points illustrent l'équité et l'égalité relatives entre les membres de l'équipage:

Chaque homme a une voix dans les affaires du moment, a un droit égal aux provisions fraîches ou aux liqueurs fortes, à tout moment saisies, et peut en user à son gré, à moins qu'une pénurie ne rende nécessaire, pour le bien de tous, de voter une période d'austérité.

Il y a ensuite des points plus surprenants à considérer pour une bande de coupe-gorges, tels que :

Personne ne doit jouer aux cartes ou aux dés pour de l'argent.

Les musiciens doivent se reposer le jour du sabbat. (211-212)

Bartholomew Roberts
Bartholomew Roberts
Benjamin Cole (CC BY-NC-SA)

Décès

Le pirate notoire, comme il l'avait lui-même prédit, ne devait connaître qu'une très courte carrière criminelle. En février 1722, Roberts et son équipage étaient à bord du Royal Fortune, ancré au large du Cap Lopez, au Gabon, après avoir passé la nuit précédente à faire la fête pour célébrer leur dernière série de captures. Roberts fut tué le 10 février à bord de son navire après un engagement prolongé avec la frégate de la Royal Navy HMS Swallow commandée par le capitaine Challoner Ogle (1681-1750) qui recherchait Roberts depuis plusieurs mois. Une tempête tropicale commençait à souffler et les deux navires avaient tenté toute les manœuvres possibles pour prendre l'avantage sur l'autre. Alors que les deux navires passèrent à proximité l'un de l'autre, Roberts fut mortellement touché à la gorge par de la mitraille tirée par l'un des canons du Swallow. Le corps du capitaine déchu fut jeté par-dessus bord par ses hommes, comme il leur avait souvent demandé de le faire dans une telle éventualité, afin que les autorités ne le prennent pas et ne le pendent pas en public.

Les hommes d'Ogle l'emportèrent après une bataille de trois heures, et 268 pirates furent capturés. Les équipages de Roberts comprenaient souvent d'anciens esclaves, soit libérés de navires négriers capturés, soit des évadés de plantations coloniales qui s'étaient portés volontaires pour une vie de piraterie. 77 esclaves noirs africains qui avaient combattu comme pirates furent capturés par le capitaine Challoner, et furent tous renvoyés en esclavage. Jugés et reconnus coupables de piraterie et de meurtre, 52 des pirates de l'équipage de Roberts furent pendus devant les murs du château de Cape Coast, en Guinée. Il s'agit de la plus grande exécution publique de pirates de l'âge d'or de la piraterie. Vingt autres hommes furent condamnés aux travaux forcés en Afrique de l'Ouest, une autre forme de condamnation à mort puisque très peu survivaient longtemps dans ces colonies pénitentiaires. Le capitaine Ogle, quant à lui, fut fait chevalier pour ses efforts et termina sa carrière avec le grade d'amiral.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2021, septembre 07). Bartholomew Roberts [Bartholomew Roberts]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19971/bartholomew-roberts/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Bartholomew Roberts." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 07, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19971/bartholomew-roberts/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Bartholomew Roberts." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 sept. 2021. Web. 24 avril 2024.

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