Commios

Définition

Ludwig Heinrich Dyck
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 12 juillet 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol
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Coin of Commius (by The British Museum, CC BY)
Pièce de Commios
The British Museum (CC BY)

Commios était un noble atrébate pendant la Guerre des Gaules de Jules César (58-50 avant J.-C.) qui, d'allié romain, devint un ennemi indomptable. En tant que roi des Atrébates, Commios servit César en Britannia (Bretagne insulaire) et en Gaule de façon remarquable avant de devenir l'un des principaux chefs de la résistance en 52 avant notre ère.

Commios commanda la cavalerie gauloise lors de la bataille décisive d'Alésia. Bien que vaincu, il poursuivit le combat contre Rome. Traqué par les Romains, Commios s'enfuit en Bretagne insulaire en 50 avant J.-C.. Il y fonda une nouvelle dynastie en tant que roi des Atrébates qui avaient immigré sur l'île.

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Allié de Rome

En 57 avant J.-C., Caius Jules César (100-44 avant J.-C.) vainquit la coalition tribale des Belgae, composée des Nervii (Nerviens), des Atrébates et des Viromandui (Viromanduens), lors de la bataille de Sabis. Il installa ensuite Commios en tant que nouveau roi des Atrébates. César avait une grande confiance en Commios qui le servit loyalement pendant de nombreuses années. Deux ans après la bataille de la rivière Sabis, César avait soumis toute la Gaule, à l'exception de quelques petites résistances le long de la côte des tribus Belgae et en Aquitania (Aquitaine protohistorique) . Après avoir anéanti les tribus germaniques qui tentaient d'émigrer en Gaule au printemps 55 avant J.-C., César se prépara à punir les tribus bretonnes pour avoir aidé les Gaulois.

Il est possible que Commios ait pris part aux raids de représailles, César ayant fait hiverner toute son armée parmi les fastidieux Belgae.

Lorsqu'elles eurent vent de l'intention de César par l'intermédiaire de commerçants transmanche, les tribus bretonnes décidèrent d'envoyer des émissaires. César reçut des otages de la part des émissaires et, en retour, accepta de résoudre les problèmes à l'amiable. Commios devait accompagner les émissaires jusqu'en Britannia et faire part à tous de la bonne volonté de César. Cependant, à leur arrivée, Commios et son entourage furent faits prisonniers par les Bretons et furent jetés aux fers.

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La flotte de César débarqua sur les côtes de Bretagne insulaire vers la fin du mois d'août. L'armée romaine surmonta la résistance farouche des Bretons qui s'étaient rassemblés pour s'opposer au débarquement. Apparemment intimidés, les Bretons demandèrent la clémence de César et souhaitèrent rétablir de bonnes relations. César accepta à la condition que Commios soit libéré. Commios fut libéré mais une tempête s'abattit sur la flotte de César et retarda l'arrivée de la cavalerie romaine. La malchance des Romains raviva le moral des Bretons qui reprirent les hostilités. César répara sa flotte et vint au secours de sa septième légion qui était tombée dans une embuscade alors qu'elle ramassait du grain dans la campagne. Les Bretons attaquèrent ensuite le camp de César sur le rivage mais furent à nouveau vaincus. Commios et ses 30 cavaliers étaient au cœur de l'action, aidant les légions romaines à repousser les Bretons et les harcelant dans leur fuite. Les Bretons proposèrent la paix et César accepta car il était trop tard dans la saison pour une grande campagne de conquête.

Le débarquement de César en Gaule fut opposé par les rebelles morins. Comme Commios était revenu avec César, le roi des Atrébates pourrait bien avoir participé aux combats qui furent nécessaires pour éloigner les Morins du site de débarquement. Commios peut également avoir pris part aux raids de représailles lorsque César fit hiverner toute son armée parmi les fastidieux Belgae.

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Gallic Wars
Les Guerres des Gaules
The Creative Assembly (Copyright)

Au début de l'été 54 avant J.-C., César entreprit sa deuxième invasion de la Bretagne. Il franchit la Tamise et pénétra sur le territoire des Catuvellauni, dont le roi Cassivellaunos dirigeait la résistance aux Romains. Réduit à des tactiques de harcèlement, Cassivellaunos ne parvint pas à arrêter l'avancée romaine. Lorsque les Trinovantes passèrent du côté romain et que ses alliés cantii faiblirent, Cassivellaunos demanda la paix. César accepta la reddition de Cassivellaunos. Des nouvelles de troubles chez les Belgae obligèrent César à retourner sur le continent. Avec Commios en intermédiaire, Cassivellaunos dut donner des otages, payer un tribut et s'abstenir d'attaquer Mandubracios, roi des Trinovantes.

De l'automne 54 avant J.-C. au printemps 53 avant J.-C., les tribus belgae combattirent César dans une tentative désespérée mais infructueuse de se débarrasser de l'occupant romain. Alors que César écrasait les tribus belgae, Commios était toujours fidèle à Rome. Le roi des Atrébates se vit confier un peu de cavalerie pour surveiller la tribu des Ménapes fraîchement soumise.

La résistance gauloise

Au cours de l'hiver 53/52 avant J.-C., une rébellion encore plus importante se préparait en Gaule celtique. Les terres et les populations avaient été dévastées et des centaines de milliers de personnes avaient été tuées par la guerre et la famine. Les misères infligées aux populations alimentèrent leur haine de Rome. Les chefs se réunirent pour élaborer des plans sur la meilleure façon de vaincre les oppresseurs. Parmi eux se trouvait Commios. Pour ses services exemplaires, César avait accordé à la tribu de Commios, les Atrébates, une exemption d'impôts, leur avait permis de conserver leur indépendance politique et leur avait accordé la suzeraineté sur les Morins. Malgré tout cela, les difficultés de ses compatriotes gaulois avaient atteint un tel degré de désespoir que Commios se retourna contre César. César était alors en Italie et séparé de ses légions en Gaule. C'était le moment de frapper. Cependant, un espion informa Titus Labienus, l'éminent général de César resté en Gaule, du soulèvement qui se préparait. Labienus apprit aussi que Commios faisait partie des conspirateurs.

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Labienus ordonna à Caius Volusenus, un commandant vétéran qui avait exploré les côtes de la Britannia, de tuer Commios.

Labienus ordonna à Caius Volusenus, un commandant chevronné qui avait exploré les côtes de Bretagne insulaire, de tuer Commios. À la tête d'un groupe de centurions, Volusenus se rendit au domicile de Commios. Commios était avec des amis et ne savait pas que les Romains avaient été informés de sa trahison. En saisissant la main de Commios, Volusenus donna aux centurions le signal de l'attaque. Une épée romaine fendit le crâne de Commios. La tête en sang, il tituba en arrière et s'effondra dans les bras de son ami. Bien que les lames aient été tirées, les deux camps n'avaient pas encore engagé le combat. Les Gaulois voulaient éviter un combat au cas où d'autres Romains arriveraient. Les Romains, quant à eux, pensaient que Commios était fichu. Volusenus et ses centurions s'en allèrent. Commios, cependant, se remit, jurant " de ne plus jamais se trouver en présence d'un Romain " (César, Guerre des Gaules, 8. 23).

Au milieu de l'année 52 avant J.-C., la rébellion gauloise atteignit son apogée. Presque toutes les tribus s'étaient révoltées sous le règne du roi Vercingétorix et moins d'une poignée restait fidèle à César. Cependant, près de Dijon, César repoussa l'attaque de la cavalerie de Vercingétorix contre ses légions en marche. César bloqua le roi gaulois à Alésia grâce à un double anneau de fortifications. De toute la Gaule, une gigantesque armée de secours vint à la rescousse de Vercingétorix. Commios, qui était l'un des principaux commandants, contribua à convaincre les Bellovaques. Bien qu'ils préféraient combattre les Romains en leur temps et à leur manière, les Bellovaques envoyèrent davantage de troupes en signe d'amitié envers Commios.

Reconstruction of the Rampart of the Circumvallation, Alesia
Reconstruction des remparts d'Alésia
Carole Raddato (CC BY-SA)

En arrivant à Alésia assiégée, Commios envoya la cavalerie gauloise affronter la cavalerie de César. Les combats allaient et venaient dans la plaine sous le plateau de la ville fortifiée. Pendant un moment, il semblait que l'issue pouvait aller dans un sens ou dans l'autre jusqu'à ce que la cavalerie germanique de César ne finisse par renverser la situation. Les Germains mirent en déroute la cavalerie de Commios, puis décimèrent ses archers. Les tentatives ultérieures de l'infanterie gauloise de percer le blocus de César ne furent pas plus concluantes. Vercingétorix se rendit, scellant ainsi le sort de la résistance gauloise.

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Une résistance continue

Les Gaulois n'en restèrent pas moins défiants. Des rumeurs circulèrent selon lesquelles de nombreuses tribus étaient prêtes à se rebeller simultanément sur tout le territoire dans le but de submerger la capacité de réaction des Romains. Pour éviter que cela ne se produise, César attaqua en premier, détruisant les Bituriges et les Carnutes. Le soulèvement le plus sérieux, cependant, fut celui des Bellovaques, menés par leur chef Correus et par Commios l'Atrébate. Quatre légions et la cavalerie auxiliaire des tribus alliées avancèrent contre les insurgés. Commios réussit à obtenir 500 renforts de cavalerie des tribus germaniques, ce qui contribua à remonter le moral des Gaulois. Après des escarmouches de cavalerie et un long face-à-face entre les camps gaulois et romain, Correus s'inclina dans un dernier combat héroïque. Commios, une fois de plus, fit faux bond aux Romains et s'échappa vers ses alliés germaniques de l'autre côté du Rhin.

Tout au long de l'année 51 avant J.-C., César continua à éteindre les dernières lueurs de la résistance gauloise et punit davantage les tribus qui le défièrent le plus. César traita avec honneur les chefs qui lui restèrent fidèles. Seul Commios poursuivit la lutte contre Rome. Réduit au banditisme, il attaquait les colonnes de ravitaillement romaines. Alors que l'année touchait à sa fin, les légions rejoignirent leurs quartiers d'hiver. La légion stationnée chez les Atrébates était commandée par Marc Antoine (83-30 avant J.-C.). À la suite d'une escarmouche entre Commios etplusieurs hommes. de cavalerie romaine, Antoine décida de traquer Commios pour de bon. Antoine avait justement l'homme de la situation, puisque Volusenus était attaché à la légion d'Antoine en tant que commandant de cavalerie.

Mark Antony
Marc Antoine
Panagiotis Constantinou (CC BY-NC-SA)

Volusenus réussit à tendre une embuscade à Commios et à la cavalerie qui l'accompagnait. La première réaction des Gaulois fut de fuir, mais Commios rassembla ses hommes et riposta à la cavalerie romaine qui les poursuivait. Prenant la fuite à la vue des Gaulois enragés, les Romains devinrent les poursuivis. Ayant rattrapé le cheval de Volusenus, Commios planta sa lance dans la cuisse de Volusenus. Leur chef étant en péril, la cavalerie romaine fit demi-tour et fit face aux Gaulois qui la poursuivaient. Les Romains prirent le dessus dans la mêlée qui s'ensuivit. Une fois de plus, cependant, Commios s'échappa grâce à la vitesse de son cheval.

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La rencontre de Commios avec les Romains fut une nouvelle fois pénible et difficile. Il avait subi une autre blessure, et pendant un moment, il sembla qu'elle serait fatale. Commios finit par renoncer à combattre les Romains. Il envoya des otages à Antoine et demanda la paix. La seule condition de Commios était qu'il ne devait pas se trouver en présence de Romains. Les deux parties acceptèrent et, pour l'instant, respectèrent les conditions.

Bretagne insulaire

Bien qu'elle ne soit pas mentionnée dans la Guerre des Gaules de César, la trêve entre Commios et la République romaine semble avoir été rompue en 50 avant Jésus-Christ. Selon les Strategemata de Frontinus, César poursuivit Commios qui s'enfuit vers les côtes de la Manche. Bien que les vents aient été favorables, la marée était basse. Les navires que Commios comptait utiliser pour sa fuite s'étaient échoués sur les côtes. Commios ordonna de déployer les voiles sans tenir compte de la marée. La configuration du terrain empêchait César, qui était encore loin du rivage, de voir que les bateaux étaient toujours à terre. Tout ce qu'il pouvait voir, c'était les voiles gonflées par le vent. César supposa que Commios lui avait échappé et abandonna la poursuite.

En Bretagne, Commios s'allia à Cassivellaunos. En l'absence de garnisons romaines en Bretagne, Cassivellaunos s'était affranchi des obligations du traité romain. A en juger par les pièces locales frappées à son nom, Commios semble être devenu le roi d'une branche des Atrébates qui s'était installée au sud de la Tamise moyenne.

Britain's First Inscribed Coins
Premières pièces gravées de Bretagne
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Le fils et successeur de Commios, Tincomarus, rétablit des relations amicales avec Rome et profita du commerce transmanche. Cependant, au cours de la première décennie du 1er siècle de notre ère, Cunobelinos, petit-fils de Cassivellaunos, s'avança dans le territoire des Atrébates. Tincomarus fut exilé de son royaume. Dans un retournement de l'ironie historique, le fils du chef de la résistance gauloise, Commios, s'enfuit à Rome pour y trouver protection.

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Questions & Réponses

Qui était Commios?

Commios était un Atrébate qui a servit César en Bretagne et en Gaule avant de devenir l'un des principaux chefs de la résistance gauloise en 52 avant notre ère. Vaincu, Commios s'enfuit en Bretagne en 50 avant J.-C., où il fonda une nouvelle dynastie en tant que roi des Atrébates qui avaient immigré sur l'île.

Quel rôle Commios joua-t-il à la bataille d'Alésia ?

Commios était l'un des principaux commandants et il réussit à rallier les Bellovaques à sa cause. À Alésia, Commios envoya la cavalerie gauloise pour affronter la cavalerie de César mais fut finalement vaincu.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Ludwig Heinrich Dyck
Né en Allemagne, Ludwig H. Dyck est devenu citoyen canadien grâce à la citoyenneté de son père. Depuis sa première publication en 1998, Dyck a collaboré avec de nombreux magazines d'Histoire très populaires aux États-Unis. Son premier livre est "The Roman Barbarian Wars".

Citer cette ressource

Style APA

Dyck, L. H. (2022, juillet 12). Commios [Commius]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20921/commios/

Style Chicago

Dyck, Ludwig Heinrich. "Commios." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 12, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20921/commios/.

Style MLA

Dyck, Ludwig Heinrich. "Commios." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 juil. 2022. Web. 14 mai 2024.

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